chapitre 7

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La phrase sur le panneau d'affichage disparue soudain. Mathilde pu repérer la voie sur laquelle son train était prévu. Il était 7 h 30, encore un quart d'heure.

Elle repensait à ce jeune homme dans le café. Pourquoi voulait-il l'aider ? Pourquoi avait-elle refusé ? S'il y avait bien une personne dans cette gare qui avait besoin d'aide aujourd'hui et maintenant, c'était bien elle ! Quelle cruche !

Il avait dû être troublé de sa réaction et était parti. Pourquoi avait-elle cette tendance à refuser l'aide proposée, la main qui se tend, les soutiens ? Elle s'était toujours débrouillée seule. Toutes ses difficultés, ses obstacles, les montagnes qu'elle avait dû franchir durant les épreuves de sa vie, elle l'avait fait seule. Elle était réputée pour avoir une volonté de fer.

Pourtant, à présent, elle se sentait faible et désarmée. Une toute petite fille sans défense face à un danger plus fort qu'elle. Un agneau esseulé dans une forêt hostile. Un frisson parcourut son corps, enduisant son courage d'une couche de peur noire et gluante.

Elle marchait sur le quai, incapable de se poser sur un des fauteuils mis à disposition pour les voyageurs. Elle ne voyait personne, tout entière dans ses pensées. Sa valise était comme un boulet qu'elle traînait, un poids immense, un fardeau incongru.

La voix dans les haut-parleurs retentit : - Le train numéro 6587 à destination de Paris, départ 7 h 45 va entrer en gare voie 2. Veuillez vous éloigner de la bordure du quai.

Cette annonce vibra en elle avec la puissance d'une décharge électrique. C'était imminent à présent. Elle tourna la tête vers la droite et distingua le museau pointu de la locomotive qui grossissait à chaque seconde. Elle percevait les vibrations formidables de ce monstre de fer qui montaient dans ses jambes, dans son ventre et dans son âme.

Puis il la recouvrit de son souffle chaud et fétide traînant derrière lui les wagons prisonniers de sa force immense.

Le train s'arrêta dans un couinement aigu et déchirant. Les portes s'ouvrirent déversant des paquets d'humains avec inscrit sur leurs visages la satisfaction de se libérer de quelque chose de lourd et pesant.

- Grenoble, Grenoble 3 minutes d'arrêt !

Devant le marchepied, Mathilde prit une grande inspiration, leva le pied et hissa son corps à l'intérieur. C'en était fini. Elle ne pouvait plus reculer. Des voyageurs pressés lui bouchaient la sortie. Elle avança dans le couloir, manquant d'air à chaque pas.

Elle repéra le numéro de son siège, positionna sa valise dans le filet au-dessus et s'assit. Par la fenêtre, elle voyait le quai, l'air pur, la liberté.

Les derniers voyageurs en partance finissaient de garnir les sièges disponibles. Celui à côté d'elle restait vide. Elle était en apnée. Le sifflement annonçant le départ lui vrilla les oreilles.

- Attention au départ ! Attention à la fermeture des portes !

Prisonnière.

Le train s'ébranla, imperceptible au début, la vitesse s'amplifia. Le quai disparut. Elle était partie.

La tête collée à la vitre, elle ne vit pas la personne s'asseoir à côté d'elle. Elle sentit juste un changement subtil dans l'atmosphère. Une odeur agréable et familière.

Elle tourna la tête : Timeo la regardait en souriant.

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