Épisode 21 - Retour au soleil

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Opening : https://www.youtube.com/watch?v=DDjPc51fR8Y

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 Le voyage vers Chikara fut éprouvant mais court. Les convalescents incapables de se déplacer étaient transportés sur des civières de fortune, sanglés pour éviter toute blessure accidentelle. Mutika n’en menait pas large et Tokri s’attachait à le charrier avec persistance. Sarouh observait parfois le duo avec curiosité, certain que l’Utak se donnait du mal pour alléger la douleur de son camarade. Il fut volontaire pour le porter tout le voyage, assisté des filles qui tournaient épisodiquement.

 Gomaki utilisait le clonage pour ramener Sarouh, moins par nécessité que pour le symbole. Mettre en avant la coopération inter-village et le respect des soldats étrangers en épargnant les kunoichis était intelligent. Tout le but de la manœuvre était d’apaiser les tensions entre le Désert et la Cascade, chaque opportunité était bonne. Dans l’état de délabrement dans lequel il se trouvait, cela lui était parfaitement égal. Il était hypnotisé par le ballet du soleil et des cheveux azurs d’Izul, alors que le paysage se transformait sous ses yeux. En dépit du fardeau que représentaient les blessés, l’escouade progressait aussi vite que leurs capacités de shinobis le permettaient.

 Maintenu dans un état de demi-conscience autant par les médicaments que par l’infection contre laquelle ils luttaient, ses rares moments de lucidité lui servaient à discuter avec Izul, dévouée à son rôle. Alors que l’équipe arrivait au but, les mots qu’elle prononçait perdaient de leur sens pour le patient. Malgré son mal-être, la douce voix de l’infirmière de fortune lui permettait de tenir le coup. Le Chuunin n'eut pas conscience de son arrivée ni de sa prise en charge par l’unité médicale.

 Il reprit connaissance dans un lit d'hôpital, en milieu de soirée. Encore hagard, Sarouh se redressa précautionneusement dans son lit. Il passa la main sur son ventre meurtri, et fut satisfait de sentir sous ses bandages une douleur bien moindre. Sa fièvre aussi avait chuté. L’opération et le ninjutsu médical l’avaient tiré d'affaires. Peut-être même pouvait-il rêver d’une sortie rapide.

 Ses espoirs s’évanouirent lorsque la porte s’ouvrit sur une tornade brune en blouse blanche et aux cheveux en carré, encadrant un visage sévère. Sarouh reconnut la quinquagénaire immédiatement. Alors qu’elle récupérait de quoi refaire ses bandages, la kunoichi lui adressa un sourire de requin :

— Tu l’aimes tant que ça, cet hôpital ?

 Il frémit d’effroi. Le Gensouard n’en menait pas large face à la kunoichi qui l’avait soigné lors du Tournoi. A cette question rhétorique s’ajouta vite de nombreuses remarques passives-agressives. La médecin était aussi impitoyable que compétente. Alors qu’il était à nouveau sermonné sur l’irresponsabilité des jeunes shinobis, l’entrée de Tokri et Nika le soulagea. A sa grande surprise, le regard perçant changea de cible.

— Voilà qui explique beaucoup de choses. Mon cher neveu, ton amour de l'hôpital n’était pas une maladie transmissible, la dernière fois que j’ai vérifié.

— Je n’y suis pour rien cette fois, Utika.

 Il y eut un regard de connivence entre les adolescents. Le fait qu’elle soit sur le dos de Sarouh le rendait d’autant plus sympathique à ses yeux. Ce dernier compatissait en imaginant ce que ça pouvait être de l’avoir pour tante. Tokri lâcha un soupir avant d’ignorer Utika, décidée à prendre Nika pour cible.

— N'essaie même pas de te foutre de moi, Tsumyo.

— Ce n’était pas mon intention. Qu’est-ce que vous me voulez ?

 Nika sursauta, comme ramenée à la pièce par la question. Elle répondit d’une petite voix, sa frange utilisée comme bouclier :

— Gomaki veut te voir.

 Le cœur de Sarouh se serra devant cette distance renouvelée et masqua sa déception en se pinçant le nez avec les doigts, prétextant de la fatigue.

— Pourquoi ? J’avoue que je resterais bien au repos.

— Ça attendra demain, répondit l’Utak en haussant les épaules. Et en es-tu si sûr ?

 Tokri désigna de la tête Utika, auscultant sa partenaire rouge écrevisse.

— Ça marche, capitula le Tsumyo dans un soupir. Où ça ?

