Le sol est sec et granuleux, je ressens les petits cailloux sous les fesses de Shana. Autour d'elle la clairière étroite est calme. La forêt, vaste et oppressante, entoure ce lieu paisible, tandis que les rayons lunaires passent au travers du feuillage touffu. Un peu plus loin derrière elle, un petit ruisseau s'écoule et le clapotis des aquinas est audible.

Je sais qu'il s'agit de la forêt de l’Autel du Dernier Sacrifice.

Quelques pierres éparpillées jonchent le sol… Un arbre renversé couvert de mousse git à proximité. Le vent agite doucement les feuilles. Mon ERA a cette fois diminué de quinze points, mais cela est lié à la distance entre deux hôtes. C'est le facteur qui détermine le coût requis. Cependant, il est étrange que je ne puisse pas contrôler mes déplacements.

Pendant qu’elle regarde les personnes endormies près du feu de camp, Shana y jette une bûche. Ce dernier crépite vivement, tandis que la femme rousse laisse échapper un léger rire. Au loin, la mélodie des Firins qui virevoltent dans la forêt emplit les lieux comme une berceuse. Shana expire, tandis que ses pensées deviennent vives.

Karl exagère vraiment ! C’était son tour de monter la garde, mais au lieu de ça il ronfle comme un porc ! J’ai demandé à Émi, mais elle s’est directement couchée. En plus, elle a fait semblant de dormir pendant une heure ! Enfin, Alain est tellement peureux, inutile de compter sur lui !

Au-delà de sa fatigue, Shana éprouve de la colère et de la frustration. Elle saisit son pendentif, puis commence à jouer en le faisant passer entre ses doigts tel une pièce, pendant que sa lourde poitrine se soulève au rythme de sa respiration lente et contrôlée.

Je me demande si je finirai par retrouver papa, déjà quatre ans qu’il a disparu.

Elle avance ses fesses en frottant son short sur le sol, avant de pencher la tête entre ses genoux. Ses yeux fatigués se ferment, tandis qu'elle s'endort légèrement.

Maman était furieuse quand je lui ai appris mon inscription comme aventurière.

Il semble que je ne capte que les pensées de l'hôte que j'occupe, mais je ne devrais pas y avoir accès. Ce phénomène est probablement dû au fait que je conserve ma conscience. Cela explique aussi pourquoi mon Chishiki me l'a laissé, mais c'est un jeu dangereux pour lui.

Le retour d'expérience risque d'être violent.

Soudain, un reniflement suivi de branches craquant devient audible.

Shana sursaute, puis saisit son arc d'un geste vif.

Brusquement, un ours brun massif sort des fourrés et observe le groupe sans défense. Son pelage est terne, son dos voûté laisse deviner une force brute. Ses pattes avant plantées dans la terre humide, ses yeux noirs brillants fixés sur Shana.

Elle retient son souffle, son arc est bandé, la flèche prête à être décochée. Aucun tremblement, aucune peur, pas d'hésitation dans son regard.

L’ours renifle. Un grognement sourd monte de sa gorge.

J'aimerais éviter de le blesser s'il me laisse le choix !

Shana bloque sa respiration… Reste immobile, fixe sa cible.

L’ours tourne légèrement la tête vers le fourré, observe, mesure la menace, hésite.

Une brise souffle entre eux. L’ours recule lentement, puis disparaît dans les fourrés.

Shana expire d'un soulagement immédiat. Les battements de son cœur deviennent vifs…

Après un court instant, elle se calme et se rassoit près du feu de camp en fixant Karl qui n’a même pas réagi et dort comme une marmotte en hiver.

Avec ses cheveux réglisse tout frisés, Karl ressemble au chien qui rôde près du restaurant de maman.

Elle rit doucement, puis regarde Alain.

C’est bizarre d’avoir les cheveux longs pour un garçon, mais juger le physique est incorrect.

Son regard revient sur Émi.

Je n’y avais pas fait attention, mais Émi a beaucoup de taches de rousseur.

Les sensations de Shana s’estompent alors qu'une braise virevolte…

Me voilà de retour au village de Hanakaze, connecté aux sens de Linda. Cette fatigue n'est plus, je me sens en pleine forme et vraiment motivé désormais.