Épisode 50 - Fracture

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—Tu es sûr de toi ?

 Sarouh opina du chef, le regard perdu. Il n’avait pas le choix. L’ordre de Gensou posé sur le lit dérangé de sa petite amie avait scellé son destin. La jeune femme le regarda avec une expression indéchiffrable, avant de poser sa main sur sa joue, à califourchon sur lui.

— Je te suis alors.

— Ça me tue de l’admettre, mais tu ferais sûrement mieux de rester ici.

 La voix de l’adolescent ne trembla pas, alors que son cœur se séparait en deux pour protester. Cela faisait des semaines qu’il craignait le pire et voilà que celui-ci se profilait. Nina ne le lâcha pas.

— Tu es ce qui m'est arrivé de mieux. Aucune chance que je te laisse t’en aller comme ça.

 La barmaid continuait à surprendre le Chuunin. Très tendre avec lui, elle prenait une place de plus en plus importante dans sa vie. Ils dormaient ensemble tous les soirs et la jeune femme assistait à l’essentiel de ses entraînements. Sarouh ne comprenait pas ce qu’elle lui trouvait mais profitait de son conte de fée autant que possible.

— Je ne pourrai peut-être pas te protéger.

— Fais de ton mieux alors.

 Nina lui adressa un clin d’œil ravageur et le repoussa doucement sur le lit, avant de se poser contre son torse. Toute sa force de shinobi s'évapora face à ce contact. Depuis qu’il l’avait rencontré, avait-il été capable une seule fois de lui dire non ? Mais comprenait-elle vraiment ce que ça impliquait ? Il n’en était pas sûr lui-même. L’adolescent regarda sa petite amie allongée sur lui, encore à moitié réveillée, pas tellement habillée.

— J’ai toujours l’impression d’être dans un rêve avec toi.

— Alors que j’ai la sensation d’être sortie d’un cauchemar, répondit Nina en relevant sa tête vers lui. Tu veux me dire quelque chose ?

— Je ne te comprends pas. Je t’adore, mais j’ai pas la moindre idée de ce que tu fous avec moi.

 La blonde lui répondit d’un rire cristallin. Ce n’était pas exactement ce que le Gensouard avait en tête. Plus âgée, incroyablement jolie, drôle et dotée d’une répartie à toute épreuve, Nina lui semblait beaucoup trop bien pour lui. Quel attrait pouvait-elle trouver à un naze dans son genre ?

— Tu douterais de mes choix, Tsumyo ? demanda-t-elle en ponctuant sa phrase d’une pichenette sur le front.

— J’ai besoin d’être sûr, répondit froidement le concerné. Sinon, je pars sans toi.

 Il ne le ferait jamais, il n’en était pas capable. Mais son visage parfaitement inexpressif agita Nina, surprise par son soudain sérieux. La peur et la colère faisaient un couple étrange dans le bleu électrique de son regard. Pourquoi était-elle aussi belle dans ces moments là ?

— C’est l’unique et dernière fois que je réponds à cette question, siffla-t-elle. Je t’interdis de douter de mon amour pour toi.

 La barmaid n’avait jamais été aussi froide, tendue comme un arc. Inconsciemment, Sarouh se contracta. Pourtant, elle souffla doucement du nez et se calma contre lui, comprenant sans doute pourquoi le Gensouard tenait tant à clarifier ses doutes. Elle reprit d’une voix plus douce, caressant la peau de son partenaire sous son haut.

— Tu es le premier avec qui je peux être moi-même. C’est la première fois que je ne joue pas un rôle. Je crois que tu le verrais immédiatement.

— C’est mon ouverture d’esprit donc ?

— Il y a de ça, continua-t-elle en l’embrassant une première fois. Et tu es tendre, drôle, intelligent…

 Elle continua à ponctuer chaque compliment de baiser, de plus en plus insistant. Rapidement, le Chuunin s’embrasa, le souffle court. Il la repoussa pour ne pas perdre le peu de concentration qu’il lui restait. Ce n’était pas le moment.

— Tu sais, reprit Nina un peu déçue, c’est peut-être la dernière fois qu’on peut.

