chapitre 8

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Le paysage défilait derrière la fenêtre. Le train avait pris sa vitesse de croisière.

- Vous apparaissez toujours quand on ne vous attend pas, dit-elle. J'ai du mal à savoir ce que vous me voulez.

Au fond d'elle, elle ressentait un soulagement de le savoir auprès d'elle pendant cette épreuve.

- Je ne vous veux que du bien, affirma Timéo. Il faut que vous me fassiez confiance, même si je conçois que cela ne doit pas être facile pour vous.

- De toute façon, je ne peux plus m'échapper, souffla-t-elle.

Elle avait perdu tout contrôle de la situation. Son existence était entre les mains de forces extérieures sur lesquelles elle n'avait aucun levier. La carapace de tôle et d'acier qui l'entoura lui donnait l'impression d'être dans le ventre d'un dragon maléfique. Ventre dans lequel elle était venue s'asseoir de son plein gré. Ce dragon filait, l'emportant avec elle vers un futur inconnu.

Timéo avait pris sa main. Son contact était doux et chaud. Elle décida de céder, de se laisser aller, de laisser faire ce qui devait se faire.

- Fermez les yeux Mathilde. Concentrez-vous sur votre respiration. Sur l'air qui entre par vos narines un peu plus frais et celui qui ressort un peu plus chaud. Imaginez un rayon de soleil qui, comme un pinceau viendrait caresser votre tête. Ce pinceau de lumière doux et tiède a ce pouvoir de détendre ce qu'il touche.

Ses pensées se télescopaient sous son crâne. Elle avait du mal à ressentir la détente, elle sursautait.

Mais le temps s'était ralenti. Le bruit des conversations des autres voyageurs, s'estompait dans un coton moelleux.

- Ce pinceau de lumière peut se transformer en une douche de détente, qui coule doucement sur votre tête, et la détend, la relaxe. Vous sentez votre nuque se détendre, vos joues se relâcher, votre langue reposer tranquillement au fond de votre bouche.

Au fur et à mesure que Timéo parlait et suggérait les sensations de détentes, Mathilde sentait son corps s'enfoncer dans le fauteuil. Elle se sentait de mieux en mieux apaisée et sereine.

- Maintenant, cette détente a envahi tout votre corps, de la tête aux pieds et des pieds jusqu'au sommet de la tête. Vous plongez au plus profond de vous-même, dans un espace ou les ondes cérébrales sont entièrement ralenties.

Il avait prononcé ces mots de façon lente et profonde. Si lente et si profonde.

Mathilde flottait dans un monde cotonneux, chaud et agréable. Elle aurait voulu toujours rester là. Rien ne semblait pouvoir l'atteindre. Elle continuait d'entendre Timéo, mais était incapable d'ouvrir ses yeux.

- Faites venir à vous un endroit que vous aimez, où vous vous sentez en sécurité, dans lequel vous vous sentez bien.

Aussitôt, le bord d'une rivière apparut. Un endroit avec de l'herbe du soleil et des chants d'oiseaux. Elle se vit s'allonger sur l'herbe fraîche, entendit le gazouillis de l'eau sur les galets,le trille d'un oiseau. C'est un endroit qu'elle adorait, où elle se sentait merveilleusement bien. Un endroit où elle se ressourçait.

- Cet endroit, vous pourrez y revenir quand vous le souhaiterez. Ici, il ne peut rien vous arriver.

Je vous propose d'aller aux origines de votre peur. Au commencement. À l'événement qui a fait naître et perdurer en vous cette angoisse que vous portez en vous. Afin que vous compreniez et que vous arriviez à la surmonter. Cette démarche peut être douloureuse et effrayante, je connais votre courage. Je sais que vous pouvez y arriver. Êtes-vous d'accord pour aller jusqu'au bout ?

Elle oscillait entre la veille et le sommeil, se sentait parfaitement lucide et alerte tout en étant complètement relâchée et molle.

Sa main serra un peu plus fort celle de Timéo. Mathilde avait accepté l'aventure.

- Alors à présent, prenez ce petit chemin à votre droite. Oui celui-là. Il va vous mener vers l'ascenseur du temps.

Elle se retrouva bientôt devant une cabine d'ascenseur, posée là au milieu du chemin. Les portes étaient ouvertes. Après un instant d'hésitation, elle y entra. Les portes se refermèrent aussitôt.

L'intérieur ressemblait à un intérieur d'ascenseur classique, à la différence qu'aucun bouton ne permettait de choisir le niveau de destination. Étrangement, elle sut exactement à quel étage elle allait s'arrêter. La cabine vibra. La descente commença.

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