PARTIE 3 – L’ÉPREUVE DES ÉCLATS

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Ce monde ne ressemblait à rien de ce que je connaissais.
C’était comme marcher à l’intérieur d’un rêve que quelqu’un d’autre aurait oublié… ou censuré. Le ciel craquait parfois, laissant tomber des plumes d’encre. Le vent murmurait des mots que je ne comprenais pas encore. Et mes pas me guidaient sans que je sache pourquoi.

La "moi" du miroir s’était volatilisée. Juste un dernier regard avant de disparaître entre deux arbres aux racines mouvantes. Mais une chose était claire : pour sortir d’ici, je devais le reconstruire.

Le miroir.
Il avait été brisé ici. Chaque éclat, un fragment du passé. Du mien… ou de celui de ma lignée.

Un guide est venu à moi. Enfin, “guide” est un mot gentil. C’était une créature tordue, à six pattes, le museau couvert de runes et la voix comme un grincement de porte dans une cathédrale.

— Chaque éclat est gardé. Chaque gardien est une vérité. Tu veux rentrer ? Regarde-toi en face.

Le premier éclat reposait au fond d’un lac. Sauf que l’eau n’était pas de l’eau — c’était un souvenir liquide. J’ai plongé, et j’ai vu ma mère. Je devais avoir quatre ans. Elle parlait à une femme en noir. Elle disait mon nom, mais pas celui que je porte aujourd’hui.
“Elya.”
Pourquoi personne ne m’a jamais dit ?

Quand j’ai touché l’éclat, une douleur m’a transpercée. Comme si une partie de moi refusait de s’en souvenir.

Le deuxième se trouvait au sommet d’une tour penchée, gardée par un hibou à trois yeux. Il ne posait qu’une question :

— Si tu pouvais tout oublier, le ferais-tu ?

J’ai dit non.
Il m’a laissé passer.

À chaque éclat, une nouvelle fissure se créait sur mon bras, fine et brillante. Des lignes de verre sur ma peau.
Je devenais le miroir.

Quand j’ai trouvé le troisième fragment, j’ai compris que ma grand-tante Aveline n’était pas morte. Pas ici. Elle m’attendait. Et elle m’avait trahie.

À la tombée de la nuit, je me suis retrouvée devant le quatrième éclat.

Et cette fois, c’était mon père.

Il m’a regardée sans me reconnaître.

— Tu n’aurais jamais dû regarder, Ely. C’est à ça que servent les secrets : à protéger.

Mais moi, je veux savoir.

Alors j’ai pris l’éclat. Et j’ai continué.

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