13h28
Ses pas rapides suivent la même cadence que ceux d'Elias. Le sol du chemin est bien entretenu, son regard se pose un instant sur les quelques buissons qui parsèment l'herbe, sur sa gauche la roue à aube entraîne le mouvement de l'eau. La large fenêtre permet de voir plusieurs cordes pleines de linge, mais elle fixe vite ses yeux bleus.
— Tu crois que tu vas te trouver un petit ami au village ?
— Aucune idée !
Le visage d'Elias reste nonchalant ; Noémie lui serre calmement la main.
— On dirait que tu n’es pas pressé ?
— C’est juste qu’ici personne ne me critique ou ne me rejette.
Ses sourcils se soulèvent, ses lèvres s’entrouvrent.
— C’était différent à Aritia ?
— On a déjà abordé le sujet ce matin, tu te rappelles ?
Elle esquisse un sourire.
— Je n’arrive pas à croire qu’on juge ce genre de chose.
Elias pose une main sur l'épaule de Noémie.
— Chacun a ses propres pensées, les critiquer ne nous rend pas meilleurs.
— Tu trouves toujours comment justifier l’injustifiable !
Elias ferme les paupières, tous deux s'arrêtent.
— Ils ont le droit de ne pas m’accepter...
Il se tourne vers elle, fixe ses pupilles.
— Depuis quand utilises-tu des mots compliqués ?
Son doigt se pose sur son menton, elle incline sa tête vers le haut.
— Oh, j’ai entendu Linda le dire !
Une légère pause, son regard fixe de nouveau Elias.
— Dans tous les cas, ce sont juste des idiots s’ils te rejettent.
— Nous avons tous un jugement différent, il est important de respecter cela.
— Moi, je juge que c’est des idiots !
Ses poings se resserrent, ses sourcils se froncent.
— De quel droit il ose critiquer ton orientation sexuelle !
Elias marque une pause, scrute le ciel. Un silence s'installe au milieu des bruits.
— Ce ne sont pas tant les individus...
Il soupire...
— C'est la société dans son ensemble qui pose ces jugements.
— Dans ce cas, la société est bizarre.
Noémie bombe le torse, Elias rit doucement.
— Sûrement...
Il se baisse et regarde un pissenlit mature.
— Il ne faut pas s’arrêter à cela et toujours être soi-même.
Ses genoux se plient, son regard fixe la petite plante balotée par le vent.
— Tu peux compter sur moi. Je te soutiens !
Il lui sourit...
— Merci...
L'index d'Elias frôle le pistil de la fleur.
— On va prendre le temps d’expliquer notre ressenti.
Elle inspire, puis souffle lentement ; ce dernier s'envole.
— Hanakaze sera l’endroit le plus tolérant du monde !
Les sensations de Noémie s'effacent...
Mes perceptions se connectent aux sens de Shana.
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