07h20

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Elias sort calmement de l’entrepôt et s'approche d'Henri, tandis que Noémie, qui observait les alentours, les rejoint rapidement d'un pas vif.

« Où en sont les stocks de nourriture, Elias ? »

« Nos réserves sont supérieures au prévisionnel qu’on avait établi, Henri. »

« Bien, Kenji a eu raison de limiter les ventes. »

« En effet, cela va nous éviter d’acheter des provisions. »

« Au fait, pourquoi on utilise des bâtiments sans fenêtres pour garder la nourriture ? »

Noémie regarde Henri et Elias avec curiosité.

« C’est pour mieux conserver les aliments de la lumière du soleil. En plus, ça facilite l’isolation et la solidité du bâtiment. »

« Je n’ai rien compris, Elias, mais merci pour l’explication ! »

« Tu as d’autres questions, Noémie ? »

Elias a un léger sourire moqueur, alors qu'il l'interroge.

« Est-ce que c’est vrai qu’il n’y avait qu’un entrepôt avant que Kenji ne dirige le village ? »

« Oui, Yumi, Marc et Clarisse me l’ont confirmé. »

« Il paraît qu’il a complètement brûlé lors de l’incendie ? »

Henri répond rapidement d'une voix assurée, tandis qu'une brise légère balaye doucement l'herbe.

« C’est le cas, Noémie. Cela s’est produit le vingt-six nympha quatre cent cinq. Annie, Mélanie et moi, on venait à peine de s’installer, d'ailleurs, Amara en garde une vilaine cicatrice sur la jambe gauche. »

Elias enchaîne d'un ton détendu.

« Je m’en souviens, Henri. Moi aussi, je venais à peine d’arriver au village. »

Alors que Henri et Elias se regardent et échangent. Noémie glisse sa main dans la poche de son short, puis sort un petit pot de crème qu'elle remet vite en place. Puis, elle intervient d'une voix dynamique.

« C’était quoi vos motivations pour vous installer à Hanakaze ? »

Henri répond avec entrain.

« C’est Kenji qui me l’a demandé. Comme je lui dois beaucoup, j’ai accepté. »

Elias sourit, tout en grattant sa barbe naissante.

« Pour moi, cela vient du fait que mon village natal n’acceptait pas ma sexualité. »

« C’est horrible de rejeter quelqu’un pour ça ! »

Noémie est outrée, son regard frustré ne laisse aucun doute.

« On en discutera plus tard, si tu veux, Noémie. »

« Avec plaisir, Elias ! En tout cas, Kenji a eu raison de faire construire plusieurs entrepôts ! »

Henri sourit tout en parlant avec une intonation puissante.

« Exact, et les installer vers un bassin permet de gérer un incendie. »

Noémie prend un air déterminé.

« Je suis d’accord ! Je garde de très mauvais souvenirs de ce qu’est vraiment la faim. »

Elias la regarde avec compassion.

« C’est vrai que toi et Linda êtes arrivées à Hanakaze en plein hiver et complètement affamées. »

« Oui ! On avait souvent faim avec Linda, que ce soit avant la mort de nos parents ou après. »

« Je me souviens que tu tenais Linda par la main et que vous étiez squelettiques et gelées. »

« Oui ! Pour reprendre un rythme d’alimentation normale, on est restées alitées plusieurs jours ! »

Noémie et Elias échangent avec virulence, mais Henri intervient rapidement.

« Je me rappelle que Yumi ne voulait pas que vous sortiez du lit. Elle venait vous faire manger tous les jours ! Sans parler d’Annie qui vous couvait. Il me semble d’ailleurs que Mélanie voulait que vous vous remettiez vite pour jouer. Ma fille voulait tellement d’amies de son âge. »

Noémie rougit, mais reste très souriante.

