Chapitre 8

8 minutes de lecture

- Vous avez fini votre présentation ?

- …

- C’est bien demain que vous passez à l’oral ?

- …

- Emy ? Je te parle, s’impatiente Eddy.

Je sors de ma rêverie (impliquant un asiatique rencontré ce jour même) et prend un air embarrassé.

- Excuse moi Eddy. Je pensais au mec à qui j’ai donné mon numé..

Oups. La gaffe. Je le vois froncer les sourcils. Il a l’air peiné.

- Ah.. Raconte-moi. Il est comment ?

- Hum t’es sûr ?

Il hoche la tête mais ses sourcils sont toujours froncés. Je lui raconte ma rencontre avec mon bel inconnu (je ne lui aie pas dit ça bien sûr). Plus je lui décris, plus il se rend compte que c’est son opposé à lui. Je ferme vite ce sujet de discussion. Je me lève et annonce le départ.

- On va y aller Eddy sinon on va être en retard.

Il acquiesce sans me regarder. Je prends mon blouson en cuir, qui va parfaitement avec mon slim noir et mon col rouge. Le trajet en voiture est silencieux. Le malaise pèse alors j’essaie de me distraire. Je refais ma tresse, je regarde que mon col roulé est bien rentré dans mon slim taille haute, je vérifie mon maquillage.

- Tu es très bien, m’apostrophe Eddy sans quitter la route des yeux.

Je range mon miroir, gênée, et le remercie en chuchotant.

Dès qu’il se gare je sors de la voiture et soupire bruyamment. Je respire l’air frais du soir et fais le vide dans ma tête. Je sens une main sur mon épaule. Je me tourne vers Eddy en fronçant les sourcils. Il commence à avancer vers le théâtre, une main sur mon épaule, comme si c’était naturel. Euh il se passe quoi là ? Je feins de refaire les lacets de mes rangers pour échapper à sa main baladeuse. Je le vois rougir et passer une main sur son visage. Je me relève et on entre dans le théâtre en silence. Je file dans les vestiaires pour femmes, vérifie qu’il n’y a personne, et pousse un cri de rage.

- Non mais j’y crois pas ! Arg Eddy on est amis ! Arg sérieusement.. Il faudrait que je lui dise clairement qu’il n’y aura jamais rien. Mais c’est délicat. S’il le prend mal ? OU que je me fais des idées ? Ça me soule..

Mon monologue est interrompu par l’arrivée d’une collègue. Je la salue et file au briefing. On est 10 à travailler ce soir et je me retrouve où ? Au vestiaire avec… Eddy bien sûr. Putain de karma.

Je prépare le vestiaire pour l’arrivée des spectateurs en silence. Il y a une gêne entre nous ou alors il n’y a que moi qui est gênée ? Je déteste cette situation. Eddy me regarde avec ses yeux de merlan frit et je me force à éviter de lever les yeux au ciel. J’adore Eddy, on mange ensemble au moins quatre fois par semaine, et franchement il cuisine bien. On passe des bons moments.. mais en tant qu’amis. C’est ça qui me plaît. Ne pas me soucier de savoir si le type ou non va me sauter dessus car on est chez moi. C’est Eddy. Il ne ferait jamais ça. Mais là je sens que la limite n’est plus aussi nette pour lui. Il essaie et je n’en ai pas envie. Je le vois se rapprocher de moi. Il tend une main vers moi, ouvre la bouche..

- Ecoute je..

Mais il est interrompu par l’arrivée des premiers spectateurs (je retire ce que j’ai dit. Merci karma).

- Bonjour ! Dis-je en souriant à la jeune demoiselle qui me dépose son manteau.

Je le mets sur un cintre et lui donne un ticket, sans me défaire de mon sourire.

- Passez une bonne soirée !

Je me tourne vers Eddy, il est occupé avec un vieux monsieur. Il sourit mais je vois qu’il est contrarié. Je vois le monde qui arrive et je suis rassurée. Ça m’évite une discussion embarrassante avec Eddy. C’est le rush. Je cours partout, il y a beaucoup de monde. Il pleut dehors alors tout le monde veut me donner son parapluie mouillé. Sans parler des manteaux trempés qui ne tiennent pas sur les cintres.

- Eddy il n’y a presque plus de cintre je reviens ! Je lui crie. Ça ira ?

Il lève le pouce en l’air et je file en réserve. Je compose le code en vitesse et reviens les bras chargés de cintre. Je me dépêche pour ne pas qu’Eddy soit submergé. Je regarde en vitesse dans sa direction, ça va il ne reste qu’une dizaine de personne. Je ne vois pas la flaque sous mes pieds (merci les parapluies mouillés), je glisse, perd l’équilibre et manque de m’affaler par terre. Un homme me rattrape par la taille avant que ça n’arrive. Je tourne la tête précipitamment vers mon sauveur, j’espère qu’il est mignon, et je fais une crise cardiaque. C’est LUI. Oui oui mon asiatique. Je me rends compte que j’ai la bouche ouverte et la ferme. Je déglutis et me redresse en rougissant.

- Vous allez bien ? On s’est vu tout à l’heure non ? Me demande-t-il avec son si charmant accent.

Je souris comme une idiote en hochant la tête. Mais parle bon sang !

- Hum. Excusez-moi encore. Décidément je ne fais que tomber sur vous..

Non en fait je ferais mieux de me taire.

Je retourne précipitamment dans le vestiaire et Eddy me demande si ça va du regard. Je lui dis que oui, pose mes cintres et voit que mon inconnu est devant moi. Il est encore plus beau que tout à l’heure. Il porte un jean gris qui moule ses cuisses, un large pull noir et une veste en cuir. Je vois qu’il a des bagues et des boucles d’oreilles. Je fonds.

