Chapitre 6 - Partie 6

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— Votre choix est donc fait Lavande ?

La lune se pointait, le soleil s’en allait, la stip’ caressait la poignée de son Glock attaché à sa ceinture. Les holopublicités se reflétaient sur la carcasse chromatique de la marionnette.

— Ouais.

— Je suis heureuse, nous sommes toutes heureuse, que vous ayez fait le bon choix. Nous savons que ce n’est pas facile pour vous.

— Ouais.

— Que devons-nous faire pour vous aider ?

— Au cas où cela tourne mal, je veux une de vos deux combattantes dans la salle du Lord, qu’elle puisse me venir en aide s’il faut. La deuxième devra rester dans le hall d’entrée.

— Pour ?

— Empêcher un blocus et que mon échappée en devienne complexe.

— Je vois, je vais leur transmettre… et pour nous autres ? Les poupées qui ne combattent pas ?

— Faites comme si tout était normal, je vais rejoindre le gros lard, lui faire croire que je suis de son côté et l’abattre de sang froid. Toi, ta mission c’est de faire en sorte que je puisse passer les sécurités avec mon Glock, je n’ai besoin que de lui.

La poupée ne doutait pas de Lavande, elle lui prit même la main dans les siennes.

— Après cela, nous ferons tout pour vous aider, pour retrouver votre frère, je vous le promets.

La stip’ retira sèchement sa main.

— Va mettre tout ça en place poupée, j’arrive d’ici un quart d'heure.

///

Système de Lava’ ;

Index main droite : Opé’XF modèle n°27 = ok ;

Coeur : Ventrisimu = ok ;

Yeux : Yǎnjīng-ChIYu = défectueux ;

Mastoïde :

— Arrêt.

///

— Cela me suffit.

Lavande passa les portiques, de l’antre du Gunther, un homme de la sécurité lui signala qu’elle pouvait déposer ses armes dans un des casiers disponibles.

— J’suis pas armée.

— Vous n’aviez pas d’Opé’XF la dernière fois ?

Il en a une bonne mémoire l’enculé.

— Je l’ai désynk.

— Vérifions cela… conclut le gardien en présentant d’un geste éloquent la cage anti-menace.

Alors elle s’avança, tentant de paraître le plus confiante possible, si ces poupées m’ont niqué…

Un soudain bruit sourd attira son attention, l’une des deux marionnettes de combat venait tout juste d’assommer le gardien. De son bras surmonté d’une pointe acérée en or, elle lui faisait signe. Elle se différenciait grandement des poupées habituelles par des cybérol’ plus connotée “bagarre” que ses comparses intendantes des lieux. Les yeux n’en étaient plus, ce n’était que des grosses LED organiques, il en allait de même pour le moindre brin d’épiderme recouvert d’une couche de carbone condensé. Un bras était une lame, l’autre un fusil, seules les guibolles parurent à peu près intact… mais Lavande se doutait qu’il y avait tout un tas d’améliorations là-dedans.

Pour éviter d’attirer l’attention par l’alarme de la cage, la stip’ entreprit de l’escalader ; elle agrippa les rebords et se hissa au-dessus pour redescendre derrière sans avoir à passer dedans.

Elle marchait vite, droit vers son objectif : Lord Gunther.

Sur sa route elle croisa les différentes poupées qui la jaugeait avec espoir, elles savaient que ce soir elles seraient libres, enfin. Son cœur artificiel distribuait le sang à ses organes et muscles de sorte qu’elle passe dans un état second, un qu’elle détestait apprécier : l’instinct primaire, le sauvage, la prédatrice.

Gib es der Unterwelt und sie geben es dir zurück. Bring es in die Unterwelt und sie werden dich töten.” ces mots au sens inconnu trônaient encore fièrement sur l’arche.

Lavande entra dans la salle, il n’y avait que le Lord et la deuxième poupée combattante. La similarité entre les deux était troublante, le miroir l’une de l’autre. Comment Gunther pouvait-il avoir autant confiance en elle à ce point ?

La stip’, gonflée d’adrénaline, sortit immédiatement son arme fétiche et pointa la face chauve et grasse du mafieux. Il ne bronchait pas, il dévisageait même Lavande de manière provocatrice.

— Alors ? s’étonna le Lord alors que sa poupée se plaçait derrière lui, c’est donc une trahison ?

— Baisse toi gros porc.

Aussitôt Gunther s’exécuta et Lavande pressa la détente. Une balle fusa jusqu’à la marionnette qui la prit en pleine poitrine. C’est stupéfait que la stip’ aperçu la balle tombait à terre sans même avoir traversé ou pénétrer sa cible. Elle déglutit.

La bête cybérologique bondit alors. Bras-lame devant, elle courut à une vitesse folle sur la longue table pour atteindre Lavande. Quelques secondes pour agir. Lavande sauta sur le côté, la pointe frôla sa gorge. Pas de répit, le monstre se tourna abruptement et tira de son autre bras. Lavande attrapa l’une des chaises en acier et se couvrit, une balle traversa sa défense et toucha son mollet gauche, l’adrénaline camoufla la douleur.

Elle ne faisait pas le poids, elle pensait l’avoir par la ruse, par la surprise de la traîtrise, mais elle n’avait pas pu suffisamment étudier la chose avant de la combattre… Lazarus, j’espère que tu t’en sors avec l’autre.

Pas de répit, elle balança la chaise devant pour interrompre le bond de la poupée. Elle glissa sous la table et releva son trench pour accéder à sa ceinture duquel elle prit un tube bleu nuit. La table se scinda en deux, le bras-lame était d’une efficacité à couper le souffle. Lavande profita de cet instant pour balancer le tube.

Bruit sourd.

Flash.

La bête était paralysée, cinq secondes, pas plus.

C’était son tour, Lavande appuya sur ses phalanges dans sa course, des clapets s’ouvrirent le long de ses poignets. Elle propulsa son poing dans le torse de la poupée, les ouvertures sur son poignet se refermèrent au moment du fracas, une lumière bleuté s’en échappa et soudain la marionnette fut soulevée par un choc stratosphérique. Elle retomba quelques mètres plus loin. Lavande se tint la main, de la vapeur s’en échappait. Autre main, deuxième coup. Le premier était une réussite : quand la marionnette se releva elle dévoila un cratère au niveau de son torse et des craquelures sur son épiderme de carbone condensé.

Moment de vérité.

La stip’ appuya sur sa paume.

// Yǎnjīng-ChIYu = défectueux ; //

Ta gueule.

La bête s’élança, en proie à une rage déformant son visage monochrome. Elle voyait sa trajectoire, elle lisait en elle, elle voyait tout… dont les failles qu’elle avait créées sur son armure cybérol’. En une demi-seconde, elle était devant elle, la lame prête à se planter entre ses deux yeux. Lavande déplaça son buste au dernier moment, façon boxe anglaise, cela ne l’empêcha pas d’avoir la joue coupée. Elle lui projeta son deuxième poing en direction de son foie. Le cri de la poupée fut aussi percutant que le choc. La bête au sol, la prédatrice au-dessus. Elle se tordait de douleur. Lavande souffla sur sa main enfumée.

— C-connasse… expira la marionnette,

La stip’ attrapa le bras-lame et le retourna vers la gorge de sa propriétaire pour l’ouvrir en deux. Le sang se déversa alors que la vie quittait petit à petit son hôte.

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