Stade, crépuscule.

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 J’y suis enfin. Devant moi la ligne blanche, la seule qui importe vraiment, effaçant par là même et sans nul doute toutes celles que j’ai franchies jusqu’alors.

Elle est là.

Elle m’attend.

Et malgré cette certitude, j’ai encore beaucoup de mal à y croire : demain matin, il me sera permis de la dépasser.

   Autorisé à glaner quelques feuilles flétries aux lauriers de la gloire, je me lancerai, non sans alarme, sur la piste ; celle qui se déroule, tranquille, sous mes regards avides.

Déjà, je la parcours.

Déjà, je la dévore.

Déjà, elle parvient à me fuir ; se réfugiant, pudique, à l’ombre d’un géant :

le Mont Olympe.


   Depuis une éternité, le très céleste Olympien n’avait été, pour moi, rien d'autre qu’un objectif inaccessible. Un point lumineux, trouant mes nuits dans le lointain, engloutissant mes vains espoirs. Aujourd’hui, ce noeud s’est tant et si bien rapproché qu’il m’aveugle et me saisit d’une juste crainte : mon passé, mon présent et mon futur s’y confondant désormais.

Combien ai-je sacrifié afin que cela m’advienne ?

Combien d’échecs ai-je endurés afin que cet instant se produise ?

Combien il me coûte de ne pas fuir.

Dès l'aube, je serai au plus près de ces idoles aux éclats stellaires, brûlant ma peau nue aux rayons de leurs exploits, m’élançant et gageant, dans la course, mes rêves d’immortalité.

J’en tremble.

Aurais-je, moi aussi, une mer pour linceul ?

   La convocation olympique, lorsqu’elle me fut adressée, m’indiquait sans ambages que ni mes années d’entraînement, ni mes efforts acharnés et mes performances bien moins que le reste, ne m’avaient valu l’honneur ; je devais tout au triste sort, au hasard implacable. Il est aveugle, à ce que l'on dit, et il frappe à tâtons ; il y a une semaine, il se jeta sur le véloce Nestor, l’inébranlable enjambée d’Arcadie, et le tint en respect. Ce champion de tout un peuple, le plus dévoué parmi les Orion et le plus bien aimé des amants de Niké, passa son tour et j’entrai sur la piste. Était-il raisonnable de prétendre pouvoir le remplacer ? Qu’aurais-je dû faire ? Pécher par humilité ?

Peu importe !

      J'ai scellé mon sort.

               Je n'y renoncerai pas !

                         Demain, j’y serai.

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