La porte s'ouvrit quelques secondes après et trois grands et surexcités jeunes hommes sautèrent sur Maya, en criant des âneries.

Maya riait en rendant leur câlin, puis se détacha avec difficulté d'eux.

— Tout doux les gars, vous avez failli me casser avec vos muscles!

Ils rirent en cœur.

— Bon Eugénie, tu bouges ou tu restes à côté de la voiture toute la soirée !

— Ouh t'es tendue Maya l'abeille! Plaisanta Taylor en venant imiter un massage sur les épaules de Maya.

— Merci pour ce commentaire inutile Taylor. Le trajet jusqu’ici avec ma sœur s'est assez mal passé.

Eugénie choisit ce moment pour arriver.

— Oh mais qui a laissé cette empreinte de main sur cette jolie fille ? Demanda un grand brun.

— C'est moi, t'es idiot ou quoi Cameron ? Je viens de dire que l’ambiance est tendue avec ma soeur !

Ce dernier lança un méchant regard à Maya.

Taylor s'empressa de s'interposer pour alléger la situation.

— Bon entrez à la maison, installez-vous, je vais poser vos sacs à l'étage et chercher de quoi grignoter et boire !

Aaron emmena Maya dans le salon tandis que Cameron s'approcha doucement d'Eugénie.

— Est-ce que tu veux que je pose un peu de glace sur ta joue pour l'empêcher d'enfler et pour apaiser la douleur au passage, ou tu veux que je te laisse tranquille?

Eugénie sourit lentement devant la tendresse de Cameron, gêné.

— Je veux bien un peu de glace, merci Cameron.

Il sourit puis invita Eugénie du regard à la suivre jusqu'à la cuisine.

— Pose-toi sur la chaise. Et appelle moi Cam.

Il sortit une poche de glace qu'il entoura d'un torchon puis posa le tout sur la joue de l'adolescente.

— Merci, tu peux m'appeler Ninie, comme tu veux.

Il rit.

— C'est mignon comme surnoms.

— Ouais, comme moi quoi.

Elle sourit de façon insolente, ce qui surprit quelque peu Cameron.

— Ouais j'allais le dire ahah. Insolente, j'aime.

Ils sourirent, partageant un regard lourd de signification.

Sans un mot, Cameron prit Eugénie dans ses bras. Cette dernière, un peu surprise, posa la poche de glace sur la table après quelques secondes d'immobilité, avant de répondre à l'étreinte du brun. Après tout, ils se connaissaient déjà, et ce câlin leur fit un bien fou, après être apparu puis avoir disparu aussi vite dans la vie de l’un comme de l’autre.

Ce fut à ce moment-là que Taylor entra dans la cuisine pour prendre de quoi nourrir et altérer ses invités.

— Maya, ta sœur copule déjà avec Cameron, c'est limite du détournement de mineur là ! Un peu de tenue bande de porcs ! Plaisanta Taylor.

— On est tous les deux majeurs !

Les deux concernés se séparèrent en riant tandis que Maya arriva en courant.

— C'est quoi ces histoires, Cam je t'ai mis en garde de ne pas draguer ma sœur putain!

— Wow relax Maya ! T'es bien un abruti Taylor! Cam et moi on s'est déjà vu auparavant. On se faisait juste un câlin de retrouvailles.

— Quoi, comment ça vous vous êtes déjà vu? C'est quoi cette embrouille là ? S'énerva Maya.

Eugénie soupira, sentant le moment de vérité arriver, pendant que Cameron l'encouragea à raconter la raison de leur connaissance.

— Allons nous asseoir, cette histoire est un peu délicate à raconter.

Maya fronça les sourcils mais ne dit rien. Cameron prit la main d'Eugénie et se dirigea dans le salon, les deux suivis de Taylor et Maya. Aaron était resté au salon, jugeant inutile de se mêler des histoires qui ne le concernaient pas.

— Bon, Maya, tu te rappelles quand on est allé à la fête foraine il y a un an environ, avec Aaron?

