Murmures sylvains

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Nicolas, prit au piège, était sur le point de se résigner. Il allait mourir des mains de sa femme, ici dans cette maison paumée au beau milieu de Salem. Son corps disparaitraît et on le rajouterait sur l'énorme liste des meurtres non résolus de la petite ville. Sa compagne, transformée en cadavre ambulant n'était plus qu'à quelques pas de lui. Son intarissable rugissement s'imprimait toujours plus dans sa tête. Son esprit se brouillait, ses oreilles bourdonnaient, un horrible mal de tête s'installait insidieusement sous ses tempes, sa vue s'étrécissait, sa respiration jouait staccato, son corps se paralysait. Il allait céder quand une nouvelle cantilène s'éleva dans les airs.

Comme un murmure, une berçeuse chantée à voix basse, un secret que l'on confie à l'oreille de l'autre, la mélopée lui parvint, le libérant progressivement de ses chaînes psychiques. Dans un regain d'énergie, il se concentra sur elle, sur son tempo allegro et ses ondes apaisantes. Son esprit se calma et il put recouvrer l'usage de ses membres. Il se tourna rapidement vers ce qu'il restait de sa compagne et remarqua qu'elle s'était bouché les oreilles et accroupie au sol. Elle ne criait plus, elle psalmodiait, elle chuintait. Curieux, il s'approcha de cette créature et la contempla. Enroulée dans ses genoux, elle basculait d'avant en arrière comme un enfant qui se rassure lui-même tout en continuant sa litanie. Dans un élan d'amour, il voulut tendre la main pour caresser ses cheveux mais un choeur l'en empêcha :

- Non, ne fais pas ça ! Nous avons ensorcelé la créature pour que tu puisses quitter cette pièce. Maintenant viens, rejoins-nous à l'orée de la forêt qui borde cette maison.

- Mais et ma compagne, je ne peux pas la laisser là !

- Elle est perdue, le mal la atteint ! Oui le mal qui transforme les humains en monstres s'est emparé d'elle, tu ne peux plus rien faire. Dépêche-toi, nous ne pourrons pas tenir longtemps, elle va bientôt se réveiller.

Nicolas hésita, puis se releva. Lorsqu'il fut sur le point de quitter la pièce, un nouveau silence s'abattit sur la maison. L'âtre de la cheminée ne brillait plus, les ténèbres avaient envahi toute la pièce. Nicolas tendit l'oreille. Les geignements de la créature s'étaient tûs. Il sonda la pièce à la recherche du monstre, mais en vain. Il ne voyait plus personne et ça ne le rassurait pas.

Soudain, un souffle glacé atteint son oreille, une respiration gutturale résonna dans la pièce, une aura glaçante l'entoura et le peu d'espoir qu'il avait regagné disparut. Nicolas se figea et tourna un peu la tête. Le zombie était juste devant lui ; de la bave dégoulinait de ses dents gâtées, une odeur fétide se dégageait de sa bouche, ses yeux incarnat étaient rivés aux siens. Il étouffa un cri et se baissa juste à temps pour échapper aux griffes du cadavre. Il se glissa dans l'interstice de la porte et la referma sur le bras du cadavre. Celle-ci hurla à lui déchirer les tympans et commença à frapper violemment sur le bois usagé de la porte. A ce moment, Nicolas entendit de nouveau les murmures.

- Viens ! dépêche-toi, rejoint la forêt, nous pourrons te protéger.

Sans hésiter une seule seconde, il s'élança dans le corridor sombre, talonné par la créature difforme...

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