"Anastasia ! Nous allons être en retard pour la soirée de ton père, tu es priée de descendre jeune fille !

-J'arrive maman !"

Anastasia soupira, agacée de toujours être poussée à se dépêcher.

"Pourquoi faut-il toujours que papa veuille m'embarquer dans ses soirées mondaines insupportables ?"

Sa mère ne répondit pas.

"-Combien de fois vais-je devoir te le dire ? Tu es une jeune femme ravissante qui se fond parfaitement à ce genre de soirées. Tu sais très bien qu'il est important qu'on se fasse voir en famille par les gens, afin de garder notre réputation malgré notre mélange de statuts sociaux.

-Il est hors de question que tu essayes une fois de plus de me marier avec un stupide garçon immature, je devrais pouvoir choisir l'homme avec qui je souhaite finir ma vie, par amour et certainement pas pour un mariage de richesse papa!

-Ana calme toi, tu parles autrement à ton père !

-Je m'en fiche ! Pourquoi toujours se battre pour la réputation, les classes sociales et la richesse ? Pourquoi ne pas juste vivre notre vie comme on le souhaite, maman et toi vous avez bien réussi à vivre ensemble malgré votre différence de stupide classes sociales !

-Stop ! On en a déjà parlé et ça ne changera pas, tu sais comme tu dois te comporter ce soir, aucune erreur de comportement ne sera tolérée jeune fille."

La concernée serra les mâchoires en levant les yeux au ciel, énervée par le comportement de ses parents.

"Dans la voiture immédiatement et cesse d'agir en adolescente."

Elle marcha furieusement jusqu'à la voiture. Une fois attachée à l'intérieur, elle fit la moue pour indiquer à ses chers parents qu’elle n’était une nouvelle fois pas satisfaite de la situation. Son père conduisait en silence jusqu'au lieu de la soirée. L'ambiance dans l'habitacle était tendue par la dispute précédente mais aussi par le stress, puisqu'il s'agissait d'une soirée mondaine pour étaler la richesse, le statut social et d’autres activités que le père d’Anastasia aimait particulièrement.

Le père d’Anastasia faisait partie de la classe sociale dite "haute", et sa mère de la classe sociale dite "moyenne". Leur amour a été plus fort que tout, ils se sont toujours battus pour être ensemble malgré leur différence de classes sociales inadmissible, cependant, ils avaient payé longtemps le fait de ne pas respecter les lois. C’était aussi pour cela que les soirées mondaines étaient si importantes aux yeux du père, pour montrer qu'ils étaient toujours plus forts et ensemble.

Chaque classe sociale devait fréquenter le même rang social, c’était totalement stupide selon Anastasia, mais selon la "loi" c'était pour éviter toutes arnaques possibles, ou que quelqu'un de moins riche ne profite de l'argent du plus riche, et pour l'image. L’adolescente refusait d’obéir aux lois. D’après elle, ce genre de lois correspondait aux lois de la vieille époque et qu’il était temps de vivre avec l’évolution, vivre avec la personne aimée, quel que soit son statut social ou ses différences. L’amour devait passer avant tout le reste.

Anastasia rêvait d’avoir un copain sans se soucier de son statut social, et ne pas devoir se marier avec un inconnu, qui ne lui conviendrait pas, juste pour faire plaisir à ses parents. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi son père voulait lui imposer un mari, alors qu’il s’était battu pour être libre de sortir et de faire sa vie avec une femme différente de lui. Ses parents étaient son modèle, ils incarnaient l’espoir de liberté et de rébellion au sein des différentes classes sociales, et elle voulait être libre de choisir et de se battre, pour être heureuse.

Elle avait en vue un garçon avec qui elle s'entendait vraiment bien. Les deux rigolaient beaucoup, il était très attentif, très gentil, et qui pour couronner le tout, était de son "statut social", donc ses parents ne pourraient que l'approuver quand elle leur présenterait.

"Pas de dérapages à cette soirée, un comportement exemplaire comme habituellement.

-Hmf, ouais ouais je connais le discours, c'est bon papa.

-Pense au vocabulaire aussi, ma puce. Tu es ravissante au passage.

- Ouais, tu me connais je sais jouer la fille parfaite, maman."

La mère d’Anastasia hocha la tête en souriant, puis déposa un rapide baiser sur la joue de sa fille, tandis que le père avançait déjà pour les inviter à faire de même.