Maya hocha la tête.

— Ce jour-là, t'avais décidé de faire la grande roue avec Aaron et tu m'avais demandé de vous attendre près à l'entrée du manoir hanté. Quelques minutes après que vous soyez partis, bizarrement plus personne ne faisait la queue pour le manoir, j’étais sûrement dans mes pensées et je n’avais pas entendu que l’attraction fermait après vous. J'étais donc seule, enfin c'est ce que je pensais jusqu'à ce qu'un homme d'une quarantaine d'années m'agresse et tente de m'emmener entre deux attractions pour faire quelque chose que je ne veux même pas prononcer au risque de pleurer comme une madeleine. Si j'ai pu m'en sortir sans aucun traumatisme physique, c'est grâce à Cameron qui revenait des toilettes et qui m'a entendu crier. Il m'a sauvé de cet homme, il l'a mis à terre, l'a immobilisé et a appelé la sécurité de la fête foraine. L'homme a été arrêté et je n'ai plus jamais entendu parler de lui. Après ça, Cameron a fait tout son possible pour que j'aille mieux et voulait rencontrer les personnes avec qui j'étais venue pour tout raconter mais je lui ai fait promettre, difficilement, qu'il ne devait pas en parler. Je l'ai ensuite remercié de m'avoir sauvé puis je vous ai retrouvé comme si rien ne s'était passé. Jusqu'à aujourd'hui, où tout est revenu à la surface quand on s'est vu. Alors Taylor, ce câlin était bien loin d'être un acte de drague.

Après cette explication, Eugénie lâcha une petite larme de soulagement, son secret était enfin avoué et elle se sentait plus légère. Cameron la prit de nouveau dans ses bras.

— Mais pourquoi ne jamais nous en avoir parlé ? s'exclama Aaron.

— Je ne voulais pas gâcher tes moments avec ma sœur, et puis je savais que vous alliez tout de suite vous mettre à culpabiliser de m'avoir laissée seule.

— Mais c'est le cas ! C'est de ma faute, je t'ai toujours laissée seule pour passer du temps avec mes amis ou Aaron, je suis tellement désolée Eugénie, t'avais raison dans la voiture. Je suis une horrible sœur!

— Arrête, j'étais énervée tout à l'heure, c'est faux ! T'es une bonne sœur et t'as le droit de vivre ta vie d'étudiante sans m'avoir dans les pattes. Et toi Aaron, ne t'en veux pas non plus, t'es un ange avec nous et personne ne pouvait prévoir ce qui est arrivé. Alors maintenant, venez dans mes bras et on en parle plus, on passe une bonne soirée s'il vous plaît ! conclut Eugénie.

Cameron s'écarta d'Eugénie pour laisser la place à Aaron et Maya.

Taylor regardait la scène, sentant un peu de regret de s'être comporté comme un abruti avec Eugénie l'après-midi même à la friperie, elle n’était pas aussi confiante et malicieuse qu’il ne l’avait pensé. Il comprit qu'agir de façon prétentieuse et insupportable avec les gens qu'il ne connaissait pas, pouvait beaucoup plus impacter leur vie qu'il ne le pensait. Il monta dans sa chambre précipitamment, prenant le T-shirt pour lequel il s'était chamaillé avec Eugénie plus tôt dans la journée, puis redescendit avec.

— Eh Eugénie ! T'as mérité le T-shirt, tu t'es bien battue cette après-midi à la frip et je ne le voulais même pas. Je cherchais juste à t'embêter ! Il sourit insolemment.

Elle le regarda ,surprise.

— T'es un petit con Taylor !

Elle courut dans sa direction puis lui sauta dessus, avant de lui faire un câlin pour le remercier de lui avoir donné le fameux T-shirt. Il attrapa Eugénie de justesse.

— Je savais que tu étais sous mon charme beauté, mais pas à ce point !

Il rit.

— Tais-toi abruti !