Puisqu'il faut une fin à tout
- Dépêche-toi ! Mais dépêche-toi bon sang ! On va pas être à l'heure, on va pas être à l'heure...
Lundi. 7h58. Henri et moi, moi et Henri. Encore chez moi. En retard au bac.
- Merde, merde, ruminais-je.
Je prends mon sac, ma carte d'identité et tous les autres ramassis de conventions parfaitement inutiles mais "obligatoires". Quelle connerie, le bac. Bien sûr que je vais l'avoir, comme tout le monde d'ailleurs dans mon lycée. 100 % de taux de réussite, ça se mérite ! Tous ceux qui ne sont pas à la hauteur sont remplacés, sans exception. C'est ça, d'être dans le meilleur lycée de son pays. Mais c'est aussi ça :
- Si on ne part pas maintenant, notre vie est foutue, foutue, foutue ! criait-il. Pas de ratés, de ratures ni de rattrapages ! Tu te souviens de ce que nous a dit le proviseur, dis, tu t'en souviens ?
Je ne réponds pas, j'ai pas le temps. Ma salive, je la garde pour quand je serai à bout de souffle. Parce que maintenant, il va falloir courir. Je regarde une dernière fois ma montre, 7h58. C'est pas loin, ça peut encore le faire. Mais ça va être serré. Et dangereux.
Henri et moi on court, comme si notre vie en dépend et à vrai dire, c'est un peu le cas. Mais on est pas les seuls dans la rue. Ni les plus gros.
Tandis que je traverse une rue, hors du passage piéton, oui, et au feu rouge, c'est vrai, une voiture arrive vers moi à toute vitesse.
Trop tard pour freiner.
Trop tard pour crier.
Quand l'homme est en danger réel, il le sent. S'il est en danger de mort, son corps le sait et dans un dernier geste empli d'espoir, il se jette sur le côté.
Mais c'est souvent trop tard.
La mort, la mienne, était là pour me rappeler que tout est éphémère.
Et que mon stupide empressement m'a coûté mon bac.
M'a coûté la vie.
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