 Sarouh se figea, alors qu’elle continuait à couvrir sa main, puis son bras et sa nuque de baisers, reprenant du terrain. Il n’y avait pas pensé. Sa petite amie se redressa sur lui, plus tentante que jamais. Le Tsumyo était paralysé, entre l’urgence de la situation et le désir qui enflait en lui, il n’était plus capable de faire un choix. La peur de décevoir Nina gonflait en même temps que l’envie et le sang affluaient en son bas ventre. Son indécision ne s’arrangea pas alors que le haut de Nina rejoignait le sol, dévoilant son buste nu aux yeux du ninja.

 Les mains du soldat parcoururent son corps animé d’une volonté propre. Du dos musclé de la barmaid jusqu’à ses fesses, il sentait sa peau douce glisser sous ses doigts alors que ses yeux s’animèrent d’une faim qu’il avait toujours contenu. Jusque là. Le corps dessiné et la poitrine galbée de sa copine lui offrait une vue saisissante, sa chevelure d’or cascadant le long de sa clavicule pour descendre avec un érotisme insolent sur ses seins. Il se redressa pour la dévorer.

 Il fut surpris d’être arrêté dans son mouvement. Les yeux embrasés de Nina croisèrent les siens.

— Attends, haleta-t-elle en mobilisant toute sa volonté. Tu es sûr de toi ?

 Au désir qui le consumait se rajouta l’amour. Elle était parfaite. Sarouh ignora sa résistance et l’embrassa langoureusement, venant facilement à bout de la faible résistance de sa bien-aimée. Un gémissement lui échappa alors que la main du shinobi se posait sur son sein.

— Doucement, murmura la jeune femme avant de retirer le haut de son petit ami.

 Elle guida le shinobi de ses mains et de sa voix et un concert de soupirs et de gémissement suivirent rapidement, alors que le reste de leurs vêtements traversait la pièce. Toujours sur lui, Nina guidait leur danse brûlante de passion. Elle était splendide, sa peau hâlée faiblement éclairée par le soleil qui filtrait sous la fenêtre. Le corps sculpté du shinobi n’était pas en reste, tout en finesse et en muscles, curieusement souple et doux. Alors qu’elle trônait sur son amoureux, l’admiration de celui-ci faisait la part belle à l’envie furieuse de la faire sienne.

 Les maladresses étaient balayées par le désir et rapidement Nina l’inséra en elle. Bloqué sous la barmaid, le Gensouard ne pu que se laisser faire alors qu’elle se mettait lentement en mouvement. Noyé dans le plaisir, il lui appartenait tout entier alors qu’ils synchronisaient leurs mouvements. L’appartement résonna de leurs cris et rapidement le Chuunin fut à sa limite. L’explosion fut soudaine et puissante, alors que Nina lui griffait le dos, un plaisir infini qu’il n’aurait jamais soupçonné traversa son corps alors que sa bien-aimée bougeait tout doucement pour prolonger son orgasme.

— Ca ne me suffira pas, murmura-t-elle après un instant.

 Avec beaucoup plus de tendresse, l’ébat continua, la jeune femme désormais allongée près de lui. Sarouh apprit le corps de sa bien-aimée de ses doigts avec fougue et tendresse. Alors que Nina s’amenait d’elle-même de nouveau aux portes du paradis, elle l’embrassa.

—Je t’aime tellement.

 Le cri de la jeune femme déchira le silence alors qu’elle profitait pleinement, collée contre le Chuunin qui la couvrait de caresses et de baisers. Le souffle court, épuisés mais heureux, ils restèrent un instant silencieux dans les bras l’un de l’autre.

—Je suis heureuse d’avoir partagé ça avec toi. D’être ta première.

 Sarouh hocha de la tête. Aucun mot ne lui venait qui suffirait à décrire la réalité. Tout ce qu’il arrivait à penser c’était…

— Tu es parfaite. Je veux t’avoir pour toujours.

— C’est le plan, s’amusa Nina en laissant ses mains glisser à nouveau vers l’intimité de son partenaire.

— Malheureusement, nous ne pouvons pas profiter plus. Je dois y aller.

— Voir ta princesse ? s’agaça soudain Nina, passant de la douceur infinie à l’acidité du vitriol, la voix prenant immédiatement un octave.

— Ce n’est pas ma princesse. Comment peux-tu être jalouse maintenant ?

