Nébula IX
La station orbitale Nébula IX n’était pas faite pour être belle. Suspendue au-dessus de la surface rouge et criblée de tempêtes de Proxima b, elle ressemblait à une araignée métallique, griffant le vide avec ses bras en acier. Et pourtant, pour Eiran, c’était la plus belle chose qu’elle ait jamais vue.
La navette s’arrima lentement. À travers le hublot, Eiran vit les énormes baies de réception s’ouvrir, révélant un dédale de couloirs flottants, d’éclats de lumière artificielle et de silhouettes en combinaison blanche.
« Bienvenue à la fin de la galaxie, » murmura Eiran.
La voix de KORA, son IA personnelle, vibra dans l’oreillette interne.
« Station Nébula IX. Altitude 38 000 km. Gravité artificielle : 0,76 g. Atterrissage achevé. Fréquence cardiaque : légèrement élevée. Diagnostic : excitation modérée. »
« Merci pour l’analyse psychologique, KORA. »
« C’est mon plaisir de toujours verbaliser l’évidence. »
La porte du sas s’ouvrit, et un homme attendait. Grand, mince, les traits tirés, des lunettes suspendues au bout du nez. Il avait l’air d’avoir dormi debout les dix dernières années.
« Eiran, je présume ? » dit-il.
Eiran hocha la tête.
« Oui. Docteur Elwan Tahr ? »
« En chair, en os et en café froid. Suivez-moi. »
Ils traversèrent un couloir circulaire en apesanteur. Des panneaux clignotaient en silence, et au loin, on entendait le grondement doux des générateurs à fusion.
« Vous avez de la chance, » lança Tahr sans se retourner. « Chambre personnelle avec vue sur le bras d’Orion. Ça ne paie pas mieux, mais au moins vous aurez des étoiles pour compagne. »
« Je suis venu·e ici pour être seul·e, donc… ça me va. »
Il s’arrêta, le fixa.
« Vous êtes venu·e ici pour comprendre. La solitude, c’est juste un effet secondaire. » Il esquissa un sourire fatigué. « Allons voir ce que vous valez. »
Annotations