— Izul se fera une joie de passer te prendre.

— Où est-elle d’ailleurs ?

— Coincée chez elle, apparemment.

 La marionnettiste réussit à échapper quelques secondes à l’infirmière une seconde pour lui dire qu’elle était contente de voir qu’il allait mieux avant de battre en retraite devant le sourire sadique d’Utika qui s’était équipée d’une vilaine seringue. Tokri ne se fit pas prier et disparut avec elle. Les traîtres.

— Bien. Tu y réfléchiras à deux fois avant de te blesser de nouveau.

 Sarouh, tout expert de l’affrontement qu’il était, ne put que déglutir avant de subir son courroux sans avoir le temps de dire qu’il n’avait pas vraiment fait exprès de finir ainsi. Après avoir pris son traitement, une violente nausée le prit, juste avant que la fatigue ne l’achève. Le cocktail médicamenteux était efficace, mais possédait son lot d’effets secondaires. Utika le laissa tranquille aux premiers signes de vomissements et il sombra dans un sommeil agité dès qu’ils cessèrent.

****

 Sarouh se réveilla, étonnamment en forme. Faible, mais sans le moindre symptôme. D’un regard rapide, il inspecta son ventre : quelques points d’entrée visibles, nets et sans risque de cicatrices. Le travail était impeccable. Le drainage du sang avait atténué l’horreur de la blessure, laissant sa peau marbrée d’un bleu profond. Il comprit que les médicaments avaient achevé de purger son estomac. Izul n’avait pas menti sur les compétences Chikarates.

 Sur la table de chevet, un mot l’attendait, accompagné de quelques pilules de couleurs : Prends tout sans poser de questions. Premier repas autorisé à midi.

 D’un geste las, il passa la main dans sa tignasse bleue, désormais en bataille. Une chose de plus à régler. Il soupira, avant de s’exécuter. Le goût amer des remèdes le fit grimacer alors qu’il s’approchait de la fenêtre pour ouvrir les rideaux. Sa chambre fut immédiatement envahie par une vive lumière. Il contempla le Village inondé de soleil en contrebas. Habitué aux marécages et à l’architecture Gensouarde, les bâtisses arrondies du Désert possédaient un charme singulier qui ne le laissait pas indifférent. Le ciel bleu azur était une promesse de renouveau, et un signe de son retard.

 Bien qu’aucun horaire ne lui était spécifié, Sarouh était assez accoutumé aux manières des ninjas pour se douter que l’arrivée d’Izul n’était qu’une affaire de minutes. Son instinct ne le trompa pas : la jeune femme entra avec un petit sac, alors qu’il était encore affairé à enfiler son bas. Il dissimula sa gêne en détournant le regard, encore torse nu. La Genin n’en fit pas grand cas et l'alpagua avec un sourire si solaire qu'il en éclipsa celui de Chikara. :

— Bonjour Sarouh, comment te sens-tu?

 Son regard détailla le corps du Chuunin avec intensité, glissant sur ses muscles fins et les nombreuses cicatrices qu’il arborait. Elle s’arrêta sur la tâche centrale en se pinçant les lèvres, avant de seulement rencontrer le regard du Tsumyo. Elle comprit à son expression qu’elle n’avait pas entendu sa réponse. Sarouh reprit avec un sourire moqueur :

— Je disais, ça va mieux, merci. Je constate que tu avais très envie de me revoir.

— J’espérais que tu sois plus mal en point, pour ne pas avoir à te supporter. Utika t’a fait payer ton insolence ?

 La moue de Sarouh lui répondit mieux que n’importe quelle phrase. Ils éclatèrent de rire, alors que la gêne disparaissait pour de bon. Izul lui tendit ensuite des vêtements, révélant le contenu de son sac.

— Tu ne pensais tout de même pas sortir habillé comme ça ? Tu vas mourir de chaud. Je me suis permise de t’apporter de quoi supporter notre climat. Ca t’ira bien je pense.

 Elle ponctua sa remarque d’une oeillade provocatrice. Déstabilisé, il ne sut que répondre. Les vêtements lui servirent de distraction et le shinobi s’empressa de mettre la chemise de la couleur du ciel, échappant ainsi aux regards indiscrets de la kunoichi. Ils prirent ensuite le chemin du terrain d’entraînement, dans un silence complice.