 Tendrement, Sarouh l’embrassa et s’abandonna aux caresses de sa bien-aimée. Il ne la comprenait pas mais ne s’agaçait en rien de son comportement. La rassurer était tout ce qui comptait. Alors qu’elle gagnait sans difficulté cette bataille, il s’excusa mentalement pour son retard à Izul.

****

 L’entrevue avec l’azurée fut de courte durée. Son jutsu était au point et la kunoichi en maîtrisait désormais tous les tenants et aboutissants. De la simple anesthésie locale à l'inhibition totale des sens pouvant mener à la perte de connaissance, Izul était désormais capable de moduler au fil de ses besoins l’illusion. C’était à la fois très similaire et très différent de ce que faisait Sarouh lorsqu’il envoyait ses adversaires dans les enfers.

 Il était prévu que tout le gang se réunisse le soir et le Tsumyo en profitait pour rassembler ses pensées. Nina le rejoindrait sous peu, bien trop impatiente et inquiète à l’idée de laisser le Chuunin seul à seul avec son élève. La blonde, bien qu’adorable, se montrait de plus en plus possessive avec lui, négociant autant que possible pour éviter qu’ils se retrouvent ensemble. Pourtant, il n’y avait plus rien entre eux, se répétait le soldat en s’allumant une cigarette.

 Il la trouvait toujours attirante et drôle. Ses traits d’esprits lui tiraient souvent un sourire, alors qu’ils passaient des heures à parler stratégies, genjutsu et politique pendant les ajustements liés à l'entraînement. Le dernier sujet revenait de plus en plus dans la bouche d’Izul, mettant Sarouh dans une position délicate. Elle lui avait avoué à demi-mots qu’elle avait peur et le Tsumyo lui avait confirmé qu’il craignait également pour sa vie, laissant la jeune femme déduire pourquoi.

 Depuis quelques semaines, le duo aux cheveux bleus s’était beaucoup rapproché. Ils se confiaient à tour de rôle, à coup de sous entendus et sous couverts de blague. Une danse verbale sans fin dans laquelle les deux protagonistes étaient à l’aise malgré la gymnastique mentale qu’elle représentait. Arasu leur faisait peur, leur relation les inquiétait et plus que tout, ils étaient effrayés de vivre sans l’autre.

 Nika s’inquiétait aussi beaucoup pour l’illusionniste. Elle multipliait les sessions de jeu, comme pour le retenir. Les discussions étaient laborieuses et toute leur communication passait par le plateau entre eux. Aucun des deux stratèges ne savait comment aider l’autre. Au fil des entraînements et des parties, l’Hynomori cherchait vainement à devenir un pilier capable de les protéger tous. Sarouh lui en était reconnaissant. Sans Gensou, cela aurait sûrement marché.

 En plus de ça, il tutorait Tokri pour le Kô. Le guerrier des Sables n’avait jamais été aussi motivé et c’était peu de le dire. Face à la réalisation possible de ses rêves, l’Utak s’était transformé en monstre d’entraînement et de volonté. Mutika s’en amusait quand le Tsumyo l’aidait à son tour. Inutile de dire que l’Oroshi était également en proie à la peur. L’humour lui servait de bouclier. Replié sur lui-même, incapable de se livrer, le Tsumyo lui avait simplement dit que le jour où il devrait se reposer sur lui, le Gensouard répondrait présent. Quelque soit la situation.

 Sarouh croyait dur comme fer à tous ses mots. Chaque engagement, il les prenait avec toute son âme. L’équipe était devenue sa seule famille et il les protégerait de toutes ses forces. Pourtant, il était échec et mat. Gensou le rappelait, dans une bourgade isolée nommée Iraba. Après des semaines sans lui donner de mission, sans réussir à joindre son grand-père ni Chiraku. En désespoir de cause, il avait même essayé de joindre Irumi et Kurimi. Aucune réponse. Le conseil Chikarate avait refusé de l’éclairer. Le Tsumyo se doutait très bien de ce qui l’attendait dans la charmante bourgade située à la frontière du territoire Gensouard. C’est pour ça qu’il avait demandé à ce qu’ils se rejoignent tous sur le promontoire.

 Le rêve avait assez duré. Aujourd’hui, la surveillance autour du Chuunin était moindre. Logique, une battue avait été organisée, des échauffourées assez violentes ayant eu lieu dans les bas quartiers et dans des hameaux sous juridiction Chikarate. La guerre échauffait les esprits et la répression était de mise partout dans le Yuukan. Avant de frapper l’ennemi, il fallait balayer devant sa porte. Il se débarassa de son mégot en entendant une voix.

