Opening : https://www.youtube.com/watch?v=DDjPc51fR8Y

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 Assis en tailleur au sommet d'un immense rocher, Tokri sentait le Chakra parcourir l'ensemble de son corps depuis une bonne heure. Frissonnant sous son contact de glace, Tokri était satisfait de parvenir à maintenir sa concentration aussi longtemps. Jugeant s'être suffisamment exercé au contrôle de ses flux, l'Utak les dirigea vers la plante de ses pieds, adhéra à la surface et rejoignit le sol en contrebas. Deux semaines venaient de s'écouler, durant lesquelles les Genins avaient alterné entre leurs entraînements et des missions peu stimulantes, telles que des travaux d'intérêts généraux ou des traques de chats perdus.

 Lors de l’une de ses journées de repos, Tokri avait découvert un accès menant à l'une des deux falaises accolées à Chikara. Éloigné du reste du Village, l’endroit était parfait pour l’adolescent solitaire, qui y organisa bien vite un programme routinier. Au petit matin, il s’entraînait à son repaire personnel, avant de rejoindre son équipe pour le reste de la journée. Selon son état de forme, l’Utak revenait se noyer dans son zèle. Depuis le départ de Okioto, seule la vengeance animait son esprit, le poussant à dépasser les limites de son endurance.

 En guise de pause, Tokri admira une fois encore la beauté du désert s'étendant au-delà de l’horizon. Il ne se lassait pas d'observer d'un œil neuf l’architecture de son Village. L'artisanat chikarate en avait taillé chaque détail à même la roche, un art qui n’avait pas été perdu comme en démontrait la qualité de préservation des habitats. Les grains d’or s'incrustaient à la façade des demeures, source du surnom de « Village du Sable ».

 Satisfait de ses progrès, Tokri fit quelques pas pour rentrer chez lui lorsqu’une voix l'interpella :

— Qui es-tu ?

 Une ombre engloutit l'Utak, qui dut lever la tête pour apercevoir une silhouette trônant en hauteur, couvrant le soleil couchant. Le Genin se sentit soudainement insignifiant face à cette apparition presque surnaturelle, qui descendit de la même manière qu'il l'avait lui-même fait quelques minutes plus tôt.

— Tokri Utak, répondit-il au nouveau venu. À qui ai-je l’honneur ?

— Toshirô Okuggi, l'informa sèchement le garçon.

 Descendu de son piédestal, Toshirô n’avait plus rien d’imposant. D’apparence assez fine, ses yeux étaient d’un gris très clair et sa chevelure dépareillée d'argent. Son visage était étrangement pâle, chose rare parmi les Chikarates, presque maladif. Ce teint était accentué par un jogging et un tee-shirt blanc. L'Utak remarqua qu'il disposait de nombreuses poches à projectiles : deux au torse, et quatre sur les côtés de chaque jambes.

 Le garçon dévisagea Tokri des pieds à la tête, une lueur de compréhension naissant progressivement dans son regard.

— L'Utak diplômé après une pitoyable première tentative ? cracha t-il avec mépris.

— On se connait ? demanda Tokri, les poings serrés.

 Il suffisait au Genin aux cheveux de jais de lire la flamme du regard de Toshirô pour comprendre vers quoi cette conversation risquait de déboucher. Les sens aux aguets, l’Utak se demanda ce qu’il avait bien pu faire pour mériter de se faire agresser une fois par semaine.

— J'ai entendu des rumeurs sur ta famille, répondit Toshirô en esquissant un demi-sourire moqueur.

— Je n'ai pas le temps pour les ragots, rétorqua sèchement l'Utak, qui sentait son cœur s'accélérer soudainement.

 De ce qu'il en savait, sa famille avait toujours souffert de la carrière de Bril. La profession de shinobi amenait son lot de choix regrettables, et le commun des mortels était bien plus prompte à juger qu'à pardonner. Les disparitions de Lila et Uril Utak n'avaient fait qu'accentuer la mauvaise opinion de nombreux Chikarates à leur sujet.