 Sarouh se surprit à reconnaître le chemin qui menait à destination. Dans l’ombre des ruelles les plus fraîches, Izul le guidait dans le dédale Chikarate sans cacher l’attention qu’elle lui portait. Elle ignorait également pourquoi Gomaki voulait le voir. Le Chuunin voyait bien qu’elle avait sa petite idée, mais ne creusa pas, il serait bien vite fixé.

 Ils arrivèrent finalement au terrain d'entraînement. Le sol rocailleux était égal, l'espace dégagé et un recoin était prévu pour faire des pauses à l'ombre. Sarouh s'y sentit tout de suite à l’aise. Les lieux dédiés à l’entraînement étaient ce qui se rapprochaient le plus d’un chez-lui. Caressant la poignée d’Aura comme porte-bonheur, il s'arma de courage avant de saluer le Juunin qui l'attendait, cigarette à la bouche. Le reste de l’équipe Myo était aligné, attendant manifestement leur arrivée. Il le héla en retour :

— Sarouh ! C’est un plaisir de te revoir. J’espère que tu te sens mieux ?

— Beaucoup mieux, grâce à vous. Que puis-je pour vous ?

— J’ai une faveur à te demander, en tant qu’ambassadeur de Gensou, le Village des illusions.

 Il se débarassa prestement de sa cigarette et posa sa main sur l’épaule de Mutika, un sourire aux lèvres, avant de reprendre :

— Suite à votre affrontement avec la chose de Nikidami, mes chers élèves pensent le genjutsu inoffensif.

— Tiens donc. En voilà des propos intéressants.

 Les hommes de l’équipe détournèrent rapidement le regard, alors qu’Izul avait discrètement rejoint Nika qui lui adressa un timide sourire. Il était fréquent que les spécialistes du corps-à-corps déprécient l’art des illusions. En général, ils le considéraient comme lâche. Mais inefficace était un terme rarement associé au genjutsu, même si les réels experts en la matière étaient très peu nombreux.

— J’y peux rien, sembla regretter Mutika. Si on avait eu un expert en ninjutsu en lieu et place de vous, le combat n’aurait pas demandé l’intervention de Gomaki. Si ce n’est pas la définition d’inefficacité, je ne sais pas ce que c’est.

— Merci d’illustrer mon propos, mon garçon. Tu vois Sarouh ? Vous devriez tous en tirer parti.

 Le Juunin laissa son propos en suspens, impassible. Insinuait-il qu’il lui offrait là l’entrevue qu’il avait réclamée à Nikidami ? Peut-être bien. Plus que son argent manquant, c’est son orgueil piqué au vif qui le poussa à accepter.

 Évidemment, son art n’avait pas fonctionné contre l’autre monstruosité : la créature n’avait plus d’humaine que le nom, au fil de ses transformations. Bien qu’aucune preuve définitive ne soit encore revenue, Sarouh imaginait que la substance devait inonder les méridiens dédiés au passage du Chakra de manière anarchique. Qu’ils puissent croire que cet incident remettait en cause sa force l’irritait. Cela n’avait rien de représentatif, et il n'allait pas laisser un Genin tout droit sorti de l'Académie le juger. Il répondit d’un ton sec, ne s’embarrassant même pas à dissimuler son agacement.

— Très bien, très bien. On considère que ce cours est le mien, et que j’emploie la méthode que je veux ?

— Fais comme tu le sens. Ils ont mangé, souffla Gomaki, en un trait de fumée de sa cigarette.

 Son air un peu blasé en disait long. Le Tsumyo vit où il voulait en venir. S’il désirait que la petite équipe Chikarate survive, il leur fallait apprendre cette leçon de manière définitive. Il s’arma d’un très énervant sourire en coin dont il n’allait pas se départir de tout l’entraînement, puis malaxa son Chakra et commença. L’illusionniste tissa lentement sa toile autour des aspirants, alors qu’il simulait de réfléchir à comment commencer sa séance. Une fois préparée, il reprit la parole avec un ton faussement avenant :

— Tout d’abord, sachez que le genjutsu peut être un art très subtil. Il n’est pas nécessaire de créer une illusion très puissante pour être efficace.

— Mouais, marmomma Mutika, sceptique.

— Évidemment, tu es peu convaincu.

 Il s’avança vers la marionnettiste qui sembla vouloir disparaître de cette séance. Verrouillant son coeur à triple tour, il posa la main sur son épaule :

— Fort heureusement, il y a des membres plus doués dans ton groupe. Nika ! Tu sais les défaire, évidemment ?

