095 Le Secrétaire du Conseil Galactique
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… Et bien, l'actualité du jour est dominée par l'élection de Simon Temton au poste de secrétaire du conseil galactique, le plus haut poste des institutions humaines. Cette nomination couronne une carrière exemplaire où, à chaque étape de sa progression, il a su se montrer efficace et innovant. Grâce à lui, les petites planètes relèvent la tête, et accèdent une par une à une certaine indépendance économique. L'apparition de cet homme remarquable au sommet de nos institutions nous laisse espérer un avenir plus humain, où l'individu sera pris en compte face au grand capital. Les bourses ne s'y sont pas trompées, qui affichent une baisse importante depuis l'annonce de sa victoire...
Arthur Nitzer éteignit la télévision et, appuyé sur sa canne, clopina jusqu'à un fauteuil. Simon Temton l'observait, inquiet.
— Ta jambe te fait souffrir ?
— S'il n'y avait qu'elle ! Mais ne parlons pas de ça. Le grand jour est arrivé, tu touches enfin au but, c'est ça l'important.
— Je mesure ce que je te dois. Tu as toujours été là pour me guider et me soutenir...
Arthur Nitzer secoua la tête.
— Je n'ai fait que t'encourager, le reste c'est toi qui l'a réalisé, tout seul.
— Tu es trop modeste.
Le vieil homme ferma les yeux quelques secondes. Quand il les rouvrit, son regard se braqua sur Simon Temton.
— Vois-tu, j'ai eu deux satisfactions dans la vie. Tout d'abord, avec mon fils Vincent. Je rêvais que ce soit lui qui soit à ta place, mais ce n'était pas sa vocation. Je n'en suis plus déçu depuis longtemps. Il a su atteindre l'excellence dans son domaine, et je suis fier de lui. Et puis, il y a toi. Je t'ai suivi depuis l'université, quand tu étudiais les sciences politiques. Je croyais en toi, et tu ne m'a jamais déçu non plus. Et aujourd'hui, tu es secrétaire du conseil galactique !
— Le travail est loin d'être terminé. En politique rien n'est jamais définitivement gagné.
— C'est vrai, mais je te fais confiance. Tu as en toi les ressources nécessaires pour réussir dans ta mission. Mon rôle à moi est terminé. Je suis allé à la limite de mes forces. Désormais, je suivrai tes exploits à la télévision, dans mon bureau des « Belles roches » où je vais finir paisiblement ma vie, serein car le devoir accompli.
— Et bien, on ne peut pas dire que la victoire te rende gai !
— Détrompe-toi. Je suis heureux. Heureux, mais fatigué. De toute façon, tu n'as plus besoin de moi maintenant.
— Je vais me sentir bien seul.
— La solitude des grands hommes !
Simon Temton haussa les épaules.
— Je ne me sens pas un grand homme. Je suis un homme ordinaire, au destin extraordinaire.
— C'est bien pour ça que tu es un grand homme. On ne choisit pas son destin, on l'assume.
Blog de M. Alter PAVI, journaliste
Ainsi, il y est arrivé. Beaucoup vont dire que c'était écrit. Écrit ? mais où ? Curieuse tournure de phrase, comme si l'on pensait que l'avenir est décidé à l'avance, gravé pour toujours dans des sortes de tables de la loi, comme celles de Moïse, et que, finalement, la victoire d'un homme d'exception est « normale » parce que prévue.
A l'opposé est-il possible de penser que le destin est en réalité une suite de hasards qui vont s’enchaîner de façon heureuse ou malheureuse suivant le cas ?
Alors, monsieur Simon Temton n'aurait aucun mérite, parce que sa voie était tracée depuis longtemps ? Faux, bien sûr. Le coté "prévisible" de la réussite de Simon Temton s'exprime simplement par le fait que notre sympathique homme politique est né avec des capacités morales, qui vont lui permettre d'assumer son destin. Je voudrais insister sur le fait que le chemin est certes tracé, mais cela n'implique pas qu'il soit facile à suivre pour autant.
Prenons un autre exemple pour mieux comprendre : un sportif de haut niveau est quelqu'un né avec des gènes propices à la pratique de sa discipline, mais il a en plus besoin d'avoir le mental pour gagner. il ne remportera pas la victoire sans de nombreux et longs efforts, tout au long de sa carrière. Il va connaître des moments d'euphorie, de doute et certainement beaucoup de souffrances, même si son succès final était déjà « écrit ».
En conclusion, qu'il s'agisse du hasard ou de la destinée, la victoire est toujours le résultat d'un long chemin, que seuls les meilleurs parviennent à parcourir jusqu'au bout. Ne leur enlevons pas leur part de mérite.
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