- Emy.. C’est ça ? Me demande-t-il en souriant.

Je baisse les yeux sur mon badge comme une idiote.

- Oui ! Vous voulez poser votre veste ?

- Hum.. fait-il en s’appuyant contre le comptoir.

Il se penche pour mieux m’observer et semble fasciner. Je le dévore du regard en retour. Il est parfait. Eddy coupe court à ce jeu de regard en se postant à mes côtés. Il n’y a plus personne à part nous et.. oh il est venu accompagner. Un autre asiatique aussi beau que lui. Il a les traits plus dessinés, plus sexy et il est habillé avec classe. Il regarde son ami avec ennui et pianote sur son téléphone.

- Monsieur le spectacle va commencer. Voulez-vous nous donner votre veste ? Demande Eddy avec un sourire froid.

Je ne l’ai jamais vu comme ça. Je crois qu’il a compris que c’est mon inconnu. L’asiatique se reprend et se redresse.

- Oui. Excusez-moi.

Il enlève sa veste et me la tend. Je vais la ranger et lui donne son ticket. J’effleure sa main et ça électrise tout mon corps. Wow je n’ai jamais ressenti ça avec aucun autre homme. Il me sourit.

- Vous finissez à quelle heure ?

- Oh euh..

- On finit dans dix minutes. Je vais la ramener chez elle. Vous devriez aller vous installer le spectacle va commencer, dit d’une voix glaciale Eddy.

- Eddy ! Je m’étrangle.

Mon inconnu lève un sourcil et son sourire vacille.

- C’est votre petit ami ? Demande-t-il avec incompréhension.

Je regarde Eddy en soupirant. Désolé mais je ne vais pas laisser passer ma chance.

- Ah non. C’est mon meilleur ami.

Eddy lâche un son étranglé.

- Ah je vois. Alors je peux vous envoyer un message dans la semaine pour ce verre ?

Son ami lève les yeux de son téléphone, soupire et l’attrape par l’épaule. Il lui dit quelque chose en.. coréen je pense. Mon inconnu se dégage en fronçant les sourcils, répond lentement mais je sens que ses propos sont secs. Son ami répond quelque chose en secouant la tête et pars en direction de la salle de spectacle. Il revient vers moi en souriant, attendant ma réponse.

- Bien sûr ! Il me tarde.

Il sourit et suis son ami, non sans un dernier regard vers moi.

◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊◊

On est garé devant chez moi. Le silence est pesant dans la voiture d’Eddy. Ça fait cinq minutes déjà et personne n’ose faire le premier pas. Je me lance.

- Eddy écoute je..

- Non toi écoute. Je sais que j’aurai du te le dire depuis un moment déjà mais je n’ai pas eu le courage. Tu me plais énormément.

- Je..

- Tu es belle, drôle, intelligente. Tu as un sourire.. wow ce sourire il fait craquer tous les hommes. J’aurai aimé que tu me laisses une chance mais j’ai compris que je n’étais même pas une option.

- Eddy je suis désolée vraiment..

- Ne le sois pas.

Il me regarde avec un sourire attendri.

- Je t’aime Emy. Je ne veux que ton bonheur. J’ai vu comment tu regardais ce mec tout à l’heure. Tu ne m’as jamais regardé comme ça. Je ne t’ai jamais vu avec cette expression sur le visage. Tu avais l’air d’avoir enfin trouver ce que tu cherchais. Tu.. Enfin bon tu as compris. J’espère que tout se passera comme tu l’espères avec lui. Tu mérites d’être heureuse.

Je sens des larmes couler et il les essuies. Je suis tellement triste pour lui. J’aurai aimé lui donner ce qu’il veut.

- Ne pleure pas voyons. C’est plutôt moi qui devrais pleurer, dit-il en rigolant.

- Je suis tellement désolée Eddy. Tu mérites une femme qui t’aime et qui te rendra heureux. J’espère que tu la trouveras.

Un sourire triste sur le visage, il soupire.

- Je vais arrêter de travailler au théâtre. Il me faut une pause. Avec la masse de travail à l’université je ne peux plus. Les cours de médecine deviennent de plus en plus durs et il faut que je me concentre.

Je hoche la tête. Voilà j’ai perdu mon meilleur ami. Je prends mon sac et ouvre la portière.

- A.. Je ne sais pas quand Emy, dit-il en fuyant mon regard.

- Au revoir Eddy.

Je ferme la porte et je vais chez moi sans me retourner. Je vois la vaisselle et je suis triste. Je repense aux lasagnes qu’il m’a apporté ce soir. On a mangé, on a rigolé, c’était génial. Et tout ça gâché à cause de stupides sentiments. Je lui en veux de m’abandonner. C’est égoïste je sais mais pour moi on était amis. C’était mon seul ami mec. Pour la bonne raison qu’a chaque fois ils développement des sentiments, alors même que je leur avais dit que je n’étais pas intéressé dès le départ. J’avais dit à Eddy quand on s’était rencontré à la bibliothèque qu’il ne m’intéressait pas. Il avait rigolé et m’avait dit que moi non plus je ne l’intéressais pas. On avait posé ça comme base et comme toujours ça s’est brisé. Je vais me sentir bien seule au théâtre. On passait tout notre temps ensemble alors je ne me suis pas fait d’autres amis là-bas. Je lui en veux. Ça rend ma rencontre avec mon bel inconnu un peu fade. Je suis heureuse, mais j’ai du mal à m’en réjouir quand je viens de perdre mon meilleur ami. Je repense à son bras musclé qui m’a sauvé d’une chute grotesque, à son magnifique sourire et à son accent tout aussi magique. Hum non je m’en réjouis. Quand je vais raconter ça aux filles demain !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Chléa Maïty ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0