XXII- De la séparation 1/2

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 Après être sorti de la cour devant la taverne au pas, je constatais que le Chevalier Rollon et mon père qui menaient notre petite troupe n'accéléraient pas la cadence. Au contraire ils avaient rapprochés leurs chevaux l'un contre l'autre et semblaient discuter de vive voix. J'étais derrière eux et je me suis tenté de me rapprocher. Le Chevalier Nonn était à côté de son frère derrière moi et Harlan fermait la marche.

"Nous sommes d'accord ? Nous allons au village de Fyl pour acheter des tenues appropriées puis nous nous séparons en deux ? Dit mon père qui semblait résumer les décisions que les deux chefs de troupe avaient prises.

- Je ne vois que cela à faire. J'ai peur cependant de ne pas réussir à retrouver Olvi si je ne t'emprunte pas la carte.

- Je vais en avoir besoin.

- Je sais bien. Mais tu es certain qu'il n'y a pas de chemin qui va à l'Est après Mark ?

- Ma carte est formelle !

- Est-elle sûre ?

- C'est la carte de Sylvain, j'ose penser qu'elle l'est.

- Ah. Oui, elles le sont toujours. Il était géographe avant d'être le bibliothécaire du Roi, tu le savais ?

- Bien sûr. Je lui ai demandé bien plus d'un service à cette époque."

Constatant que la discussion semblait perdre de son intérêt immédiat, je me suis tenté à les déranger là-dessus. Ma question voulait revenir sur un sujet que je ne comprenais pas.

"Une séparation ? Pourquoi devons-nous nous séparer ?

- Parce qu'on est suivi. Me répondit le Chevalier en se retournant autant pour me regarder que pour observer au-dessus de mon épaule. D'ailleurs, il est enfin sorti de l'auberge. Il finit par dire pendant que mon père m'expliquait plus en détails.

- Dans l'auberge, depuis hier soir, il y a un type qui nous épie. Il ne semble pas bien futé, il est habillé comme un forestier, long manteau gris ou vert sombre sur les épaules, capuche qui lui couvre le visage... un vrai rôdeur des temps passés. Mais bref, il est seul, donc on va se séparer en deux groupes pour notre traversée du Royaume de Elec, on se rejoindra au village frontière à l'Est.

- Si on le trouve ! Rit le Chevalier Rollon.

- On le trouvera et vous le trouverez." Rassura mon père.

Puis le Chevalier Rollon donna l'ordre d'accélérer l'allure au trot. Il fut suivi par tout le monde. Je me suis tenté un regard en arrière dans l'espoir de voir cet "espion" qui nous suivait. Il y avait bien une autre personne sur la route derrière notre groupe. Il était seul, il montait un cheval comme les nôtres et, de loin, il semblait aller à la même vitesse que nous.

Je ne m'en préoccupais plus après cela, je ne voyais pas ce que pouvait bien faire un espion, du moment qu'il restait derrière nous, visible. Un contre six, quel que soit le combat, nous l'emporterions. Je me rassurais ainsi seul en ayant tout de même observé une certaine nervosité dans les mouvements que faisaient mon père sur sa monture. Il avait laissé le Chevalier Rollon prendra la tête du convoi et nous étions à la même hauteur tous les deux.


Un moment plus tard nous arrivions à la frontière des deux Royaumes ennemis, la grande rivière Fyl qui coulait de notre gauche vers notre droite. J'estimais ainsi que la rivière devait prendre sa source dans la chaîne de montagne. Celle-là même que nous contournions de loin puisque, si j'avais bien compris la géographie de la Terre d'È et le cheminement de notre mission, notre départ se situe à peu près au niveau de la montagne principale de cette chaîne, sur son flanc ouest, et nous allions dans une vallée des grandes montagnes de l'Est par le sud. De ce fait, un obstacle de taille devait être contourné. Et notre chemin devait s'adapter aux éléments naturels telle que cette rivière d'une largeur de plusieurs dizaines de mètres.

La traversée sur le pont ne m'a paru en rien exceptionnelle alors que je m'attendais à quelque chose. C'était un peu dessus que je descendais le chemin en suivant la marche du Chevalier Rollon. Après le pont, il prit un brusque virage sur la gauche et commença à longer la rivière en dehors de la route principale. Elle était là, ma surprise, on ne cheminera pas sur la route dans une monotonie de voyage ordinaire.

Nous avons remonté le cours d'eau pendant au moins deux bonnes heures. Nous avons traversé une plaine réellement vide. Il n'y avait qu'ici ou là des grands arbres solitaires et des buissons allant sur quelques mètres, sinon une plaine verte d'herbe ou de champs en jachères d'un côté comme de l'autre de la rivière Fyl. Nos chevaux galopaient ainsi sur un terrain assez mou sur ses premiers centimètres. Une terre plus dure se trouvait néanmoins assez rapidement sous leurs sabots.

La fin de la première partie de notre voyage arrivait avec le village niché sur la rive de Fyl. Il pouvait se voir de loin étant donné le vide environnant que je viens d'évoquer. Mais finalement nous nous sommes approchés rapidement de lui. En effet, je m'étais rendu compte de cela à ce moment précis, notre vision n'allait pas si loin que cela, les champs et les plaines herbeuses coupent tout de même notre horizon par le flou qu'elles laissent au niveau de la végétation. Comme si une brume émanait de tous ces champs.

Mais je divague !


A l'approche du village, le Chevalier Rollon eut une attitude à laquelle je ne m'étais pas attendue. Il ralentit son allure et nous cria :

"Je suis bête ! Les villageois vont me reconnaître ! Et la rumeur va se répandre plus vite que nous. Je vous laisse passer. Je vous retrouve entre les arbres du bosquet là-bas, Nonn, Finn !"

Et il partit en direction des quatre arbres qu'il venait de pointer du doigt. Il s'éloignait ainsi du village en direction du sud. Au même moment, nous pénétrions dans le village d'une manière non conventionnelle. Nous longions une maison en passant très proche entre elle et la rivière dont la rive avait construit une toute petite digue de quelques centimètres de hauteur.

Nous nous retrouvions ensuite en plein cœur du village, proches des pontons où se trouvaient des pêcheurs et des séchoirs à poissons.

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