joie

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C’était ton deuxième jours de reprise aujourd’hui. Les bonnes choses se sont succédées. Tout d’abord tu as commencé ta journée en allant tôt au lycée, enfin pas réellement plus que d’habitude, mais c’est la sensation que tu as eu après t’être levée à 5h30 pour travailler.

Ensuite. Tu l’as vu. Tu as tourné la tête et tu as vu sa voiture arriver. Ton cœur a failli s’arrêter là. Normalement il vient plus tard, tu n’as pas compris. Lorsqu’il a franchi le pont dédié aux professeurs, tu l’as trouvé si beau. Ce mot n’est pas suffisant, pas assez puissant pour le qualifier à ce moment. Tu sais bien que les autres ne pensent probablement pas cela de lui. Même cela te rassure. Comment pourrais tu supporter d’entendre les autres lui faire des éloges ? Sauf que tu ne supportes pas qu’ils le critiquent. Un jour en remontant du self, tu as entendu des élèves parler d’un enseignant qu’ils n’aimaient pas. En imaginant qu’il pouvait s’agir de G. tu as fermé le poing prête à les frapper. Quelques secondes plus tard, tu as ri de ta réaction complètement inventée. Mais quand même, cela t’a mis en rage. Finalement, il faut un juste milieu entre ce qu’ils doivent dire et ce qu’ils doivent penser. Bien entendu, cela est faux. Ils sont libres de penser ce qu’ils veulent de G., c’est seulement toi qui devrait être moins amoureuse.


Tu es ensuite allée en philosophie. Tu l’aimes bien E. C’est une professeure que tu trouves agréable à écouter et dont les idées semblent être proches des tiennes. Et puis elle t’a rendu ta copie. Non seulement tu as eu une excellente note, mais en plus de cela tu as battu de 0.5 Tb. Cela t’a amusé. Pas que ce soit bien important, mais quand même c’est plaisant de l’aider, mais que pour autant il ne soit pas meilleur que toi alors qu’il a moins de cours de philosophie que toi. On ne peut pas et avoir cours avec G. 6 heures par semaine, et réussir en philosophie. Il faut trouver un juste milieu. Tu rigoles, tu ne le penses pas vraiment. Même si, ne le cachons pas tu rêverais d’avoir sa place en spécialité physique-chimie. Le voir deux heures, trois jours par semaine. Chaque semaine. Mais ce n’est pas le cas. Et la toi d’il y a trois ans a fait des choix différents des tiens aujourd’hui. Comment savoir que tu tomberais amoureuse de ton futur professeur de physique ? Tu aurais pû le deviner, parce que tu te connais. Les adultes gentils te font fondre, et lui, même en seconde alors que tu ne le connaissais absolument pas, t’avait laissé une étrange sensation. Tu te revois dans la cours du lycée alors que l’alarme incendie retentissait partout dans les couloirs. Tu vois Y. descendre les marches en blouses blanches de TP. Tu te souviens très bien de ce moment. Il s’agissait d’un de ses derniers moments au lycée avant qu’elle n’abandonne sa scolarité pour des raisons hautement justifiées. Il avait attiré ton regard ce professeur avec qui elle était. Tu ne sais pas pourquoi. La blouse blanche peut-être? Sans visualiser la scène, tu te rappelles la sensation que tu as eu, le frisson que tu as ressenti, la manière dont tu étais intriguée. Étrangement, c’est de lui dont tu te souviens, alors qu’à l’époque tu ne le connaissais pas. Tu ignores encore pourquoi.


Après les deux heures de philosophie, tu n’es pas allée en sport. Les distances sanitaires ne sont pas ou peu facilement respectables avec la reprise en classe entière, tu n’as même pas souhaité essayer. Et puis il pleuvait. Tu as travaillé avec Tr.; lui sa dissertation, toi ton contrôle que tu croyais être de l’histoire pour apprendre plus tard qu’il s’agirait de géographie.

Vous avez mangé dehors sous la passerelle du lycée alors qu’il pleuvait et que vous n’aviez pas le droit d’être ici. Vous riiez en disant qu’il s’agissait de votre avenir : finir sous un pont. Tu as récité tes oraux embêtant tout le monde, mais cela t’amusait. Vous êtes retournés en cours, toi à ton premier oral. C’est extraordinaire à quel point le professeur d’histoire apprécie Tb. Il t’a même souhaité bonne chance pour ton examen de code qui aura lieu vendredi à l’heure de son cours.

Lors de la pause tu n’as pas fumé. Voilà presque une semaine que tu as réussi à te retenir, tu en es fière. Pendant le cours de SVT, le plus ennuyeux de toute la semaine, tu ne souhaitais qu’une chose : sortir et aller épouser G. Qu’est ce que tu peux être chiante lorsque quelque chose t’a manqué et que tu as la possibilité de la voir, peut-être… Normalement, il part pendant que tu assistes à ce cours. Cela explique d’autant plus ton manque cruel de motivation pour cette matière. Après tu n’aimes pas M. dont le cours est une blague.

Tu as fini la journée par ton oral en littérature sur la physique quantique. Tu étais tellement dans ton exposé que tu aurais aimé que les questions soient plus nombreuses. Lorsque tu es sortie, la voiture de G. était encore présente. Tu n’y as presque pas cru. Tb était là également, et il vous a fait un petit signe de main en partant. Tu lui as fourni en échange ton plus large sourire. Cela faisait dix minutes que tu bondissais sur place, hurlant de joie. Tu aurais voulu courir derrière sa voiture, la poursuivre inlassablement, ne jamais t’arrêter. Tu t’en sentais presque capable. Le soir, tu as eu l’impression d’avoir englouti trois cafés, les tasses avec. Cette substance noir a un effet incroyable sur toi, tu deviens une boule d’énergie. Après, tu es souvent très énergique. Celle-ci est proportionnelle à ta joie et à tes activités, si bien que tu es parfois incapable de tenir en place comme tu es parfois incapable de ne pas t’endormir. Tu te demandes souvent s’il n’y a pas un problème avec le fonctionnement de ton corps. Tant pis. Cela est agréable de sauter partout, de hurler ta joie, de vivre pleinement les choses. Comme cela est également épuisant. Tu ne te contrôles pas, ni tes sentiments ni tes envies, ni même ton propre corps.

La journée se termine. Tu lances un dernier regard à ta chambre, et éteins la lumière.

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