Le cuir du tabouret est confortable sous ses fesses, tandis que son regard analyse les cheveux étalés sur le comptoir. Ses mains glissent dans les mèches et les séparent pour les ranger dans de petits sacs étiquetés.

Soudain, la porte s'ouvre et un ding retentit. Un sifflement devient audible, les doigts de Annie ne s'arrêtent pas, mais ses lèvres esquissent un sourire.

Après un léger silence, la voix hésitante de Richard résonne.

— Est-ce que Mélanie est là ?
— Elle est à l’étage, tu veux qu’elle s’entraîne sur toi ?

Il observe les gestes d'Annie un court instant avant de reprendre.

— Bien sûr, je veux pouvoir l’aider à progresser.

Sa mâchoire s'ouvre et une intonation vigoureuse sort de sa trachée.

— Mélanie ! Ton amoureux est là !

Le plancher de l'étage craque sous une série de pas vifs, les marches de l'escalier résonnent bruyamment. Mélanie une fois dans le salon hurle d'une voix vigoureuse.

— Maman ! Arrête ça !

Elle se place rapidement devant Richard, en écartant les bras pour bloquer la vue d'Annie.

— Tu ne dois pas le crier de cette façon, tu embarrasses Richard.

D'un rire léger, elle penche la tête et regarde Richard.

— Désolée, ce n’était pas mon intention !

Son regard revient sur Mélanie.

— Je te laisse t’en charger.
— Bien sûr, maman.

Souriante, Mélanie pivote rapidement vers Richard.

— Assieds-toi, Richard.

Richard s’assoit dans un des fauteuils proches de la porte d'entrée et penche sa tête en arrière.

— Annie, pourquoi tries-tu toujours les cheveux aussi méticuleusement ?
— C'est une ressource précieuse pour confectionner des perruques.

Mélanie commence à préparer un shampoing tout en prenant la parole.

— Selon Aurélie, ils sont aussi une bonne source de fertilisant.
— Exact, mais ils doivent être mélangés à d’autres produits.
— Je ne verrai plus jamais mes cheveux de la même façon.

Son regard reste focalisé sur le tri, mais glisse parfois vers Mélanie.

— Ne regarde pas ma mère !

La voix de Mélanie est colérique, alors qu'elle plaque ses mains mousseuses sur les tempes de Richard et tourne sa tête face au miroir.

— Désolé, mauvais réflexe.

Mélanie met rapidement une serviette sur Richard, puis commence un shampoing fruité. Son visage ovale souriant se reflète dans le miroir. Je peux noter que toutes les deux ont la même couleur d'iris, tandis que ses mains glissent dans les cheveux de Richard.

Ma fille est jalouse, on dirait, mais je la comprends.

— Tu n’aurais pas pris mon ancien uniforme de coiffeuse par hasard ?
— Il me va parfaitement comme Etsuko l’a ajusté à ma taille !
— Tu insinues que ta mère est petite !

Mélanie, à mon caractère et j’en suis très fière.

— Je n’insinue rien, je constate !

Mélanie et Annie se sourient, puis se concentrent sur leurs activités.

Richard soupire...

Mes perceptions se connectent aux sensations de Mizuki.