L’adolescente souffla un grand coup, afin de se donner du courage et d'entrer dans son rôle.

Elle trouva que la salle de réception était splendide, la décoration était luxueuse mais sans en faire trop, les propriétaires ne devaient pas vouloir exposer leur richesse de façon outrancière. Ou alors, ils avaient mis le gros budget ailleurs. Elle n'espérait pas, parce si c'était le cas, la soirée allait être très longue et très ennuyeuse.

"Papa, quel est l'événement de ce soir ? Juste une réunion?

-Non, ce soir c'est le grand soir pour le fils de Kévin, il lui lègue une part de sa grande entreprise, donc ils seront les deux propriétaires et apparemment son fils a lui aussi une grande nouvelle à partager ! Cela sent le mariage, j'ai hâte !

-Kévin a un fils ? Et personne ne me le dit !

-Nous pensions que tu le savais.

-Négatif.

-Et bien, maintenant tu le sais."

La soirée se déroulait plutôt bien et étonnement, Anastasia passait un bon moment. Évidemment, les gens snobs ne manquaient pas à la soirée mais elle avait trouvé des personnes plutôt humbles et qui étaient restées simples malgré leur richesse, et elle se sentait ressourcée d'enfin pouvoir parler avec des gens simples, intéressants et sympathiques.

"Anastasia !"

Elle se retourna et manqua de peu de faire tomber sa coupe de champagne, surprise de voir à cette soirée le garçon qui lui plaisait tant.

"Harry ? Mais que fais-tu là ? Tu ne devrais pas être ici !"

Il sourit gaiement, ce qui creusait ses fossettes. Il était à tomber, son costume lui allait à merveille et il faisait bien plus homme, c’était hallucinant. Ses beaux yeux verts pétillaient et ses cheveux étaient coupés court. Ses longs cheveux bouclés allaient lui manquer, mais la coupe courte lui allait tout aussi bien. Elle ne put s’empêcher de le trouver irrésistible.

Il déposa un baiser sur sa main, puisque dans ce genre de soirées, c'était encore une marque de respect pour la femme, malgré l'époque. Elle baissa légèrement la tête en souriant afin de lui retourner son salut et son respect.

"Tu es ravissante Ana ! Une vraie femme.

-Oh t'es plutôt pas mal aussi, ça change de d'habitude.

-Hé !"

Il grimaça pour montrer son mécontentement mais ne put s'empêcher de sourire.

Les deux jeunes s'éloignèrent un peu des gens, pour rester les deux. Ils restèrent cependant à une distance correcte, de façon à ce que les parents d’Anastasia puissent la voir, et inversement. C'était une règle de toujours rester à la vue les uns des autres.

"Mon père ne m'a pas encore présenté de guignole ce soir, c'est louche mais ça me fait du repos.

-Profite, la soirée n'est pas encore terminée.

-Ne me porte pas malheur."

Ils rirent, puis Harry s'absenta une quinzaine de minutes après, prétextant une envie pressante.

Les parents de l’adolescente lui firent un signe pour qu’elle les rejoigne, ce qu’elle fit.

"Kévin va parler sur la scène, et son fils va arriver juste après ! À qui parlais-tu ?"

Anastasia hocha la tête, désintéressée.

"Oh un ami, je n’avais aucune idée qu'il serait présent à cette soirée.

-Il est très charmant."

Sa mère sourit grandement, sûrement fière de voir que sa fille pouvait avoir des amis, tandis que son père fronçait les sourcils, très peu réjouit de savoir que dans l’entourage de sa protégée, se trouvaient des hommes qu’il ne connaissait pas.

Kévin fit comprendre aux gens de s'attrouper vers la scène.

"Bonsoir tout le monde, merci d'avoir répondu présent à cette soirée importante. Ce soir, je prépare une partie de ma retraite. Mon fils vient d'avoir l'âge d'être propriétaire d'une part de mon entreprise, maintenant qu'il est un homme, il va gérer avec moi l'entreprise, puis je lui céderai ma place dans quelques années et il en sera l'unique propriétaire. Je vous présente pour celles et ceux qui ne le connaissent pas encore, Harry, mon prodigieux fils."

Les gens applaudirent quelques secondes.

"Oh c'est ton ami, ma puce !"