— Je… Non, je…, bafouilla-t-elle devant la brusque sévérité de l’amical Chuunin.

— Pourtant le contrôle du Chakra fait bien partie de la fierté des marionnettistes ? Tu es bien une Hynomori ?

— Oui mais je…

— On doit te sauver de la moindre attaque du corps-à-corps, ta marionnette a été réduite en miettes, et tu es en train de me dire que tu es incapable de quelque chose d’aussi basique ?

 A chaque remarque, Sarouh resserrait son emprise sur Nika. Rouge de honte et de culpabilité, les yeux rouges, elle se recroquevilla avant de se laisser choir, dissimulant au mieux pleurs et reniflements. L’illusionniste fit mine de la juger d’une expression glaciale, avant de reprendre son sourire acide. Il obtint l’effet escompté, car Tokri explosa. Comme prévu.

— Parle lui encore une fois sur ce ton, et...

— Et quoi, Tokri ? Tu me tues ? Parce que tu t’en crois capable ? Tu es faible, si faible.

 Sarouh se rapprocha du jeune homme aux cheveux de jais, au point que leur front se touchait presque, fichant son regard dans le sien. Il posa la main sur son épaule comme provocation supplémentaire.

— Tu es à peine capable de gérer deux pauvres bandits. Pas plus que de sauver tes coéquipiers. Obligé de ritualiser la mort d'un ennemi pour passer à l'âge adulte. Tu as tellement de retard en tant que ninja, essaie déjà de ne pas être un fardeau pour les tiens, avant d’ouvrir ta gueule.

 Sarouh déclencha ainsi une nouvelle réaction disproportionnée, ponctuant de Chakra ses remarques toxiques. Dans un grossier beuglement, il se jeta sur l’illusionniste et vit son poing bloqué par un Gomaki déçu de la facilité avec laquelle ses élèves rentraient les uns après les autres dans le jeu du Gensouard.

 Un ange passa, alors que le Chuunin constatait que le coup de l'Utak l'aurait peut être effectivement tué. D'instinct, il avait visé sa récente blessure, renforcé par le Gyo. Bloqué par son sensei, il sembla lentement réaliser ce qu'il était en train de faire. Il ignora le frisson que cela lui inspirait et récompensa son auditorat d’un sourire triomphal.

— Vous voyez, il vous en faut peu.

 Un silence douloureux s’abattit sur le groupe. Izul et Mutika étaient abasourdis de voir les réactions de leurs amis. Sarouh les laissa mijoter un moment. Il savourait autant la peur qu’il commençait à percevoir dans le rouquin qu’il luttait contre la culpabilité ressentie en voyant la marionnettiste anéantie. Expirant doucement, il en profita pour adopter une expression plus douce et avenante. Il s’approcha de la Leïl d’un pas lent, avant de l’interroger d’une voix douce et chaude, presque charmeuse, s’assurant de croiser son regard :

— Izul, mon seul espoir pour cette équipe, tu veux bien expliquer aux autres, toi qui est brillante ?

— Tu t’appuies sur des choses existantes, je dirais. Une forme d’hypnose ?

— Bravo, Izul. Comment devrais-je te récompenser ?

 Il la fixa de nouveau, avec un regard plein de promesses, sa main se posant sur la joue de la kunoichi. Pendant son petit cours, Izul ne l’avait pas quitté des yeux. Ses pupilles se rétrécirent et elle s’humecta les lèvres, soudainement en proie à une intense chaleur. Sans s’en rendre compte, elle s’était mise à respirer avec la bouche et à rougir, saisissant la main de Sarouh avec les siennes. L’esprit embué, elle sembla vouloir dire quelque chose, mais s’en vu incapable, secouée de frissons, la peau soudainement très sensible. Confuse, elle recula, d’un pas les jambes flageolantes, regardant autour d’elle comme un animal apeuré.

 Mutika comprit en premier ce qu’il avait cherché à faire et l’illusionniste y comptait bien. Tokri et Nika étaient toujours sonnés et n’avaient pu deviner ce qui se produisait chez la kunoichi aux cheveux azur. L’Utak s’était abîmé dans une colère sourde contre lui-même, tandis que l’Hynomori peinait à lever les yeux, toujours recroquevillée dans le sable. Les émotions avaient une inertie, comme tout en ce monde, et les illusions s’appuyaient brutalement dessus.