— Que dirais-tu d’un duel ? le coupa Toshirô en se frottant les phallanges. Je souhaiterais évaluer mes progrès.

— Je n’aime pas me battre sans raison, répondit sèchement Tokri, peu enclin à satisfaire l'irrespectueux jeune homme.

— Aurais-tu peur de te blesser ? ironisa le pâle Genin.

 Bien qu'il rêvait d'une rencontre de courtoisie entre son poing et le visage de Toshirô, Tokri garda son calme et reprit sa marche, attendant de dépasser Toshirô avant de répondre sèchement :

— J'en ai assez de satisfaire les pulsions de violence des minables de ton espèce.

 Son corps agissant de lui-même, Tokri para un coup de pied sans daigner se retourner. D’une impulsion de sa jambe libre, Toshirô prit ses distances avant que son adversaire ne tente une contre-attaque. L’Okuggi noua son bandeau autour de son front et lui adressa un rictus provocateur. Tokri soupira de dépit et prit une posture de combat.

— Les types dans ton genre ne comprennent jamais ce que nous autres vivons ! cracha Toshirô avec mépris. Mon clan ne me laisse pas le luxe de l’échec !

— Je suis censé me sentir concerné ? soupira un Utak agacé.

 Le garçon aux cheveux d'argent prit à nouveau l'initiative, mais sa frappe traversa un Tokri fantomatique. Caché derrière un rocher, le Genin aux cheveux de jais esquissa un sourire moqueur. A l’avenir, il y réfléchira à deux fois avant de se la raconter avec son bandeau.

— Ne me sous-estime pas, lui conseilla Tokri.

 En déduisant la position de son adversaire, le jeune Okuggi sprinta avant d’effectuer une glissade, se retrouvant face à un adversaire le toisant d’un sourire carnassier. Toshirô tenta de le projeter en l’air d’un coup de pied vertical paré sans difficulté. Tokri saisit le jeune homme aux cheveux d’argent par le col et lui cala un coup de tête en plein front. N'en restant pas là, l'Utak le balaya d’un coup de pied latéral dans les côtes, l’envoyant violemment contre un rocher. Chancelant, Toshirô se releva pour constater que Tokri l’attendait patiemment, bras croisés.

— On en reste là ? La prochaine fois, tes côtes risquent de céder.

 L'orgueil blessé, Toshirô envoya un shuriken que le Genin aux cheveux de jais para sans problème d’un kunai. Il comprit en une fraction de seconde que le projectile en dissimulait plusieurs, qu'il dévia sans soucis.

 Toshirô fonçant stupidement droit sur lui, Tokri frappa de son arme mais ne rencontra que le vide. L’Utak eut à peine le temps de comprendre qu'il venait de se faire leurrer par un clone inconsistant qu'il sentit un léger choc dans son dos, le faisant quelque peu chanceler. Bien insuffisant pour son corps renforcé au Chakra, Tokri fit volte-face et foudroya du regard son agresseur, avant d'être surpris des larmes creusant les jours de porcelaine de l’Okuggi. Semblant avoir besoin de se prouver quelque chose, Toshirô repassa à l’action, ravivant l'exaspération de Tokri. L'Utak para sans mal ses assauts et finit par lui caler un violent crochet à la mâchoire, l’envoyant mordre la poussière.

 Le souffle rauque, Toshirô ne tenait qu'avec peine sur ses jambes tremblotantes, n'inspirant que de la pitié de la part de son opposant. Quelque soit l'histoire du Genin aux cheveux d'argent, ce combat n'avait jamais eu le moindre intérêt. Décidant de se replier en quelques bonds, Toshirô trôna en haut d’une façade rocheuse et essuya le filet de sang qui s'écoulait de sa lèvre inférieure.

— La différence de niveau est flagrante, lui asséna Tokri. Abandonne.

