- J'annule le mariage.

Ma voix est claire et posée, déterminée.

- Pardon ?!

Charles me regarde avec incompréhension. Il se lève et contourne mon bureau pour me rejoindre à la fenêtre.

- Je ne comprends pas votre Altesse, les préparatifs sont entamés depuis des semaines, et vous fréquentez ma fille depuis des mois ! Pourquoi ?

- J'ai d'autres projets, je réponds.

Comprenant que je ne compte pas lui donner de détails, le noble s'énerve.

- Votre Majesté, je vous ai toujours considéré comme quelqu'un de raisonnable. Je vous ai soutenu tout le long de votre règne. Alors, cessez de vous comporter en enfant capricieux et ne prenez pas de décisions hatives.

- Oh mais ce choix était mûrement réfléchi croyez moi ! Je rétorque.

Je me redresse, et avance vers l'homme qui se recroqueville. mes joues s'étirent dans un sourire froid.

- Vous pensez-vous assez important pour pouvoir contester mes décision, Charles ? Je n'ai que faire de votre avis, qu'il s'agisse de votre fille ou non.

- Pouvez-vous seulement me dire pourquoi ? me demande-t-il d'une petite voix.

- Vous tenez vraiment à savoir ? Très bien.

Je le regarde dans les yeux et lâche.

- Héloïse est fade. Sa personnalité est aussi lisse que du verre, et excessivement maléable. Comprenez bien que malgré l'éducation qu'elle a reçu, elle est incapable d'avoir sa propre opinion. Et s'il n'y avait que cela ! Que je me montre en parfait gentleman, ou que je me comporte comme un excécrable, elle continue de chanter mes louanges et m'obéis tel un chien bien dressé.

Il est livide. Mais je n'ai pas fini.

- Je n'ai pas besoin d'un chien ou d'une servante, j'en ai déjà des dizaines. Non, je cherche une reine. Et votre fille ne correspond pas à ce profil.

Je reporte mon attention sur la fenêtre. Mon regard dévie vers les fondations du château, avant de s'enfoncer vers les profondeurs des cachots. Je me demande ce à quoi elle pense en ce moment...

- Votre Altesse ? La voix qui m'appelle se brise.

Je me retourne, de mauvaise grâce, avant de me figer en reconnaissant Héloïse. Elle se tient à l'entrée de la pièce, et me dévisage, les larmes aux yeux. Charles lui prend le bras, pour l'emmener avec elle.

- Viens ma chérie ce n'est pas le moment, le Roi est occupé.

Elle se dégage de sa prise et s'avance vers moi. Une gifle part.

- Une fille fade ? Une servante ? Un chien bien dressé ?! C'est comme cela que vous me voyez ?! dit-elle en élevant la voix. Je vous pensais romantique, mais je découvre que vous n'êtes qu'un hypocrite sans cœur. Très bien ! Ne nous marrions pas si cela vous chante.

Elle se dirige vers son père, qui n'en mène pas large. Mais avant d'avoir quitté la pièce, elle s'arrête.

Je pose mes doigts sur mes tempes, et m'engouffre dans son esprit pour écraser le souvenir de cette conversation. Quelques secondes plus tard, Héloïse se tourne vers moi, un peu perdue et me demande :

- Qu'est-ce que je fais ici ? Vous m'avez fait quérir votre Majesté ?

- Je voulais simplement parler avec votre père, je la rassure. Navré de vous avoir déranger.

Une fois qu'elle est partie, je me tourne vers Charles qui me dévisage.

- Elle ne se souviendra pas de la discussion que nous avons eu à son propos. Veuillez donc lui annoncer la nouvelle concernant le marriage. Faites preuve de délicatesse, et éviter de mentionner les raisons qui m'ont poussées à annuler, si possible. La dernière chose dont le royaume à besoin, c'est d'un scandale, n'est-ce pas ?

- O-oui votre Majesté, beggaie-t-il avant de prendre congé.

Un problème de moins.