05h09
Les bruits de pas résonnent dans l'escalier que Noémie descend en trombe. Les marches craquent doucement sous son poids. Linda, assise à son bureau, la regarde se précipiter vers la porte d’entrée de la bibliothèque sans un mot ni même un regard.
— Noémie !
La voix puissante et contrariée de Linda l'interpelle alors que sa main serre déjà la poignée. Elle reste figée un court instant avant de la lâcher et de se retourner brusquement. Leurs regards se croisent dans le silence de ce lieu paisible.
Elle est vraiment intenable le matin ! Je déteste cette mauvaise habitude qu’elle a prise.
La pensée de Linda me traverse comme une aiguille, tandis que son intonation reste élevée.
— Prends le temps de t’habiller correctement avant de sortir !
Noémie observe ses vêtements un instant… Juste quelques courtes secondes, puis, d’un geste machinal, reboutonne sa chemise entrouverte. Ajuste son short sur sa taille, le boutonne, se baisse en posant un genou au sol, lace ses chaussures vigoureusement.
— Imagine ce que dirait Michel s’il t’avait vue ainsi !
La voix de Linda reste dure, mais aussi plus posée. Noémie semble inquiète.
— Michel ne sort jamais aussi tôt ! Je dois filer, sinon Henri va encore me réprimander !
Elle se tourne de nouveau, saisit la poignée…
— Attends !
— Quoi encore !
Elle est agacée, son intonation est plus vive.
— Tes cheveux sont encore en bataille !
Ses cheveux tombent sur ses épaules de façon éparse. Noémie regarde Linda qui la scrute.
On a cette même couleur noire corbeau et nos iris noisette sont identiques. On tient vraiment de maman.
— Pourquoi tu me regardes comme ça ?
Noémie ne semble pas comprendre que Linda est nostalgique.
— Pour rien ! Tu t’es encore couchée tard ?
— Pas tant que ça !
La façon dont Noémie se frotte le bras et sifflote est révélatrice d'un état perturbé.
— Au vu des cernes sous tes yeux, je dirais au moins vers une heure du matin.
Sa voix timorée prend soudain de l'ampleur.
— C’est bon, je ne suis pas un bébé ! Je te rappelle que je suis ta grande sœur.
— Je suis au courant que tu as deux ans de plus, mais je garde le droit de te réprimander !
Son regard fuyant ne laisse aucun doute, alors que Linda la fixe toujours.
— Tu as pensé à mettre la crème qu’Annie t’a donnée pour tes taches de rousseur ?
— Oui ! Enfin… pas ce matin… Je la mettrai tout à l’heure ! Faut vraiment que j’y aille !
Noémie ouvre rapidement la porte et la franchit d’un pas vif, tandis que Linda se lève en criant.
— Bonne journée !
Elle avance d'un pas calme vers la porte, puis la referme doucement. Elle reste silencieuse un instant, puis retourne vers son bureau d'un pas lent, chargé de curiosité.
Qu’est-ce qui lui a pris de détourner le regard ?
C’est bizarre.
Je me rappelle qu’avant elle était matinale, mais je ne peux pas lui en vouloir.
Après tout, elle a toujours pris soin de moi.
Linda sourit avant de se rasseoir… Mes perceptions se connectent au sens de Mizuki. Me voilà de nouveau dans sa chambre, je suis plus calme, mes analyses plus précises et je me perds moins en élucubrations.
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