Partie 1, Chapitre 1
« Claire ! Rattrape le ! »
« J’essaye ! Je cours aussi vite que possible ! »
La personne masquée s’éloignait. Ni Arthur, ni Claire n’avaient été capable de la rattraper. Elle venait de s’enfuir avec le peu d’économies qu’ils leur restaient. Les quelques Yuroopus qu’ils avaient pu récolter à l’épicerie de Mme Chasmes, leur voisine. Sans elle, ils n’auraient pas de quoi se nourrir. Il faut dire que, dans les traditions du royaume de Vandermark, naître les cheveux blanc porte malheur, alors comment être accepté dans cette société ? Ce qui est encore plus grave, c’est lorsqu’un nouveau né n’arrive pas seul, les jumeaux sont synonyme de fin. C’est en leur donnant vie en même temps, que leur mère perdit la vie et que son mari renonça à la sienne. C’est du moins, ce que leurs grand-parents leur ont raconté.
Cependant, le problème n’était pas celui-ci. Pour l’instant, il fallait récupérer leur bourse. Claire attrapa son collier, et une lumière blanche en jaillit. Puis soudainement, après avoir fermé les yeux en signe de concentration, un courant d’air se forma sous ses pieds et elle sauta de plusieurs mètres de haut. Arthur ne pouvait que la regarder et l’admirer, elle maîtrisait sa Pierre mieux que personne. En quelques sauts et envolées, elle se retrouva devant leur voleur, le fit tomber en récupérant sa bourse, puis repartit en courant. Elle et son frère se retrouvèrent quelques rues plus loin. Claire était fière de son exploit mais ils ne devaient pas perdre de temps. L’usage des Pierres de pouvoir était très restreint par les autorités, pour garantir la sécurité de tous. L’utiliser comme Claire venait de le faire pouvait lui valoir une punition, que leur famille ne pouvait se permettre s’ils voulaient continuer à vivre sans survivre.
Le chemin pour retourner chez eux fut plus simple, plus tranquille. Leur quartier était assez désert, peu de personnes y vivaient. S’ils le pouvaient, ils partiraient. Mais à la vue de leur Yuroopus, c’était tout ce qu’ils pouvaient se permettre s’ils souhaitaient manger. Ces vieux immeubles miteux que même les plus pauvres des natifs refusaient, seuls les étrangers acceptaient ces appartements sans valeur.
En arrivant, ils saluèrent leurs grand-parents, la seule famille qu’ils n’aient jamais connue. Après leur avoir raconté leur journée à l’épicerie, sans pour autant parler du vol ou de l’utilisation de la Pierre de Claire, ils allèrent se préparer pour le lendemain. Une grosse journée les attendait : les cours reprenaient.
Arthur attrapa une balle dans un coin de leur chambre et se mit à la faire rebondir contre un mur
« pourquoi on devrait y retourner ?! On a déjà pas assez de Yuroopus pour se payer un vrai appart mais on doit quand même aller où on veux pas de nous ! »
Claire, feuilletant un livre, lui répondit de son ton calme habituelle : « tu sais aussi bien que moi qu’on ne paye pas cette école. C’est Mme Chasmes qui nous y a inscrit en même temps que sa fille, on ne peut pas refuser alors qu’elle est la seule à vouloir nous aider. »
Arthur comprit où elle voulait en venir. C’est Mme Chasmes qui leur a trouvé l’appartement qui ne coûte que trois fois rien, mais elle leur paye aussi l’école et les laisse travailler à ses côté dans la petite épicerie qu’elle gère. Ils ne peuvent pas se détourner d’elle après tout ce qu’elle fait pour eux. C’était une femme bien et gentille, tout comme sa fille, Enara. Cette dernière aide Arthur à combler les quelques lacunes qu’il a en langues étrangère, et en échange, il l’aide en mathématique.
Les jumeaux, même en étant mal intégré réussissent à se hisser parmi les meilleurs de leur établissement. D’après leur grand-père, Joseph, ils ont l’intelligence de leur père, mais le caractère de leur mère. Ils peuvent à la fois faire preuve d’insolence, tout en sachant comment limiter leurs propos et leurs actions.
Après un petit repas à base de légumes et de soupe, les jumeaux allèrent se coucher et Claire s’endormit pendant que Arthur lisait. Puis il finit par s’endormir.
Ce qu’ils ne virent pas, c’est l’ombre qui passa contre leur fenêtre du sixième étage, qui fit briller la Pierre au cou de Claire, ainsi qu’une autre rangée dans le placard.

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