« Au fait, Henri ! Comment Kenji a-t-il réussi à éviter la famine ? »

« C’est simple, Noémie. Il a fait un discours sans la moindre préparation pour convaincre les villageois de donner toutes leurs réserves financières. »

« Qu’est-ce qu’il a dit ? »

Henri prend une voix plus calme et dit d’un ton assuré…

« Soit on est unis, soit on se disperse ! C’est à vous de choisir, moi je ferai de mon mieux ! »

« C’est tout ! Moi, je pensais à long discours. Ça a suffi à convaincre les gens ? »

« Oui, même si c’est plus le fait qu’il a sorti ses propres économies qui a motivé tout le monde. »

« Combien en avait-il ? Il paraît que certains aventuriers sont riches ! »

« Assez pour payer près de la moitié de la nourriture pour une année. »

Noémie commence à compter sur ses doigts, puis s'exclame.

« C'est énorme ! »

« Henri ! C’est toi qui as trouvé Mizuki trois mois avant ça, n’est-ce pas ? »

« Exact, Elias, j’effectuais ma ronde de nuit quand ses pleurs ont attiré mon attention. »

« Mizuki était encore un bébé à cette époque ? »

« Oui, Noémie, je l’ai trouvé dans un panier en osier, près des grands piliers à l’entrée du village. »

« Tu peux m’en dire plus, Henri ? »

« Du sang encore frais se trouvait sur son visage et son linge humide sentait fort. »

« Est-ce qu’elle était blessée ? »

« Non, ce n’était pas son sang ! Et impossible de suivre la piste de la personne qui l’a abandonnée. »

« Je crois que son prénom était sur un papier dans le panier ? »

« Tout à fait, Elias. Kenji l’a d’ailleurs conservé pour l’adoption. »

« Pourquoi tu ne l’as pas adoptée toi-même ? »

« Je n’étais pas assez sûr de moi pour éduquer un second enfant, même si Annie voulait l’adopter. »

« Kenji en a donc pris la responsabilité ? »

« En effet, même s’il venait de perdre Émilie et qu’il devait déjà s’occuper de Michel. »

« Je me demande pourquoi Mizuki a été abandonnée ! »

« Aucune idée, Noémie ! Ses parents étaient peut-être traqués. »

« Elias ! Je voulais te remercier d’avoir été toujours gentil avec Linda et moi. »

« Inutile, Noémie ! J’ai adoré le temps passé avec vous deux. »

« Au fait ! Tatsuya et Pete sont en retard, non ? »

« Ils semblent en effet, mais attendons-les encore un peu. »

Noémie crie soudain de façon énergique en pointant du doigt le hangar à l'est.

« Je les vois, Henri ! »

Tatsuya marche sur un large chemin empierré juste derrière Pete, qui arrive le premier.

« Henri, Tatsuya et moi avons terminé d’explorer le cimetière, sans rencontrer de souci particulier. »

« Bien, mais restez vigilants ! On doit être sûr qu’aucune zone d’infection ne se développe. »

« Tatsuya, c’est quoi ce truc blanc sur tes lèvres ? Est-ce que tu as bu du lait ? »

« Oh, ça… Ce n’est rien, Noémie, ne t’en fais pas. »

Avec le dos de sa main, Tatsuya essuie rapidement ses lèvres, avant de le lécher. Elle lance un regard sensuel à Pete qui lui sourit énergiquement avec un visage légèrement inquiet.

« Oh, d’accord… »

Elias sourit tranquillement, en soupirant. Henri lui pousse un soupir intérieur.

Ces deux-là sont vraiment intenables quand je les laisse seuls. Je comprends pourquoi Annie en riait, mais je ne peux pas les séparer.

« Bon, assez discuté, on se remet au travail ! »

« Compris, Henri. Allez, Pete, on y va, tu sais inspecter cet endroit ! »

« Oh, oui, cet endroit, ça me va. »

« Noémie, tu viens ? »

« D’accord, Elias. »

Alors que le groupe se sépare, mes perceptions se reconnectent aux sens de Mizuki. C'est vraiment plus confortable qu'avec tous les autres… Pourquoi je ressens cela.

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