— Tu es prêt ?

 Nina était derrière lui. Le couple avait convenu d’un endroit stratégique où déposer leurs affaires avant le départ. Sarouh opina du chef et ils entreprirent l’ascension du promontoire. Dans la tête du soldat, les différents scénarios se succédaient. Il était prêt à annoncer son départ et à couvrir leur fuite. Tokri comprendrait sa logique mais réfuterait le motif. Izul se joindrait à son bien-aimé. Mutika tenterait d’apaiser la situation et de laisser place au dialogue là où Kiame sauterait sur les conclusions. Nika, peut-être, admettrait qu’il a de bonnes raisons de partir. Il était possible qu’ils essaient de l’en empêcher, mais le Tsumyo était prêt à cette éventualité. Le parchemin dans son dos avait été préparé minutieusement pour lui permettre de s’échapper avec sa partenaire.

 Une douleur saisit le Gensouard à la poitrine. Il n’avait aucune envie de faire ça, mais le choix lui avait été retiré. Il revit tous les bons moments de la team Myô et se promit d’être fort. Il respecterait sa parole et les protégerait autant que possible. C’était ce qu’il faisait à sa manière.

 Alors qu’il s’apprêtait à gravir les dernières marches naturelles, le cœur battant à tout rompre, il sentit Nina tirer sa manche derrière lui.

— Sois fort. Je suis avec toi, quoi qu’il arrive.

 Sarouh l’embrassa et, sans dire un mot, acheva le trajet. Il était aussi prêt que c’était possible de l’être. Toute l’équipe était présente, à l’exception de Gomaki, soigneusement laissé en dehors de la confidence. Le Tsumyo aurait aimé voir le Juunin et le remercier une dernière fois.

 Il fit face à son équipe, sa famille. Mutika avait le sourire aux lèvres, discutant avec un Tokri détendu, la main posée nonchalamment sur le sabre d’ébène, symbole de la vengeance qui l’attendait, Izul posée contre lui, leurs mains entrelacées. Nika échangeait avec Kiame, sûrement en pleine conversation sur la maîtrise du Katon. Un sourire échappa au Gensouard qui grava la scène dans sa mémoire. Il prit son courage à deux mains, se positionnant stratégiquement devant Nina, qui posa sa main sur son épaule.

— Les amis, il faut qu’on parle.

****

— Tu vas faire quoi ?

 La voix de Nika siffla, tranchante comme une lame de rasoir qui s’enfonça dans le coeur de l’illusionniste. Il s’était préparé, mais la douleur le saisissait tout de même. L’annonce avait eu l’effet escompté. Tokri semblait hagard, alors que Nika le fusillait du regard, furieuse. Le reste de l’équipe lui envoyait des regards où la confusion régnait.

— Je pars pour Arasu avec Nina, répéta le Chuunin sans fléchir.

— Tu y as longuement réfléchi, j’en suis sûre, répondit timidement Izul. Mais pourquoi ? Pourquoi maintenant ?

— Gensou ne me laisse pas le choix.

 Il expliqua lentement, choisissant ses mots avec un soin infini. L’absence de réponse de ses contacts. La mission au goût de guet-apens à Iraba. La mise à l’écart des siens. La disparition de son précédent mentor et de ses parents. Jamais il n’échapperait à la purge des Trois. Et la menace voilée sur Nina était la goutte de trop. Gensou n’avait aucune envie de le compter dans ses troupes et il était devenu un problème qu’ils allaient régler.

— Mais tu n’as aucune preuve de ce que tu avances.

 Tokri, acide, plantait son regard dans le sien comme une menace. L’Utak était déçu et en colère. Compréhensible. Prévu même, rationalisa-t-il en cadenaçant son coeur.

— Tu n’as aucune raison de penser que les soupçons qui pèsent sur toi sont plus importants qu’avant. Ta coopération dans le cadre du Boost S était exemplaire. Reprends toi.

— Je t’en prie Tokri, s’agaça l’illusionniste. Même toi tu te méfies, alors que tu es infiniment moins suspect que moi.

