Chapitre 5 - Partie 3

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L'ascenseur grimpait les nombreux étages de la tour Yuan-Ming. Mais, à part le sol, la totalité de l’élévateur disposait d’une transparence sans la moindre opacité. La dynastie Ming avait beaucoup investi pour rendre leur tour principal unique, notamment en verre ultra-trempée, un nom grossier donner par des ingénieurs de Al-Ufuq pour décrire une manière bien particulière de refroidir le dioxyde de silicium dont seule la corporation Ufuq’ia en connaît le secret.

Ce matériau composait la quasi-totalité de la tour Yuan-Ming. Cela permettait à Espoir d’apercevoir la totalité de Wengchao Cheng, alors qu’il descendait les étages, du 98ème au… sous-sol.

Il ne pouvait se rassasier d’un tel horizon. Toute la partie sud de la ville du soleil impérial n’avait plus de secrets pour lui. Il apercevait le sommet des nombreux immeubles que la tour dynastique surplombait sans difficulté. Derrière se trouvaient des habitations sobres, géométriquement parfaites, dans des nuances de gris, d'acier et de titane. Puis, s’il plissait les yeux, il pouvait même distinguer l'au-delà de la ville… un simple désert, de population, de faune, de flore. Il n’y faisait pas chaud, pas comme sur les anciens continents, mais ils n’étaient pas peuplés par simple manque d'intérêt, aucune ressource, des terres pas franchement fertiles, des cours d’eau secs ou inexistants… des no man’s land comme cet endroit composait les trois quarts, voire plus, du Monde, du Groenland.

Vous vous perdez encore là-bas ?

Meï le sortit de ses songes,

— Je préfère cela que de m’angoisser par ta révélation, je ne sais pas ce que tu souhaites me montrer, mais je suis franchement inquiet.

Vous verrez, je ne peux l’expliquer, ce n’est pas dans mon programme.

— Mais tu peux le montrer ?

Elle ne répondit pas, son visage resta placide, marqué d’une robotique de pointe. Ses yeux en amande, sa peau qui, malgré l’holographie, paraissait d’une texture parfaite, d’un teint légèrement cuivré… elle paraissait si belle et réelle, mais elle n’était qu’un amas de circuits, d’algorithmes… contenus quelque part, il ne savait où, dans la tour.

Depuis sa naissance il n’avait connu que la robotique sous un prisme d’une innovation telle que la différence avec l’être humain ne tenait qu’à un fil électrique. Il était né à l’âge de la cybérologie, du transhumanisme, pourtant l’humain affirmait sa volonté de barrière entre l’être pourvu un minimum de chairs, d’âme pour certains, et le non-être nourri par l’énergie électromagnétique. Oui, même dans le Monde, dans le Groenland de 2150, l’éthique régnait encore sur le peu de terres qui lui restaient… Espoir lui s’en moquait, il ne voyait pas le mal à rompre une telle barrière quant à côté le moindre pecor pouvait décider de s’agrandir le sexe et s’y implémenter toutes sortes de fantaisies autour du scrotum. Non, ça n’avait pas de sens pour lui, les machines, comme Meï par exemple, représenter bien plus des êtres civilisés que ces gens-là. Ils manquent peut-être encore d’empathie, ces IA, mais ce n’est pas grand-chose à implémenter, une question de priorité d’algorithmes en fonction de la nature de l’environnement et des émotions analysées chez autrui…

— Meï ?

Oui cher monsieur ?

— Si tu n’étais pas une intelligence artificielle, mais une humaine, qu’aurais tu aimé faire ?

Le logiciel avait dû planter, elle était restée sans mouvement, sans émotions, les yeux dans un vide intersidéral. Espoir s’en doutait, qu’elle ne saurait répondre, qu’elle ne saurait se plonger dans une réflexion existentielle, là il n’avait pas d’idée pour implémenter une fonction philosophie dans le programme de ces IA.

J’aurai aimé avoir des amis monsieur.

Il frissonna, il n’avait jamais encore entendu d’émotion dans la voix d’un algorithme, voilà qu’il en était témoin, de l’impossible. Était-ce une réponse préprogrammée à cette question ? Un moyen des Ming pour que les employés s’attachent à ces logiciels holographiques ?

Pourtant, dans ce visage si neutre, si robotique, une profonde sincérité se dégageait.

Nous arrivons, monsieur.

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