06h06

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Assis à son bureau, Thomas lit un document scolaire sur le système calendaire. Le silence est pesant... Il relève la tête, tourne son regard vers son lit où Éline soutien son ventre arrondi.

— Je voudrais revoir le cours que j’ai préparé pour les enfants.

— Je t’écoute, Papa !

Éline est souriante... Derrière elle un tableau noir gribouillé de notes est accroché. La chambre est chaude, les murs sobres lui donnent un aspect neutre. Elle se situe au premier étage de la maison des Bélim, au dessus de la boucherie.

— J’ai essayé d’améliorer l’explication sur son fonctionnement.

— Qu’as-tu modifié ?

Un léger hoquet la fait regarder son ventre, elle respire plus lentement, prend le temps d'expirer. Thomas sourit, mais reste distrait par ses explications.

Je me demande si elle attend un garçon ou une fille.

— Je vais commencer directement par une question ouverte.

— C’est intéressant, quelle est-elle ?

— Combien de mois compte une année ?

— Treize !

Éline marque une légère pause.

— Désolée, Papa, je me suis laissée emporter.

Thomas as un léger rire.

— Au contraire ! Réponds, ça me permet d’enchaîner.

— D’accord.

Je me souviens que Thomas est assez âgé... Ses cheveux auburn mi-long n'ont pas encore blanchi. Éline possède la même couleur acajou que sa mère décédée il y a plusieurs années. Tout les deux ont un regard bleu clair qui inspire la confiance.

— Combien y a-t-il de jours par semaine et par mois ?

— Sept jours. Vingt-huit, vingt-neuf pour le dernier.

— Cite-moi chacun des mois dans l’ordre.

— Jeva, glim, solum, luminea, flori, solari, nympha, autuma, nebulis, hierna, frostia, nieole, cyclus.

Éline rit doucement, Thomas relit ses notes, effectue quelques ajustements, réajuste ses lunettes.

— C’est aussi amusant que quand j’étais petite.

— Content que ça te plaise.

— Je me rappelle des quiz qu'on faisait, toi, moi et maman.

— Moi aussi.

Tu me manques, Carla.

Thomas regarde de nouveau Éline.

— Cite-moi chacun des jours dans l’ordre.

— Lunae, martis, mercurii, jovis, veneris, solis, dimis et circulus.

— Combien de fois circulus apparaît dans une année, quelle est sa signification ?

— Une fois. C’est le festival du renouveau. Il marque la fin et le début d’une année.

— Comment gère-t-on l’année bissextile qui a lieu tous les quatre ans ?

— Circulus dure quarante-huit heures, c'est l’avènement du renouveau.

— Cite-moi les quatre saisons et le premier jour de chacune d’elles ?

— Le printemps tombe le sept solum ; l’été commence le quatorze solari ; L’automne démarre le vingt-un nebulis ; l’hiver le vingt-huit nieole. Toujours un dimis.

— Combien de jours dans une année et d’heures pour une journée ?

— Trois cent soixante-cinq, vingt-quatre.

— Cite-moi le nom du créateur de notre calendrier ?

— Noran Keltus, né avant le calendrier, mort en l’an trente-six.

Ce nom m’est familier, mais il m’est impossible de me souvenir pourquoi.

— Parfait, même si je sais que les enfants ne répondront pas aussi facilement.

— Tu devrais parler de la dernière chanson chantée par Mizuki au festival du Renouveau.

— Tu veux parler de 'Un Allié Éternel' ?

— En effet. Cela pourrait renforcer leur motivation pour le cours.

— C’est vrai que ses chansons plaisent vraiment aux enfants.

— Dommage que ce ne soit qu’un passe-temps, son talent est indéniable.

— Ce n’est pas faux, merci de cette suggestion.

Thomas tourne son regard vers une étagère remplie d’ouvrages anciens.

— On dirait que quelque chose te tracasse, Papa.

— Je me demande comment était le monde autrefois.

— Je ne sais pas comment étaient nos ancêtres, mais…

Éline se lève doucement, s’approche de Thomas, place ses mains sur ses épaules.

— Tu es vraiment tendu, tu sais que ce n’est pas bon pour ta santé.

Je ressens ce massage léger et agréable qui détend les courbatures.

— Toi aussi tu devrais te ménager ! N’oublie pas que tu attends un bébé.

— Oh, ne t’en fais pas ! Samuel me ménage déjà bien assez !

— C’est normal, c’est ton époux.

Éline hausse la voix.

— Ne te mets pas à me couver ! Je ne suis plus une enfant.

Thomas rétorque d'un grand sourire.

— Tu seras toujours ma fille, même après ma mort.

Elle soupire vivement.

— Pourquoi les deux hommes de ma vie pensent que je ne peux plus rien faire !

Thomas adopte un air sérieux.

— Je ne dis pas que tu ne peux plus rien faire, mais là, tu es enceinte de six mois.

Éline fait de même.

— Moi, ça ne me gêne pas ! »

— Déjà petite tu restais toujours après l’école pour nettoyer.

— La propreté est essentielle, il est naturel de nettoyer ce que l’on salit !

— Tu étais la seule à le faire, même quand ce n’était pas ton tour.

— Le ménage revient à tous, ce n’est pas une question de programme.

— Tu n’as jamais délégué tes tâches, c’est ainsi depuis la mort de ta mère.

— Je ne fais qu'assumer mes responsabilités ! Maintenant, détends-toi !

— Tu as raison, mais imagine les connaissances qu’avaient nos prédécesseurs.

— Papa, je n’échangerais aucune connaissance au monde contre notre lien.

— Tu as raison, mais l’ignorance est un crime qui nous conduit à l’échec.

— En effet, mais les sentiments sont aussi une forme de connaissance.

Éline enlace Thomas en passant ses bras sur sa poitrine.

— L’important est ta dévotion et la première règle de l’éducation.

— S’adapter aux besoins individuels et collectifs de chacun.

Les sens de Thomas s’effacent...

La chaleur du feu de camp est agréable par ce temps doux.

Les yeux de Shana se ferment régulièrement.

Pourquoi le Chishiki qui m'a créé ne me donne aucune consigne ?

Être entièrement autonome à des avantages, mais comme je ne contrôle pas mes déplacements je ne le suis pas vraiment. Tous ces souvenirs qui me reviennent me rendent perplexe, je n'arrive pas à me concentrer, j'ai l'impression de ressasser la même chose en boucle. Il y a aussi cette question qui me perturbe...

Suis-je Noran Keltus ?

Qui était-il vraiment ?

Je verrais cela plus tard, pour le moment je désire observer Shana. C'est certes mon rôle, mais aussi une envie plus personnel... Encore une chose que je ne devrais pas avoir. Je suis clairement un observateur étrange, mais il est évident que c'est voulu par mon Chishiki.

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