Chapitre 2 : (Zéphyr)

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Un an que je moisis entre ces quatre murs.

Un an et des poussières que je dépéris.

Je suis vivant, mais mon âme est déjà morte.

Je reste des heures à fixer le sol, en ressassant mon histoire et en me demandant : Pourquoi ? Qu'ais-je fait pour mériter une fin comme celle-ci ? Mais la réponse ne m'est jamais apparue.

Le pire dans toute cette histoire, c'est que ma chute pourrait entraîner mes amis, mes seuls amis. Hermine, Constant... Une larme dévale ma joue.

Pardonnez-moi.

La douleur, le manque et la solitude me rongent de l'intérieur. Ils sont affamés et je n'ai pas d'autre choix que de les laisser engloutir ma personnalité. Au moins eux ne mourront pas de faim.

Une fois, lors d'un moment de pure folie, une solution à mon problème m'est venue à l'esprit. Pendant un court instant, j'ai voulu m'éteindre, que la flamme de ma vie décline jusqu'à ce que je ne sois plus qu'un cadavre. Je me suis dit que si je disparaissais de ce monde, je mettrais fin à mon calvaire, et surtout, il ne pourrait plus me blesser. Je ne voulais plus être sa marionnette, son objet, le sac de sable sur lequel il se défoulait.

Et pour cela, je devais mourir.

J'ai approché ma tête du mur en pierre, prêt à me blesser pour mieux me libérer, quand, j'ai pensé à l'âme qui était liée à la mienne. Et j'ai abandonné ma solution.

Maintenant, je ne suis plus très sûr de m'être ravisé. De ne pas être allé jusqu'au bout. Alors, tandis que je me laisse engloutir par la noirceur qui m'habite, mon esprit ressasse car il ne peut plus innover.

J'ai l'impression de manquer d'air petit à petit. Je fais certainement une crise d'angoisse. Mes poumons semblent se vider, puis se mettre à brûler. J'ouvre la bouche, et à ma grande surprise, de l'eau salée envahit ma bouche.

Je me redresse brusquement, recrachant l'eau en toussant. La cellule est innondée. Et le niveau monte encore. Je monte sur la planche suspendue qui me sert de lit, mais même perché, j'ai de l'eau jusqu'au genoux.

J'ai souvent imaginé de quelle manière ma vie se terminerait mais jamais je n'ai pensé à la noyade.

L'eau m'arrive maintenant à la taille. Mes vêtements, mes haillons plutôt, me collent à la peau. J'ai froid. Mes poils se hérissent. Moi qui n'ai jamais craint l'eau glacée, je frissonne. Mes dernières années à vivre sont devenues des mois, puis des heures,

puis une poignée de minutes seulement.

Seule ma tête n'est pas submergée. L'eau s'est mélangée avec les saletés de la prison pour former une mixture marronatre. Mais bon, en terme d'immondices, j'ai vu pire.

Je me demande d'où vient toute cette eau. Je sais que les raz de marée sont fréquents en Eldory, mais je n'en ai jamais vu un de cette ampleur-là.

Maintenant je dois nager pour rester la tête hors de l'eau.

Et juste avant qu'elle n'engloutisse les derniers volumes d'air, je songe que j'aurais au moins émergé de mon état comateux avant que tout ne s'arrête.

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