Chapitre 6 - Partie 7

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Les cadavres étaient encore frais, empilés, devant le gros tas qui commanditait. Le malsain trônait sur sa face purulente, il s’extasiait d’avoir ce qu’il voulait.

— Bien ! J’adore ! Bravo !

Tel un enfant gâté, il frappait ses mains potelés l’une contre l’autre,

— Vous êtes créditée à l’instant même mademoiselle 278.

D’un clic de sa dextre sur sa paume, elle vérifia :

1 nouvelle notification de Hexabank.

— Lecture.

Vous avez été crédité de 10 000 crédits par {expéditeur inconnu}

— Transfère 1500 crédits à Lazarus.

Je transfère 1500 crédits à Lazarus 122 562 222, validation ?

— Validation.

Il se tenait à ses côtés, un bras en loque, pourtant peu de son sang s’était écoulé, il y avait là surtout des circuits et autres fils électriques bousillés. La stip’ y avait laissée plus de chair ; assit sur une chaise, elle attendait qu’une sonde médicale du Lord termine de lui rafistoler sa cheville trouée.

L’adrénaline de la bataille retombée, Lavande s’éloignait du monde réel pour rejoindre les abîmes de sa pensée. Elle avait une nausée à chaque fois que les images revenaient. Oui, elle était une tueuse, mais la stip’ s'enorgueillait d’être honorable dans le choix de ses contrats… jusqu’ici. Un tas de cadavres, de filles paumées, comme elle finalement.

— Oh, ne vous embêtez pas pour ça mademoiselle 278, elles vous auraient mis un couteau dans le dos. Non, matez moi ça plutôt.

Les dents dehors, éclatantes de fierté, il fit signe derrière les deux stipendiaires.

Ce fut d’abord l’effroi, qui fut surmonté d’un profond dégoût. Lavande ne put qu’admirer l’étendue de sa bêtise : une dizaine de poupées, toutes neuves, encore plus similaires les unes aux autres, bien plus robotiques, obéissantes du fond du regard jusqu’à l’ongle de l’orteil.

— Mon nouveau modèle ! Tous frais payés !

Lazarus, pas embêté par la vision qui lui était offerte, se permit même d’apporter sa question,

— D’où proviennent -elles ?

— Al-Ufuq Lazar ! L’El Dorado de la servitude ! Les plus belles femmes sont là bas ! Il y en a même deux qui proviennent du harem d’un prince généreux !

— J’en ai trop vu.

La sonde avait à peine terminé son travail que Lavande se leva brusquement et tourna les talons.

— Tu vas où Lava’ ?

— Je prends la prochaine navette pour Weng, répondit-elle à Lazarus qui se mit à la suivre.

— Tu ne veux pas attendre demain ? T’es à peine rafistolée chérie ! Puis t’as encore utilisé ton Yǎnjīng, tu sais que tu vas douiller d’ici quelques heures ?

— Je sais très bien, mais Espoir a besoin de moi, j’ai déjà trop pris de temps.

Son ancien mentor lui attrapa le bras alors qu’elle venait de sortir du QG de Gunther. Dehors, les nuages et la pluie de sable, le bruit des gens et des machines, l’odeur des rats.

— Lâche-moi.

— Putain, écoute moi Lava’.

Elle se retira néanmoins de l’étreinte.

— Tu vois ça ? demanda-t-il en pointant les alentours, c’est Lodeveeb et…

— Tu me prends pour qui grosse merde ?

— Oh calme ! J’ai pas fini… la navette est à l’Ouest de NV, Lodeveeb est à l’Est, faut que tu remontes la ville, un quartier, deux artères, sans parler du centre où la circulation est horrible…

— Accouche !

— Et bien tu arriveras là bas la nuit, donc à Weng de nuit, tu comptes faire quoi là bas au juste ? Tu vas toquer à la porte des Ming pour réclamer ton frère ?

— Ouais je vais faire ça, je vais exactement faire ça.

— T’as besoin d’un plan Lava’ !

— Un plan ? Pour que tu me baises puis qu’ensuite tu t’excites sur des putains en chrome d’un gros lard pourri dans les moindres recoins de ses bourrelets ?

— T’es jalouse c’est ça ?

— Mais ça n’a rien à voir ! J’ai honte d’accord ?! J’ai honte d’avoir trahi les poupées ! Pourquoi j’ai fait ça ?! Pourquoi ?!

La jeune femme se prit la tête puis les cheveux et eut l’envie de les arracher.

— Pour ton frère !

— Il ne voudrait pas ça… j’ai 8500 crédits sur mon compte qui proviennent du génocide de ces marionnettes !

— Tu les as libéré, et tu n’en as tué qu’une, c’est moi qui ait la responsabilité des autres.

La parole était évidente, cependant cela permettait à Lavande de relativiser, un peu.

— Mais ce n’est pas cela que je voudrais te dire Lava’...

Il déposa son index sous son menton pour le relever, pour déposer ses iris dans les siennes.

— Cela fait trop longtemps que ton frère a disparu. Il faut que quelqu’un te le dise : il est mort.

Sa mâchoire se serra, la fureur la gagna. Elle porta ses deux mains sur le col du stip’ bien plus imposant qu’elle. Pourtant la vitesse d’exécution et l'agressivité permit de venir le scotché contre le mur derrière lui.

— Répète un peu fils de pute !

Il leva les mains, gardant un sang-froid exemplaire.

— Ton frère, Espoir, est mort ! Et tu vas crever pour rien !

Non, il était impossible d’admettre une chose pareille,

cette pourriture veut juste que je reste ici pour me baiser dans le dos de Gwen !

Sans même y réfléchir, elle porta une mandale dans le menton de son ex-mentor, puis le lâcha immédiatement après. Elle n’attendit pas qu’il daigne parler ou s’expliquer ou même lui en retourner une…

Lavande appela sa Crows, elle partait pour retrouver son frère.

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