04h45

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Depuis la posture du viparita chakrasana, ses épaules pivotent légèrement, pendant qu'elle engage une impulsion mesurée avec ses bras. Son bassin se soulève, ses jambes se déploient vers le plafond de manière fluide. Désormais en adho mukha vrksasana, Mizuki sourit joyeusement, tandis que ses mains sont confortablement installées sur le tapis en laine.

Malgré la brise fraîche qui s'engouffre par la petite fenêtre, la chambre reste tempérée. De nombreux sons apaisants de la nature environnante bercent ce lieu paisible, qui est comme un havre de paix. Rien ne perturbe Mizuki, qui fixe le mur en chêne derrière lequel se trouve la chambre de Michel.

— J’ai hâte de commencer mon apprentissage officiel avec Yumi.

La voix de Mizuki est calme malgré son exercice, tandis que Michel adopte un ton moqueur.

— Une future herboriste en herbe !

Elle rit légèrement à ces mots, avant de reprendre son sérieux.

— Merci pour le jeu de mots, mais toi aussi tu dois être impatient que papa te forme ?

— Évidemment ! C’est à moi de prouver que je mérite d’être le futur chef de Hanakaze.

Michel affiche dans son intonation de la volonté, tandis que Mizuki éternue doucement.

— À tes souhaits.

— Merci.

— Qu'est-ce qui t'a fait éternuer ?

— Je ne sais pas, peut-être un courant d'air.

— Possible, c'est ce qui arrive quand on dort en culotte la fenêtre ouverte.

— On s'en fiche ! Sinon, compte sur moi pour te soutenir et t’aider à réaliser ton rêve !

Je ressens la détermination de Mizuki, forte, emphatique. Cependant, Michel rétorque par une moquerie, sans qu'il y ait de méchanceté.

— Pas en économie en tout cas, mais je vais quand même te tester !

— Très bien, mais prépare-toi à une surprise !

Elle effectue un grand écart latéral et je ressens l’étirement de chaque muscle, pendant qu'elle passe en adho mukha vrksasana samakonasana, sans aucune trace de tension ou d’inconfort. Avec une fluidité déconcertante, elle pousse sur ses doigts, transférant tout son poids sur leurs extrémités avec une légèreté presque irréelle.

Un doute insidieux s’installe en moi… Est-elle vraiment humaine ? Pourquoi cette question m’échappe-t-elle ? Je ne suis pas là pour juger ou interpréter.

— Cite-moi les valeurs monétaires.

Avec une grande confiance, la voix de Mizuki devient plus forte.

— Le bronze, le fer, l’argent, l’or et le platine !

— Combien pour une pièce de rang supérieur ?

— Cent pièces de rang inférieur.

— Cite-moi les différents motifs pour identifier chaque pièce.

— Ce sont des lettres B, F, A, O, P, suivies par l’apposition du sceau royal.

Je perçois de l'inquiétude dans la voix de Michel.

— Explique-moi comment tu as pu confondre une pièce de bronze avec une de fer ?

Mizuki adopte un air contrarié, mais reste calme.

— Je n’ai juste pas fait attention. En plus, Alice et Chloé m’attendaient pour jouer !

— Faire attention à son argent est important.

Elle resserre ses jambes, descend la gauche au sol, place ses mains sur sa cheville. Passant ainsi de l'adho mukha vrksasana à la posture de l’urdhva prasarita eka padasana. Il est difficile même pour moi de tout analyser en même temps, mais cela doit être simple pour le Chishiki qui m’a conçu.

— Bon, d’accord. J’essaierai d’être plus attentive.

L'intonation de Michel est souriante, ce qui calme rapidement Mizuki.

— Content que tu comprennes, mais continuons avec trois raisons d’utiliser ce système.

Elle devient soudain plus hésitante.

— La taille des pièces pour le poids, la… stabilité économique ? Et… la base reste identique !

— Dis-moi, comment sont-elles si elles viennent d’autres pays ?

— Hum… Désolée, mais j’ai oublié. Tu sais que je trouve l’argent inutile.

— Dans ce cas, tu redemanderas à Linda !

— Je ne vois pas ce que tu veux dire…

Mizuki sifflote doucement en tournant instinctivement la tête.

— Elle t’a aidée à réviser, n’est-ce pas ?

— Comment as-tu deviné ? J’ai été super discrète !

Sans perdre l'équilibre dans sa posture, Mizuki montre clairement sa surprise.

— Parce que je suis ton grand frère, je te connais bien.

— Sur ce point, tu gagnes ! Seulement, moi, je parlais de t’aider en tant qu’herboriste et combattante.

— Je sais que je peux compter sur toi, mais essaie aussi de t’améliorer sur tes points faibles.

— Au fait, as-tu une idée pour le pari qui fête nos quinze ans ?

— J’y réfléchis encore, mais ne t’en fais pas. Je trouverai une idée originale.

D’un geste assuré, elle repose sa jambe au sol puis place ses genoux sous ses aisselles pour passer dans la posture du bakasana tout en continuant de parler avec calme, mais émotivité.

— J’ai envie de t’affronter, ne me fais pas attendre.

— Compris ! On en reparlera tout à l’heure.

Les sensations de Mizuki laissent leur place à celles de Kenji. Une nouvelle fois, je ne suis plus dans le même lieu… Changer d'hôte implique de se trouver où est la personne. Cela me demande à chaque fois l'effort de tout réanalyser, même si ça ne dure qu'une fraction de seconde.

Ne pas avoir le contrôle sur mes déplacements reste perturbant, mais j'aime avoir de nombreuses perspectives. Aucun ennui, ce qui en soi est normal, je n'ai pas d'émotions… Quoique… Peu importe, je me rends compte que je me perds encore en élucubrations, il faut vraiment que je calme cette mauvaise manie.

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