— Ce combat ne sera terminé que lorsque tu giseras dans ton sang ! répliqua Toshirô, le regard dément.

 Tokri se mordit la lèvre, agacé. Mais qu'avaient-ils tous à vouloir tuer des compatriotes ? La cour martiale avait un attrait qui lui échappait ?

— Quoique tu cherches à prouver, ce n’est pas la solution !

 Une pluie de shurikens enragés s'abattirent sur lui, ne lui laissant que peu de marge de manœuvre. L’Utak se saisit d’un second kunai et dévia ceux qu'il ne parvenait pas à éviter, mais plusieurs projectiles parvinrent à faiblement saigner ses bras et jambes. Sans ses réflexes, il en aurait certainement déjà reçu un dans un point vital. Ce garçon était-il complètement fou ? Qu'avait-il donc vécu pour prendre le risque de trahir son Village ?

 Lorsque le stock de Toshirô fut réduit à néant, l’Utak fit un pas vers lui avant de trancher, stupéfait, plusieurs pommes.

— Sérieusement ? s’exclama-t-il, incrédule face à l’absurdité de la scène.

 Tokri comprit que son jugement avait été trop hâtif lorsque l’une des pommes frappa douloureusement son épaule. En une grimace, il extirpa les pointes fichées dans sa peau et comprit que son adversaire avait caché un makibishi en son cœur, petite boule en métal surmonté de fines piques, généralement employé pour ralentir la course d'un ennemi. Malin, Toshirô n'en avait pas mis dans chaque pomme afin de brouiller les pistes. Dans le doute, Tokri décida d'agir comme si chaque pomme représentait une menace.

 Lorsque sa réserve fut définitivement épuisée, Toshirô descendit de son piédestal et s’approcha de son adversaire d’un pas victorieux. Ayant bien compris que son agresseur ne renoncerait pas à sa folie, l'Utak avait la ferme intention d'écourter l'affrontement. Décidé à ne pas lui céder l'initiative, Tokri accéléra et bondit au-dessus de Toshirô pour atterrir habilement derrière lui, le laissant statique de surprise face aux ressources du Genin aux cheveux de jais.

 D’une solide clef de bras, Tokri le força à s’agenouiller, puis un coup sec à la nuque fit l'envoya mordre la poussière en un nuage de sable. L’Utak le relâcha alors et passa à côté de lui avec la ferme intention de prendre enfin son repos, laissant son compatriote avec son membre perclus de douleur.

 En piteux état, Toshirô se releva en s'aidant d'un rocher à la stupéfaction de Tokri.

— Crois-tu que j’en ai fini avec toi ? lui hurla Toshirô d'une voix démente et postillonnante.

 Tokri se tourna vers lui et n’apprécia guère la folie agitant le regard de l’Okuggi. Le combat était terminé, quoi qu'en pensait le Genin à la peau pâle.

— Ne sois pas ridicule ! répliqua Tokri, exaspéré, en esquissant quelques pas supplémentaires pour quitter les lieux.

 Toshirô hurla de colère et frappa à l’aveugle, facilement esquivé. Il tenta de le frapper à plusieurs reprises, simplement évité par Tokri.

— Tu as fait de ton mieux, dit Tokri avec compassion tout en évitant sans mal une droite. Rentre chez toi.

 Hurlant de frustration, Toshirô s’éloigna en quelques pas chancelants.

— Je ne ferai pas honte à mon clan !

 Ouvrant la bouche pour tenter une énième fois de lui faire entendre raison, aucun air n'en sortit, le souffle coupé par un puissant coup de poing qui le fit se fracasser à son tour face contre le sol. La main crispée sur son ventre, Tokri cracha un peu de sang sans comprendre ce qui venait de lui arriver, la force du coup en aucun cas comparable à tout ce qui avait précédé. Il n’eut pas le temps de se relever qu’il fut martelé de frappes invisibles, sans pitié.

