Chapitre 2
Le trône était vide.
Et dans le royaume d’Aetherion, c’était plus qu’un symbole : c’était un cataclysme.
Le palais résonnait du tumulte de pas précipités, de cris retenus, de regards écarquillés. On entendait les portes claquer, les messagers courir dans les couloirs millénaires, cherchant un roi qui n’était plus là.
Certains refusèrent de croire.
D’autres, en le voyant absent, tombèrent à genoux.
Car Roi Argent n’était pas un roi parmi d’autres. Il était le seul.
Le dernier héritier des Arches, né de la ligne divine des Premiers Bâtisseurs. Un homme qui portait en lui l’éclat des étoiles mortes et les secrets de dix dimensions. Il était leur lumière, leur équilibre, leur tyran adoré.
Et il avait disparu.
Le Conseil des Veilleurs, rassemblé à la hâte, ne put qu’observer la couronne reposant encore sur l’accoudoir du trône. Intacte. Fière. Froide.
Comme s’il n’avait jamais été là.
Comme s’il n’était qu’un rêve.
" Il ne serait pas parti. Pas comme ça… " murmura le Premier Mage.
" Il ne pouvait pas fuir. Il est le royaume ! " gémit la Haute-Prêtresse.
Mais le vide était réel. Et la panique, contagieuse.
Des messagers furent envoyés aux frontières célestes, aux arches dimensionnelles, aux tours des anciens druides. Des éclaireurs volants balayèrent les airs en quête d’un indice. Le royaume entier frémissait, comme si Aetherion, privé de son souffle royal, se flétrissait seconde après seconde.
Mais personne ne savait qu’au-delà des limites du ciel, quelque chose avait été ouvert.
Quelque chose d’ancien. D’interdit.
Un portail, scellé depuis mille ans.
Un passage vers le Monde Originel.
Là-bas, loin des nuages d’or et des temples en flottement, s’étendait un monde grossier, pixelisé et vibrant : l’Overworld.
Ici, les villages n’étaient pas faits de quartz mais de bois mal taillé.
Ici, la pluie tombait sans permission.
Ici, les monstres surgissaient la nuit sans crainte d’être jugés.
Ici, tout était vivant.
Et dans une forêt dense, bordée par un lac tranquille, une silhouette tomba du ciel dans un éclair de lumière grise.
Une chute silencieuse, mais d’une intensité à faire trembler le code du monde.
L’herbe s’aplatit. Les arbres s’inclinèrent. Les moutons s’enfuirent.
Et au sol, au milieu d’un cratère fumant, le Roi Argent ouvrit les yeux.
Ses vêtements, jadis soyeux, étaient froissés. Ses bottes craquelées par le choc. Mais son regard, lui, était intact. Glacial. Brillant. Curieux.
Il regarda les feuilles trembler, le vent souffler, la terre vibrer sous ses doigts. Il huma l’air, sale mais vivant.
Un oiseau piailla.
Et le roi — le dieu — esquissa un rictus.
"Que c’est laid… Que c’est vivant."
L’Overworld venait de recevoir une visite inattendue.
Et elle n’allait rien comprendre à ce qui venait de tomber du ciel.
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