Chapitre 4 : (Aurore)

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1 mois plus tard ....

Cela fait maintenant un mois que le raz de marée. gigantesque a fait des dégâts

Un mois que les réserves de nourriture baissent.

Au troisième niveau, c'est l’enfer.

Les gens pauvres et en difficulté avaient déjà du mal à survivre. Maintenant, c'est encore pire. Ils tombent comme des mouches. Morts de faim ou de froid pour la plupart.

Et le pire dans tout cela c'est que le même sort m'attend.

Les marchands sont en pénurie en permanence et il m'est de plus en plus difficile de trouver des poches remplies de pièces.

Aujourd'hui c'était le jour du marché. Cependant, contrairement au mois dernier, la place était presque vide. L'agitation habituelle avait été remplacée par un silence inquiétant. Les bâtiments du deuxième niveau ont eux aussi beaucoup souffert de la catastrophe et commencent à ressembler aux ruines du troisième niveau. Même l'hôtel dans lequel je devais loger n'a pas été épargné.

Luffy me tire la robe avec ses dents, ce qui me ramène à la réalité. Je le rassure d'une caresse et tente un sourire, qui ressemble plus à une grimace.

Devant nous s'élève la grille de fer séparant le premier niveau du deuxième Entre les barreaux on peut apercevoir des demeures, plus magnifiques les unes que les autres, entourées de végétation. Le lierre a envahi les clôtures, et des touffes d'herbes sont visibles entre les pavés. J'ai du mal à détacher mes yeux de ce paysage aussi rare et précieux à Eldory.

Je me demande ce que cela doit faire de vivre dans un décor surchargé en verdure. Moi, j'ai grandi au milieu des décombres, de l'eau salée et de la roche. Un camaïeu de gris et de bleu. Je me demande également pourquoi les riches gaspillent la terre et les plantes en décoration au lieu de cultiver fruits et légumes. Je ne pense pas être la seule à me poser cette question.

Devant l'imposante barrière, les gens s'agglutinent. Ils crient leur désaccord en brandissant des pancartes de bois flotté. Les gardes postés devant l'entrée repoussent tant bien que mal les mécontents. Certains parviennent à la grille et passent leurs mains entre les barreaux pour tenter d'attraper un peu de vert. L'agitation qui règne dans ce lieu restreint est si forte que les protestants se poussent. Quelques-uns tombent et d'autres leur marchent dessus. La famine et le désespoir sont maîtres.

Un spectacle digne d'une fin du monde, qui me rappelle avec une dangereuse précision la panique qui régnait pendant le raz de marée. Des gens couraient dans tous les sens, certains cherchaient à monter le plus haut possible, d'autres réunissant leur biens les plus précieux, et d'autres encore, comme moi et Luffy, rejoignaient les abris du troisième niveau conçus à cet effet. Je me souviens de la terreur que je pouvais voir dans les yeux de mon chien ainsi que sa queue entre les pattes. Une peur, qui je le savais, était présente aussi dans mes yeux bleu vert.

L'abri dans lequel nous nous sommes réfugiés était une grotte circulaire aux parois. La seule issue se résumait à une trappe étanche au plafond. L'attente était insupportable. Il fallait obligatoirement attendre une dizaine d'heures avant de refaire surface et d'ouvrir la trappe sans danger Sans le soleil pour se repérer dans le temps, les heures m'ont paru aussi longues que des jours entiers. Assise contre la paroi rocheuse, je caressais Luffy en tremblant. Mes vêtements n'avaient pas eu le temps de sécher et je commençais à attraper froid. Un vieil homme s'est approché de moi et m'a tendu son manteau élimé en souriant. Son visage couvert de poussière n'en était pas moins chaleureux.

- Vous en avez plus besoin que moi, m'a-t-il dit avant de s'éloigner.

Je l'ai observé alors qu'il proposait son aide à un jeune couple et leurs deux enfants. Il passait de groupes en groupes pour prendre des nouvelles des rescapés, soigner les blessés comme il pouvait, ou offrir le peu qu'il possédait. Il a même réconforté un petit garçon qui pleurait tout seul dans un coin. Le pauvre avait à peine 8 ans. Le vieux lui avait pris la main et le regardait dans les yeux en lui parlant comme s'il voulait que ses mots atteignent le cœur du garçon. Je fus soulagée de voir que c'était le cas et qu'il séchait ses larmes. De tout ce qu'il s'est passé, c'est l'entraide qui m'a le plus marquée. Dans la désolation et la catastrophe, des inconnus se serrent les coudes et forment un front uni devant le danger.

Et elle me marque encore, alors que je regarde de loin les gens se battre pour un luxe inaccessible.

Un luxe dont j'ai énormément besoin.

Un luxe dont je compte m'emparer bientôt.

Je vais suivre les conseils de Pierre.

Si voler les riches ne m'aide plus, alors je volerai le Roi.

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