Chapitre 26 : (Aurore)

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- Je n’en peux plus. Il faut que je parte.

Je regarde Zéphyr malgré la pénombre grandissante.

- Il faut qu’on parte. On a passé trop de temps à moisir ici. Il faut qu’on parte.

Cette phrase m’habite depuis que je suis revenue de ma balade avec Henry et qu’il m’a dit que l’on était enfermés depuis trois mois. Alors six, sans même aller prendre l’air… comme je le fais avec le Roi... cela doit être horrible.

- Je vais nous faire sortir de là, j’affirme. Toi, moi, Luffy, Constant et Hermine. Cela fait des semaines que j’essaie de me repérer dans le château et de mémoriser la carte et les enchaînements de couloirs. Je suis persuadée que si je réussis à relier les couloirs que je connais avec la cour, nous avons une chance.

Zéphyr semble réfléchir.

- Si tu trouves un moyen de t’enfuir d’ici, surtout ne pense pas à moi. Tu gâcherais tes chances en revenant me chercher et Henny ne te laisserait plus sortir de ta cellule. Alors ne m’attend…

- Ne finis pas ta phrase, je le coupe. Je ne peux pas te laisser là et espérer vivre librement, comme si de rien n’était. Je ne peux pas te laisser là, après avoir vu ce que tu endures, après t’avoir vu souffrir, tenir seul pendant tout ce temps… Je ne peux pas t’abandonner, Ezendéria… je veux… je veux découvrir non seulement ce que tu appelles une "forêt" mais… surtout, je le regarde dans les yeux, je ne veux pas abandonner la seule personne encore en vie avec laquelle je peux être moi.

Zéphyr ne répond pas.

Un long silence passe et je crains d’avoir été trop loin. Mais finalement, il pose ses deux mains menottées sur les miennes.

- D’accord. On va s’échapper. Ensemble.

- Ensemble, je répète avec détermination.

- Si l’on y arrive, continue-t-il, je te ferai visiter mon île natale. Et tu pourras peut-être t’y installer, avec l’accord du gouvernement, s’ils estiment que tu peux être utile à Ezendéria.

- Je saurai me trouver une utilité. Je sais me débrouiller pour vivre.

- Je te donnerai un coup de main… si tu le veux. Sa voix est hésitante. Après tout, sans toi, je serais déjà mort.

- Avec plaisir, je réponds en souriant.

Il serre un peu mes mains et dans l’obscurité, cela me rassure. Je frissonne. Le froid est plus mordant le soir. Ce même frisson le parcourt quand mon bras glacé touche le sien par mégarde. Il enlève une de ses mains pour saisir la veste d'Henny et me la passer sur les épaules. Il repose ses mains froides sur les miennes. Avec le pouce, il commence à dessiner des cercles distraits sur la fracture de mes paumes. Le contact m'électrise. Je lève les yeux vers lui, prise d'une soudaine envie de croiser son regard.

Au fond de moi, un je ne sais quoi s'est enflammé.

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