14h24
Sans se lever son regard scrute les mouvements discrets du lynxéard.
J’espère que je ne l’ai pas traumatisé en le frappant.
Son pelage noir couvert de boue se faufile entre les arbres. Il s'arrête près du rocher, et fixe Mizuki d'un air prédateur. Elle observe avec sérénité ses yeux flamboyants, puis ses oreilles et sa queue pointues qui se dressent.
— Comment ça va ?
Derrière sa voix la rivière s'écoule au rythme de la brise dans les feuilles.
— Tu te sens mieux ?
Ses poils se hérissent ; il grogne avec véhémence.
— Tu veux qu’on joue ?
Brusquement, il bondit sur une branche, puis s’enfonce dans la forêt.
— Eh, où vas-tu ?
Les pas de Shana résonnent soudain sur sa gauche.
— Avec qui est-ce que tu parlais ?
Sa tête pivote doucement.
— Avec le lynxéard qui m’a attaqué ce matin.
Shana hausse rapidement le ton.
— Tu es incroyable !
— J'ai aussi fait la course avec un lupis.
— Savais-tu qu’un lupis peut courir jusqu’à 300 kilomètres heure !
— Celui que j’ai affronté ne pouvait pas aller aussi vite dans les bois.
— Oublions ça ! Peux-tu me parler un peu plus de ton père ?
Avec un geste léger, Mizuki s'accroupit avant de bondir au sol.
— Papa est un épéiste de cinquante-un ans.
Ses pas empruntent le sentier et Shana avance à ses côtés.
— Il peut utiliser la foudre et c’est le chef de Hanakaze.
— Les combattants qui ont développé leur ERA sont très prisés.
— Je n'ai jamais compris comment ça fonctionne ?
— C’est assez complexe, mais je vais essayer de te l’expliquer !
Shana pose son pouce et son index sous son menton.
— Chaque personne naît avec une quantité fixe d'ERA qui varie d’une personne à l’autre, mais plafonne juste sous les mille. Tu dois déjà le savoir, mais tout être vivant en possède, cependant certains ont un quota inférieur à dix. Enfin, même en s'entraînant on ne peut pas l'augmenter.
Le regard de Mizuki suit un papillon qu'une araignée attaque.
— Ma quantité d’ERA n’a pas pu être détectée.
— Il paraît qu'il existe un flux enfoui.
— Je suis spéciale, c’est cool.
— Je me renseignerai, mais ça prendra du temps.
— Merci, j’ai hâte d’en savoir plus à ce sujet.
— Il y a six catégories d'éléments.
— Est-ce que la foudre en fait partie ?
Shana prend une courte inspiration.
— Ce n'est pas un élément direct, mais une magie de niveau deux. Elle est formée à partir de la terre et du feu. En revanche la glace combine l’eau et le vent, tandis que l’ombre réunit la lumière et les ténèbres. Il y a beaucoup d’autres combinaisons possibles, mais ce serait long de tout énumérer.
Le ton de Mizuki monte soudain.
— Donc papa a deux éléments !
— Non, un. Il s’est certainement spécialisé.
— Il ne peut pas utiliser les deux ?
Shana étire ses bras vers le ciel en baillant légèrement.
— Peut-être... Chaque formule exige des mots précis et la bonne intonation dans la prononciation. Comme il est difficile de tout retenir, la classe des mages utilise des bâtons de stockage.
La main de Mizuki frotte son cou.
— Pourquoi entraîner ceux de niveau deux ?
— Leur utilité dépend du but recherché.
— Tu peux m’en dire plus ?
Shana redresse son sac sur ses épaules.
— Les éléments sont définis dès la naissance. La plupart des individu n'en possède qu'un seul, mais certains en ont deux. Des peuples comme les Magiya en possèdent souvent jusqu’à trois.
Hum, le soleil est déjà haut.
— Qu’est-ce qui ne va pas ?
Un soupir s'échappe d'entre ses lèvres.
— Je me dis juste que j’ai perdu mon pari contre Michel...
— Vous aviez parier quoi ?
— Le perdant devait porter une robe.
— C’est si terrible que ça pour toi ?
— Je ne sais pas, j’ai toujours détesté l’idée.
— Dans ce cas, demande-lui d’annuler votre pari.
— Non ! Un pari est absolu et doit être respecté !
Le regard de Mizuki se fixe sur Shana.
— Au fait, c’est quoi ce pendentif ?
— Mon père me l’a offert pour mes six ans.
Ses pas s’arrêtent, son index pointe un terrain étroit au milieu des fourrés.
— Regarde, c’est la zone d’entraînement que j’ai créée.
Shana se rapproche du panneau planté à l'entrée.
— La forêt du guerrier pacifique ?
Le regard de Shana scrute Mizuki.
— Est-ce que ça va ?
— Je m’en veux d’avoir été si impulsive en affrontant les grikans.
— Ne te sens pas coupable, ce sont des monstres et tu m’as sauvée.
— Merci, Shana !
Mizuki pose son sac contre un arbre, puis se dirige au début du parcours
— Je vais te faire une démonstration.
— Tu ne dois pas rentrer pour ton pari ?
— Je l’ai déjà perdu.
— Et les corps de mes compagnons ?
— Ils ne vont pas s’envoler.
Avec des bonds dynamique, Mizuki franchit les mètres qui séparent chaque pierre tout en évitant les rondins qui l'empêchent de sauter haut. Elle arrive rapidement devant une liane et la grimpe sans les pieds, alors que mes perceptions passent sur les sensations de Linda.
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