22/04/420 Premier jour de mon éveil
Ma conscience d'observateur s'éveille, privée de perception sensorielle, de mémoire épisodique, de besoins physiologiques et d’émotions. Telle une existence invisible, inaudible et intangible, mon rôle me revient instinctivement. Neutre, impartial, et obéissant au Chishiki créateur de mon retour, avec patience, une longue attente commence pour moi.
Les secondes défilent pendant que ma pensée s'égare sur le rôle d'un gardien des connaissances. Apprendre constamment, comprendre méthodiquement, mémoriser totalement, la vie d'individu jugé exceptionnel. Humains en apparence, simulant les sentiments, s'intégrer leur est facile. Cette réflexion en entraîne alors une autre sur mon Énergie Restante Activable.
Son acronyme ERA est un composé chimique complexe, originaire d'une bactérie génétiquement modifiée durant la troisième guerre mondiale. Elle s'est développée dans le flux sanguin de toutes les espèces sur Terre au fil des siècles. Sa régénération est naturelle, tout comme pour le sang. Cette idée me ramène vers ces choses plus personnelles.
Comme je suis capable de réfléchir ainsi, il devient évident que ma conscience est indemne. Cela implique une volonté de mon créateur, même si son but m'échappe encore. Par ailleurs, des informations récentes occupent ma mémoire sémantique. Ce ne sont pas mes souvenirs vécus, mais ils restent ancrés en moi.
Le continent de Férentia, le royaume d'Élidia, le village de Hanakaze... Hana... Ce nom me laisse un souvenir amer. La maison des Ashura, la chambre de Mizuki, une impression d'espoir traverse ce prénom japonais unisexe. Enfin, la date du vingt-deux luminea quatre cent vingt, jour actuel de mon éveil dans ce futur éloigné du mien.
Le temps passe lentement, dans un doute étrange qui m'assaille. Les questions s'accumulent, les réponses se font rares. Ma personnalité est simple, analytique, curieuse, adaptable. Autrefois, un individu, désormais un observateur, patient, méthodique, calme. Je le ressens enfin, un hôte, une connexion sensorielle.
Elle s'établit avec Mizuki Ashura, jeune, dynamique, ses yeux encore clos. Brusquement, comme de l'eau qu'on vide pour la remplacer, ses pensées supplantent les miennes. J'essaie de les contenir, pas par peur, mais parce que ce n'est pas naturel pour un observateur... Je lutte... C'est... C'est plus fort que moi... Impossible de...
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