XV- Du premier éclat 2/2

5 minutes de lecture

"-Je suis l'apprenti du Chevalier Rollon, je viens apporter mon ai. J'ai tenté de dire devant le commandant qui s'approchait de moi en contournant la table

- Qu'est-ce que j'en ai à faire du Chevalier ? C'est de lui que l'on aurait besoin, la bataille est perdue d'avance, Elk va tomber, et avec elle le reste du Royaume. Un Chevalier garant du Royaume qu'il disait, hein ? Mon cul !

- C'est justement parce qu'il ne peut être là qu'il m'envoi ! j'ai répondu face à la certitude défaitiste du commandant. Mais cela n'a pas suffi.

- Toi, gringalet ? Et tes vingt pécores qui savent à peine tenir une arme ? Il faudrait les entrainer les petits mais nous n'avons plus ce temps ! Le commandant finissait de dire cela lorsqu'il s'arrêta devant moi, à deux pas. Il était grand de plus de deux mètres, j'étais tout petit à côté de lui. Et si j'avais été impressionné par la largeur de ses épaules et son buste gigantesque, le reste de son corps était muscle et sculpture titanesque. Le commandant n'était pas un simple soldat, il était une force de la nature capable de bouger des montagnes à lui tout seul. Bouge de là, retourne auprès de ta mère jouer aux chevaliers et princesses !"

Il termina là-dessus en pointant du doigt la porte. Elle se trouvait derrière nous. Entre elle et nous se trouvaient en plus une dizaine d'autres soldats qui riaient de notre ridicule.

Sauf que je ne pouvais accepter ce fait. Un tourbillon virevolta en moi et j'en sortie une détermination indéfectible. Je ne savais toujours pas ce que je faisais ici, dans ce monde. On m'avait prêté un pouvoir immense contre le rétablissement d'un soi-disant Equilibre. On m'avait parlé de la guerre, des ravages de la Terre d'È. On m'avait fait apprenti Chevalier. Sans une sérieuse préparation on m'avait projeté dans la vie à prendre des décisions. Je ne savais toujours pas sur quelle balance du destin j'étais le poids supérieur. Une chose devenait certaine cependant. J'allais arrêter de me faire marcher dessus !

Un vent phénoménal pénétra dans la taverne, la porte d'entrée claqua en s’ouvrant et pour une seconde fois en se fermant. Le vent fit s'éteindre toutes les bougies, une autre lumière illuminait la pièce, elle venait de moi. Mon corps se mis à rougir, rougir, mes veines devenaient feu et se voyaient au travers de ma peau et de mes vêtements. Mes pieds quittaient doucement le sol sous l'impulsion du vent qui se concentra sous moi. Et je pris la parole. J'avais une voix sombre, caverneuse, noire et obscure et elle s'entendait dans les esprits de chacune des personnes présentes. En fait non, je parlais normalement et une voix me seconda dans la tête des gens. Nos paroles étaient néanmoins dans une harmonie pure.

"Silence ! Silence ! Imprudent... tu es imprudent de refuser toute l'aide que tu peux avoir... Imprudent de juger par ton ignorance... Imprudent. Je peux être ton pire cauchemar ou ton allié ultime dans la bataille. Je peux être une bête de l'Enfer comme tu le vois ou un être de lumière. Je laissais là un petit silence de circonstance, ma forme ne bougeait et restait sous la forme d'un être de l'Enfer. Imprudent. La bataille n'est pas jouée, tout reste à faire. Je suis ! Je suis l'apprenti Chevalier de Rollon ! Toi et moi ! Toi et moi, commandant ! Nous guiderons les soldats de Elk contre l'armée du Royaume d'Arl. Et la victoire sera nôtre !"

Après quoi je rétablissais la taverne comme avant, les bougies se rallumèrent les unes après les autres et le vent disparu en me laissant retoucher terre délicatement. Mon corps reprit à la fin son aspect humain. Le commandant, le seul que je regardais durant toute cette scène, avait blanchi du visage, il n'avait pas reculé de sa position, l'honneur lui revient, mais il semblait s'être affaissé sur lui-même en me regardant m'élever. De retour à ma position initiale, je le voyais moins imposant et surtout moins fermé.


 Devant la stupéfaction de tout le monde, du silence absolu tout autour de moi, je brisais la glace en posant la question sur un ton étonnamment normal :

"Alors, que faisons-nous, commandant ?"

Celui-ci ne réagit qu'après l'injonction de son grade mais il fallut une seconde, voire deux, avant qu'il n'ouvre la bouche. Puis encore une autre seconde avant qu'un son audible en sorte.

"Qu'est-ce qu.

- J'ai pas le temps pour ces questions ! Quels sont vos plans pour le siège ? Où puis-je prêter main-forte ? Et mes recrues ?

- Qu. Quoi ?

- Ouhou ! Fis-je en secouant une main devant ses yeux qui me regardaient, perdus. Il tendit le bras et un doigt en ma direction, lentement, trop lentement. Je riais intérieurement de cette situation délicieuse. Allez ! On retrouve ses esprits !

- D'accord ! Fit le commandant, enfin, lorsque la lumière de ses yeux reparut. Vos. Vos hommes peuvent aller sur la porte est, nous attendons l'armée d'Elec d'une minute à l'autre.

- Non. Je fis avec un large sourire, le sourire de la victoire. L'armée est en déroute, elle est repartie chez elle.

- Comment cela ?

- Le Chevalier Elec est mort lors d'un duel. L'armée n'ayant plus de commandant rebrousse chemin.

- Excellente nouvelle !! Fit le commandant. Un rayon de clarté passa sur son visage. Alors tout le monde sur le mur sud. L'assaut peut venir n'importe quand. Nous feriez-vous l'honneur de.

- J'ai pas le temps pour les formalités ! La guerre n'attend pas ! Je coupai le commandant, j'avais une assurance du tonnerre à cet instant précis et j'avais quelques petites rancœurs à faire passer.

- Alors...

- Oui ?

- Accepteriez-vous mes plus plates excuses ?

- J'ai pas le temps ! Je fis en lui tournant le dos. Au mur ! J'ordonna à mes recrues qui avaient accepté plus rapidement ce qu'elles venaient de voir que le reste des soldats présent dans la salle.

- Mais.

- Vous présenterez ce que vous voudrez au Chevalier Rollon. Moi je n'en ai rien à carrer !"

Je prenais un risque majeur de me payer la tête des soldats de Elk. Peut-être allaient-ils être mon salut plus tard. Je plaçais beaucoup d'espoir sur la sensation que je venais de donner au commandant et au commandement dans la taverne. Et je ne vous parle pas de la tête du tavernier, au fond de la salle, derrière son bar, qui était là depuis le début.

Quand nous nous sommes mis en route, les soldats se sont tous poussé dans un mouvement vif et parfait et je suis sorti du bâtiment en dernier.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Fr Anastacio ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0