 Si le Chuunin avait empli Izul d’un désir physique puissant et irrésistible pour la jeune femme, c’était pour mieux atteindre l’Oroshi. Le Genin roux allait seulement découvrir à quel point le Gensouard était rancunier. Les réactions de l’aspirante n’avait que pour but de lui permettre de faire exploser la jalousie de son camarade. A cela s’ajoutait la colère, la peur, et la confusion. S’attaquer à lui en dernier permettait d’amplifier l’anticipation. Reprenant son désagréable sourire, le Tsumyo s’approcha de sa cible, posa une main sur son épaule et lui chuchota à l’oreille, comme une promesse :

— Alors ? Ça fait quoi de voir ce que l’on a toujours voulu saisi par un autre ? Izul ne sera jamais à toi. Tu ne la mérites pas de toute façon. Tu n’es pas de taille. Même pas foutu de protéger ses camarades en mission, voleur et menteur… Tokri serait un meilleur choix, s’il n’avait pas déjà Nika pour lui. Enfin, cela n’empêche rien, qu’en penses-tu ? Même moi, je dois avoir plus de chances. Tu es pathétique.

 Le caractère de l’Oroshi était plus difficile à cibler pour Sarouh. Ils avaient gardé une certaine distance toute la mission à Nikidami et son attaque était plus grossière. Heureusement, alors qu’il tourmentait Mutika, ses réactions lui disaient tout ce qu’il avait besoin de savoir. Plus que la jalousie envers Izul, c’est l’envie dirigée vers Tokri qui l’avait pris au piège. Même s’il tentait de lui céder le moins possible, il était tellement en colère que des larmes pointaient et que ses jointures en blanchissaient, sans pour autant être capable de frapper son bourreau. Sarouh se décida à asséner le coup de grâce. Il fallait définitivement apporter la preuve de la dangerosité du genjutsu. Il malaxa son Chakra, déclenchant un torrent là où il n’y avait qu’une rivière, servant de sa main préalablement posée sur Mutika :

— Ninpô : Visions du Mal et de l’Enfer

 La victime tomba à terre en hurlant, sous les regards éberlués des autres qui peinaient à comprendre ce qui venait de se passer. C’était une puissante illusion, l’aspirant allait déguster. Il jeta un regard interrogateur à Gomaki, qui n’intervint pas. Sarouh en fut surpris, se doutant qu’il n’était pas ravi de voir un des élèves se tordre par terre secoué de douleurs imaginaires et de peur. Il s'accroupit à côté du Genin se débattant contre des ennemis fantasmés et demanda de manière à ce que seul lui entende :

— Je peux faire en sorte que ça s’arrête quand je veux. Ma bourse, c’était toi ?

— J'ai merdé c'est vrai, mais je t'en prie arrête ça… Non...

 Au bout d’un court moment, Sarouh suspendit le jutsu aussi brutalement qu’il l’avait lancé, et se redressa. Mutika garda regard perdu dans le vide un instant, encore prisonnier de ses visions horrifiques, avant de revenir à lui dans un vomissement brutal. S’il s’attardait, Tokri allait tenter de le buter pour de bon.

— Enfoiré… T’es vraiment un enfoiré putain…

— C’est bon, tu peux te lâcher, le cours est fini. Dernière chose : je n'étais pas à fond. Dernier conseil, respecte un peu le genjutsu.

 Il se retourna vers les autres avec un faux air ravi. A ce stade, peu lui importait l’estime des Chikarates, ou même son argent. Les leçons importantes sont toujours apprises dans la douleur, se rappela-t-il. À part Izul qui n'osait même pas regarder vers lui, il n'y avait plus que de l'inimitié dans les yeux de ses camarades du jour. Prenant sur lui, Sarouh continua d’une voix claire, adressé à tous :

— Si jamais vous vous sentez manipulés et ce quelque soit l’intensité de l’illusion, il est important de désarmer vos émotions et de limiter le contact. N’oubliez jamais deux choses. Les émotions sont les ennemis du shinobi et le cerveau n’aime pas la négation. Cela sera important pour la suite.

 Sarouh ne s’attendait pas à s’être fait des amis avec cette démonstration. Tokri serra le poing aussitôt, vivant ces mots comme un crachat au visage. Peut-être qu’un jour, cette pénible session les sauverait. Pourtant, il regrettait déjà. Était-il vraiment obligé de jouer ce rôle-ci ? Meurtri par la culpabilité et la fatigue, il dissimula le tout derrière son sourire préféré, et conclut d’une dernière provocation :

— Bien, des questions ?

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Ending : https://www.youtube.com/watch?v=TqFkv1ib1FU

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