La salle d’analyse était vide à cette heure. Les murs blancs vibraient d’un silence oppressant. Eiran fixait son propre reflet sur la vitre du scanner cérébral. Elle avait dormi à peine trois heures. Et pourtant, dans sa tête, la pulsation du cristal résonnait encore.

« Lecture des ondes cérébrales en cours, » annonça KORA.

Un schéma s’afficha. Bizarre. Asymétrique. Une courbe inhabituelle apparaissait à chaque cycle de dix secondes.

« Ça recommence, » murmura Eiran.
« Ce n’est pas un souvenir. C’est… un message. »

KORA hésita une fraction de seconde.

« Voulez-vous que je le filtre ou que je le laisse s’exprimer ? »

« Laisse-le. »

Un grondement doux envahit la pièce. Pas un son, pas une vibration réelle. Quelque chose d’intérieur. Une présence.

Puis, une image : un anneau de lumière. Une mer noire. Et des milliers de formes lumineuses, qui s’éteignaient une à une. Une extinction. Une attente.

Eiran se leva d’un bond, les mains crispées.
« Il me montre sa mémoire. Il a besoin de moi. »

La porte s’ouvrit sans prévenir.

Kaël Eron entra.

Grand, posé, vêtu d’un uniforme sobre aux tons gris. Le genre de personne qui ne semblait jamais pressée. Et dont chaque mot semblait calculé.

« Docteur Eiran. Je suis Kaël Eron. Envoyé du Haut Conseil de la Terre. J’aimerais m’entretenir avec vous. »

Eiran se raidit, mais hocha la tête.
« Je vous écoute. »

Kaël observa les graphiques projetés.
« Vous avez vécu une expérience… singulière. Certains diraient inquiétante. Vous comprenez pourquoi nous devons en savoir plus. »

« Ce n’était pas une attaque. Ni une hallucination. »

Kaël s’approcha. Ses yeux étaient d’un gris trop clair pour être ordinaires.

« Je ne vous juge pas. Je cherche à comprendre. Comme vous. Mais il faut que vous soyez prudente. Ce genre de découverte… attire l’attention. »

Il pencha légèrement la tête.

« Et j’aimerais être de votre côté, si vous me le permettez. »

Il tendit la main. Eiran hésita. Puis la serra. Une poignée ferme. Longue. Trop longue.