— Ce n’est que du contextuel ! s’écria Nika, apparemment furieuse qu’il le mette dans le même sac que lui. C’est une trahison, Sarouh ! Tu vas devoir te battre contre nous, tu es sûr que c’est ce que tu veux ?

— Ce n’est pas…

— Il n’a pas tort.

 Tous les regards se posèrent sur Izul. Parmi toutes ses hypothèses, le Tsumyo n’avait pas vu venir celle-ci se concrétiser. L’espoir remplit le coeur du Gensouard. Se pouvait-il qu’il ne soit pas seul ? Pourtant, la logique froide du déserteur lui hurlait qu’elle aurait sûrement dû le laisser finir avant de prendre son parti.

— Réfléchissez trois secondes, il n’y a aucun univers où Gensou ne le sacrifie pas. Chikara fera de même avec nous.

 La voix blanche empreinte de douleur et d’une certitude bancale, la kunoichi médecin se mit au milieu du groupe, sans lâcher la main de Tokri, qu'elle serra fermement des siennes.

— Mahou cherche un moyen de nous poignarder dans le dos et l’Armistice n’est qu’une vaste blague, clama t-elle en fixant son compagnon droit dans les yeux. Je ne veux pas défendre un Village qui permet à mon géniteur de me violenter toute ma vie si je ne suis pas assez cassée pour servir d’arme !

 Le dégoût et la violence de ses propos heurtèrent le Tsumyo. Il n’avait pas envisagé une seconde que l’azurée soit de son côté. Pire, qu’elle soit aussi véhémente que lui. Curieusement, l’espoir que cela nourrissait commençait à avoir un goût étrange.

— Izul... murmura Tokri en tendant une main vers sa joue.

— De nous tous, toi et Sarouh êtes ceux qui pouvaient le mieux comprendre cela, répondit-elle, également en un chuchotement peiné.

 Le jeune homme détourna les yeux, visiblement frappé Tokri en plein coeur. Mutika s’avança alors, déterminé bien que son regard trahissait sa peur.

— J’ai pas mal réfléchi aussi. On devrait peut être considérer l’idée.

 Sarouh était motivé par la survie, malgré toute sa haine envers la Cascade, alors qu’ils fuyaient un système. Le Gensouard doutait que ça soit le bon coup à jouer pour eux. Avant qu’il ait pu prendre la parole, Nika les incendia.

— Mais qu’est-ce que vous croyez faire ? C’est un nid de monstres, pas une colonie de vacances ! Vous rejoignez l’ennemi sans aucune raison valable !

 L’Oroshi se plaça aux côtés du Gensouard, indiquant clairement ce qu’il en pensait. Pour la première fois depuis longtemps, il exsudait le mépris envers Nika et tout ce qu’elle défendait.

— Sans aucune raison tu dis ? cracha le rouquin, écoeuré. Tu ne nous as jamais écouté, n’est-ce pas ?

— Les amis, on peut encore en parler, fit la marionnettiste d’un ton plaintif.

— Pas moi, reprit Sarouh avec fermeté. Je partirai avec ou sans votre bénédiction.

 Ce n’était pas un choix ! Il hurlait à l’intérieur. La situation était en train de déraper. Il croisa le regard de Tokri. La lueur qui y brillait n’augurait rien de bon. Il n’avait pas prévu ce scénario. Protéger Nina en assurant leur fuite était une chose. Devoir couvrir Mutika et Izul en était une autre. Son plan initial tombait à l’eau.

— C’est la seule solution...

 La gorge prise d'un sanglot, le regard humide, Izul lâcha la main de son bien-aimé pour avancer à reculons vers le déserteur, sans quitter le regard d'un Tokri en état de choc. Le coeur de Sarouh s’arrêta de battre. Ce n’était définitivement pas l’espoir qui l’animait. Sa main se posa sur Aura, comme pour se protéger de la cruelle réalité.

— Alors c’est ce que vous avez choisi.

 La voix de Nina rassura le Tsumyo. Il pouvait encore trouver une solution. Il y arriverait bien, c’était ce qu’il faisait de mieux. Immédiatement, son cerveau se jeta sur toutes les possibilités de résoudre ça pacifiquement sans avoir à se rendre. Il croisa le regard de Nika et y lut tout le dégoût du monde. Il n’avait plus beaucoup de temps.

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