La Terre était minuscule. Suspendue là, dans le hublot de la navette, comme une larme oubliée dans l’obscurité.

Eiran la regardait sans ciller.

Eiran n’éprouvait plus rien de précis. Ni tristesse. Ni soulagement. Juste une impression flottante de fin — et de commencement.

« Tu sembles perdu·e, » murmura la voix douce et synthétique de KORA.

« Non. Juste… détaché·e. »

« La plupart des humains ressentent cela quand ils quittent la Terre. Il paraît que c’est le vertige de l’inconnu. »

Eiran sourit à peine.

« Ou peut-être celui de soi-même. »

La navette vibra légèrement. Les propulseurs s’ajustèrent. Le signal orbital de Nébula IX venait d’être capté.

« Nous entrons dans l’espace colonial. Dernier contact visuel avec la planète-mère dans 17 secondes. »

Eiran se leva. Un dernier regard. Une dernière pensée.

"Ne me retiens pas."

Et la Terre disparut.