Sable du temps

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Nicolas s'installa dans un vieux fauteuil abîmé, posa le journal sur ses genoux et continua à le parcourir. L'âtre continuait à émettre sa lumière tantôt inquiétante, tantôt rassurante. Malgré la chaleur de la pièce, il laissa échapper un frisson.

Sa compagne, encore debout, l'observait, le sourire du début de la journée à présent remplacé par une ride d'incertitude. En effet, l'effroi était-il vraiment si grisant quand vous vous retrouviez dans un manoir véritablement hanté ?

Autour d'eux tout était calme, trop calme. Si calme que l'on entendait le hululement sinistre du hibou, le croassament funèbre du corbeau et le hurlement des loups. Soudain, l'incessant, assourdissant son de l'horloge se mua en un silence sépulcral. L'air, déjà lourd, se plomba et un froid intense envahit la pièce pourtant encore chauffée par la cheminée. Le temps sembla se figer, comme si les sables du temps s'étaient immobilisés.

Cet étrange changement fit redresser la tête de Nicolas. Il observa d'abord les alentours en quête d'une probable présence, mais seul l'écho de son silence lui répondit. Il chercha alors des yeux sa femme. Lorsqu'il l'aperçut, elle aussi semblait immobile, comme prisonnière du temps. Un mince filet de brume irisée sortit de sa bouche et la teinte chair de sa peau vira peu à peu au blanc. Elle ressemblait à présent à un cadavre.

Nicolas retint son souffle un instant et fixa sa dulcinée, incrédule. Tout son instinct lui hurlait de fuir, de sauver sa peau. Or, il resta ici sans bouger.

Puis le tic tac de l'horloge retentit à nouveau. Cela dit, à la place d'un bruit régulier, on avait l'impression qu'une arythmie s'était emparée de l'objet. Elle jouait une mélodie desacordée, déréglée, aux allures d'homélie. Et sous l'étrange litanie, la statut de la jeune fille s'anima, ses pupilles arborèrent une couleur cinabre, elle bloqua un instant sur son petit ami avant d'émettre un grondement sinistre. Elle se démembra, adopta une position surhumaine et se rua vers lui dents et griffes sorties. Nicolas, délivré de sa léthargie, tenta de prendre ses jambes à son cou, mais toutes les portes se fermaient devant lui ...

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