 Abasourdi, Tokri fut incapable de réagir jusqu'à être saisis par le col et de se retrouver projeter sur plusieurs mètres. Heurtant le sol à plusieurs reprises, il acheva mollement sa course, telle une poupée brisée. Tout tournait autour de lui, le laissant orphelin de tout repère, un goût de sang mêlé au sable envahissant sa bouche.

— La spécialité de mon clan est le Ganseki Goken, asséna Toshirô, glaçant le sang de Tokri par cette seule information.

 En temps normal, un shinobi ne pouvait employer qu'une infime partie de son Chakra, la plus grande partie restant latente afin de ne pas abîmer le corps. Basé sur une grande part de méditation, le Ganseki Goken était un style de taijutsu permettant de lever les huits barrières de l'organisme afin d'en exploiter le plein potentiel. Ses gardes-fous étaient couramment nommé "Les Portes du Chakra". Plus l'utilisateur ouvrait de Portes, plus il devenait puissant, au risque d'abîmer grièvement son corps.

 De par son surplus de force physique et de vivacité, nul doute que Toshirô avait levé son premier verrou. Tokri arma ses poings de deux kunais, ce qui provoqua l’hilarité de son adversaire, amenant le Genin aux cheveux de jais à se questionner un court instant sur les sources du chaos enragé contrôlant Toshirô. Que lui avait fait subir son clan pour le pousser à une telle extrémité ?

 L’Utak garda le silence et se concentra sur le prochain assaut. Poussé par son instinct de survie, l’Okkugi n'était plus le seul à se battre avec l'intention de tuer

 Lorsque Toshirô enclencha sa course, Tokri tenta de l'éliminer en lui envoyant ses projectiles en une précision chirurgicale. Ne ralentissant en aucun cas, l'adepte du Ganseki para les menaces de ses poings. Saisissant cette opportunité, Tokri fila face à son ennemi tout en concentrant du Chakra dans sa jambe droite et le frappa verticalement au menton. Ainsi projeté dans les airs, Tokri bondit pour saisir Toshirô par les chevilles, avant de se laisser basculer en arrière. Le Genin aux cheveux de jais tournoya plusieurs fois sur lui-même dans le but d’atteindre une vitesse suffisante et projeta Toshirô au sol avec fracas. Tokri atterrit durement, à bout de souffle. À sa grande surprise, son adversaire se releva. Du sang coulait abondamment le long de son menton, ce qui ne l'empêchait pas de lui adresser un rictus empli de haine, le laissant contempler ses dents devenues écarlates. Le Ganseki lui avait-il fait définitivement perdre toute capacité de raisonnement ?

 Le souffle rauque, des veines saillant sur ses bras et une lueur presque inhumaine brillait dans ses yeux, chaque mouvement semblait accompagné d'un grincement douloureux de son corps, comme une machine poussée à l'extrême.

 L’Okkugi le fixa durant quelques secondes de son regard dément. Ne laissant pas à Tokri le temps de songer à une stratégie, une nouvelle frappe à l'estomac lui coupa la respiration. Ses mains se crispèrent au point d'impact, tandis que les paumes de Toshirô lui saisirent le visage.

 Un choc contre son front manqua de lui faire perdre connaissance, tandis qu'il se sentit chuter lourdement au sol. Sa vision se fit trouble, le monde tournoyant à toute vitesse dans une course folle. Une poigne lui saisit la cheville et le souleva, précédant une nouvelle douleur dans son dos qui se répandit à travers tout son corps tandis qu'il glissait à terre. Il redressa douloureusement la tête, groggy. Ses cheveux collés par la sueur et le sang lui obscurcissaient la vue.

 A travers les brumes, il crut reconnaître la silhouette de Toshirô, forme fantasque à peine humaine. Alors qu'il s'attendait au coup de grâce, il la vit s'effondrer au sol. Incapable de se maintenir éveillé, Tokri glissa parmi les ténèbres.

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Ending : https://www.youtube.com/watch?v=TqFkv1ib1FU