Chapitre 2

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Dans les chèques-cadeaux distribués tous les ans à Noël aux employés, se trouvait un bon d’achat dans la boutique de jeux vidéos favorite des filles. Le directeur m’avait offert deux carnets de chèques-cadeaux, un jeu pour chacune pour leur plus grand plaisir. Mais malheureusement pour elle, les notes scolaires d'Alicia étaient assez mauvaises ; en effet celle-ci n’était pas très portée pour les études. J’avais essayé d’expliquer ceci à son père, que chaque enfant est différent, chacun à son rythme, en vain car il exigeait de ses enfants qu’ils soient parfaits, et il estimait que si elles avaient de mauvaises notes c’était un manque de respect envers lui. J’avais toutefois promis à mes filles de leur acheter leurs jeux pour Noël avec ces bons, car ils avaient une date d’expiration. Nous étions sur le point de sortir faire nos achats toutes les trois quand mon mari et son ami Mario, qui s'était installé en France quelques années après nous, entrèrent dans la maison. Michaël entra dans une colère folle quand il vit que je partais avec les filles choisir leurs cadeaux. Je n’avais pas encore fini de lacer mes chaussures et il se mit à hurler dans la maison. Il trouvait que c’était inadmissible que je leur fasse un cadeau, avec cet immense manque de respect qu’étaient ses mauvaises notes. Il criait tellement fort que son ami ne sut quoi dire et resta immobile en me regardant et lui donnant raison. Les filles remontèrent s’enfermer à clé dans leur chambre en courant et en pleurant. Je dû tambouriner à leur porte pour qu’elles m’ouvrent, je ne voulais pas le montrer mais je n’ai pas réussi à retenir mes larmes. J’étais apeurée, accablée, énervée et surtout désolée pour mes filles qu’elles aient à subir ça la colère de leur père. Je tapais et tapais à la porte en leur suppliant de m’ouvrir, et quand elle m’ouvrit enfin, je pris Alicia dans mes bras et la serrai très fort en sanglotant :

— Je suis désolée ! Je suis désolée !

Suite à mes soucis de santé, je fus forcée de m'arrêter de mettre un terme à mon contrat. Les gens autour de moi me répétaient souvent que cela arrangeait bien mon mari que je ne travaille pas. Je leur rétorquai le contraire car il me demandait chaque jour si j’avais trouvé du travail. Mais selon eux, de cette façon il savait toujours où me trouver. Quand je travaillais dans le village vacances, Michaël me demandait souvent d'arrêter et de trouver autre chose. Lorsque je le questionnai plus tard à ce sujet, il me répondit que c’était parce qu’il était sûr et certain que je me ferai mal. Mon rôle consistait don à être femme au foyer. Et si je n'avais pas fait telle ou telle chose en ménage ou en repassage, mon mari rétorquait une phrase courante des manipulateurs :

— Mais t'as que ça à faire de tes journées ! (ou tu n'as que ça à penser)

Ils peuvent ajouter aussi :

— Et encore tu le fais mal.


Je me rappelle aussi ne jamais m’être inscrite dans une salle de sport. Un jour une de mes cousines, Bianca, me proposa de m'inscrire avec elle à des cours de « zumba », le lundi soir à dix-neuf heures. Les premières fois, elle venait me chercher puis me raccompagnait à la maison, mais quelques temps après elle ne put être aussi assidue par cause de son travail. Je décidai d’y aller seule. Michaël voulut à chaque fois m’accompagner, et me dit de l’appeler lorsque le cours se terminait. Je l’appelais à la fin et mon mari me demandait de le rejoindre au bar. Quand j’arrivais, il n’avait bien évidemment pas fini son verre – et ce ne serait pas le dernier. Il me proposait de boire un rosé, mais je refusais. Toute transpirante que j'étais, ce que je désirai le plus était de prendre une bonne douche et manger. Ce fut ainsi chaque lundi soir, il me promit de s’occuper lui du dîner mais passait ses soirées à m’attendre au bar. Lorsque nous rentrions à la maison il était souvent très tard, jamais avant vingt-trois heures, j’étais affamée et devais préparer le repas. Nous ne mangions jamais avant minuit ou une heure du matin et j’en fus lassée. Je décidai donc d’abandonner les cours de « zumba ».


La première fois que je fus invitée à une soirée entre filles, à laquelle Michaël avait un peu « forcé » ses amies à m'inviter, se termina en dispute entre deux d'entre elles et mon mari me fit noter que c'était un véritable fiasco. Et la seconde organisée quelques années plus tard avec Ana chez mon amie de longue date et ancienne collègue de travail Jessica, mon mari nous rejoint chez cette dernière pour nous emmener en boîte de nuit « sinon on ne s'amusait pas » avait-il dit. Quand ma cousine Bianca me proposa une soirée « filles », nous décidâmes de sortir manger au restaurant, toutes les quatre avec Nina, ma sœur et Jessica. Quand je l'annonçai à mon mari, il me bouda toute la journée en affirmant que je ne voulais pas qu'il soit présent à la soirée. J'objectais que ce n'était pas du tout le cas, je n'avais rien à cacher et lui proposa de nous accompagner. Il accepta, mais au final nous avons dû attendre qu'il termine son apéro et sommes partis au restaurant à vingt-deux heures, nous qui voulions dîner tôt pour rentrer tôt fut impossible. Le patron consentit à nous servir, les cuisines allaient fermer. Michaël tarda à se décider de choisir son menu et monopolisa la conversation toute le soirée. Nous rejoignîmes pour le café et le digestif Mario et ses amis à la terrasse de la brasserie voisine. Mon mari leur fit remarquer que si il n'avait pas été présent à notre soirée, nous nous serions ennuyées. Il s'exclama haut et fort :

— Heureusement que j'étais là, sinon vous n'auriez pas su quoi dire !

Tentative de manipulation pour que je n'organise plus de « soirée filles » ? Peut-être, ce fut la dernière en tous les cas.

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