07h28
Un large sourire étire ses lèvres, ses avant-bras sont toujours posés sur le rebord de sa fenêtre. Son pied droit frappe le sol en rythme. Sa voix joyeuse s’éleve lentement, pendant que des pas calmes proviennent de l'escalier.
Les saisons se sont écoulées, mettant fin à cette année.
Que j’ai vécu près de vous dans ce village chaleureux.
Entourée des gens que j’aime, la nature pour nous protéger.
Je voudrais la remercier avec cette discrète chanson.
Que je chante au dernier jour pour le renouveau.
Le ciel azur n’a pas changé, recouvert d’un voile blanc.
Les forêts ont grandi et nous aussi.
Les rivières s’écoulent toujours dans le même sens.
Tout comme nos rêves que nous avons gardés.
Le soleil nous éclaire, la lune nous illumine.
Mon enfance fut insouciante, grâce à toi, Papa.
Mais si je suis si heureuse, c’est parce que tu es là, mon frère.
Voyageant sur ce chemin qui nous mène à ce moment.
C’est en se tenant la main que nous avons avancé.
Unis par le destin, veillant l’un sur l’autre.
Les forêts ont grandi, et nous aussi.
Les rivières s’écoulent toujours dans le même sens.
Tout comme nos rêves, que nous avons gardés.
Le soleil nous éclaire, la lune nous illumine.
Je garde dans mon cœur nos souvenirs éternels, d’amour et d’amitié.
Qu’ensemble nous partageons, depuis notre enfance chaleureuse.
Je remercie mes proches et tous ceux que j’aime.
En cet instant unique, où j’ai quinze ans aujourd'hui.
Pour vous dire simplement que je serai toujours là pour vous.
À travers les saisons et les années, mon amour éternel vous est acquis.
Les forêts ont grandi, et nous aussi.
Les rivières s’écoulent toujours dans le même sens.
Tout comme nos rêves, que nous avons gardés.
Le soleil nous éclaire, la lune nous illumine.
En se tenant la main nous avançons, unis par le destin que nous créons.
Je serai toujours là pour vous, merci pour ces souvenirs éternels !
Dès que la chanson se termine de légers coups résonnent sur la porte.
— Est-ce que je peux entrer ?
La voix de Kenji hésitante fait sourire Mizuki.
— Laisse-moi un instant, Papa !
Elle marche vers sa commode, ouvre le second tiroir, choisit plusieurs vêtements d’une couleur verte proche du noir, les enfile rapidement. Enfin, d’un geste assuré, se tourne vers la porte.
— Tu peux entrer !
Kenji ouvre la porte, son regard se pose sur Mizuki.
— Tu es très jolie ! Etsuko s’est surpassée, mais ce pantalon est un peu large.
— Je l’aime bien.
Kenji entre, s’assied sur le lit.
— Michel s’est levé tôt ce matin.
— Ton frère sait assumer ses responsabilités.
Mizuki rejoint son père.
— On peut toujours compter sur lui.
— Exact.
Kenji fixe son regard sur le miroir.
— Est-ce que je t’ai déjà dit qu’Émilie passait des heures devant ce miroir ?
Mizuki plaque son épaule contre celle de son père.
— Tu me le répètes chaque fois que tu viens dans ma chambre.
— T’ai-je dit que ce n’était pas pour s’admirer ?
Elle rit d'un léger hoquet.
— Son but était de devenir une experte en négociation.
— En effet.
— Était-elle plus forte que toi ?
— Son talent, couplé avec ses entraînements, faisait d’elle la meilleure !
Kenji pose son regard sur le reflet de Mizuki.
Papa a les mêmes yeux que Michel, mais moi je suis unique.
— Pourquoi as-tu insisté pour conserver sa chambre à l’identique ?
— Parce que chaque fois, je peux voir ton regard chargé de souvenirs.
— Tu as le droit de la redécorer sans penser à moi.
— J’aime que tu aies un endroit qui te rappelle, Émilie !
— C'est gentil de vouloir me faire plaisir, mais pense à tes besoins.
— Cet agencement pratique et simpliste me convient parfaitement.
— D’accord, si ça te va !
Le regard nostalgique de Kenji se reflète dans le miroir.
— J’ai beaucoup de souvenirs de cette chambre, c’est sur ce lit que…
Kenji s’arrête, Mizuki le fixe avec des yeux pétillants de curiosité.
— Que quoi ?
— Euh…
Il avale rapidement sa salive.
— Ce n’est pas une chose dont je devrais te parler.
Sa voix devient ferme.
— Qu’as-tu prévu aujourd’hui ?
Mizuki rit légèrement.
— Je vais aller cueillir des médicinas pour Yumi.
Elle pose sa tête sur l'épaule de Kenji.
— Est-ce que tu m’as entendu chanter ?
— Oui, mais les paroles étaient différentes.
— Je n’aurai quinze ans qu’une seule fois.
— Peux-tu me parler des médicinas ?
Elle inspire, puis ferme les yeux.
— Ses feuilles vertes ont la couleur d’une olive foncée.
— Tu aimes cette teinte, n’est-ce pas ?
— Oui !
Mizuki expire et rouvre ses paupières.
— Ses poils argentés forment comme une fine couche de givre. Ses fleurs blanches ont cinq pétales étoilés légèrement translucides. Elle pousse uniquement aux endroits de ses désires.
Mizuki marque une courte pause, puis reprend.
— Elle éclot au printemps, disparaît aux premières neiges.
— Je la visualise parfaitement avec ta description.
— C’est une des plantes que Yumi préfère.
Kenji adopte soudain un air sérieux.
— Tu vas aller près de l’autel du dernier sacrifice ?
— Ce n’est pas très loin, mais je ne m’approcherai pas.
Il soupir rapidement.
— Cet endroit n’est pas sain, il vaut mieux en rester éloigné.
Mizuki affiche une légère exaspération.
— Je sais, tu me l’as bien expliqué !
— Parfait !
Kenji reprend son souffle.
— Tu sais que je dois partir pour Ardentia aujourd’hui.
Son regard devient légèrement inquiet.
— Tu vas faire des choses compliquées ?
— Il faut que je règle les impôts annuels du village et que je récupère l’argent de nos ventes.
— Qu’en est-il de l’officialisation de notre apprentissage ?
— Je m’en occuperai également, ne t’en fais pas.
— Ce n’est pas trop difficile pour toi de faire un tel trajet chaque année ?
— N’oublie pas que j’étais un aventurier autrefois.
— C’est vrai tu m’en as déjà parlé.
Même s’il n’entre jamais dans les détails.
— J’ai l’habitude des longs voyages, je serai rentré dans la soirée.
— Tu n’as jamais eu envie de redevenir aventurier ?
— Pas depuis que j’ai mon plus grand trésor.
Papa sent la fleur d’oranger.
— Ton plus grand trésor ?
D’une main ferme, Kenji caresse les cheveux de Mizuki.
— Mes enfants sont ma richesse.
Mizuki enlace tendrement Kenji.
— Je t’aime, Papa !
— Moi aussi, mais je dois y aller.
— D’accord ! Passe une bonne journée !
— Merci, toi aussi.
Le cœur de Mizuki bat rapidement en cet instant, c’est un contraste intéressant.
Kenji se lève avec calme, puis quitte la chambre.
Mizuki se laisse tomber en arrière sur son lit.
Si je réfléchis à ce que papa a failli dire…
C’est peut-être dans mon lit qu’ils ont conçu Michel !
Les sensations de Mizuki s’estompent...
Mes perceptions glissent sur celles de Shana qui devient mon hôte.
Bien que je n'ai pas d'émotions, les leurs me touchent beaucoup. Le fait que ma conscience est intact influences forcément. Il est évident que désormais je vis par procuration, mais ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Bien il est désormais temps que je me concentre de nouveau sur mon rôle d'observateur.
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