Quelques explications

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Je suis à terre et je suffoque. De chaudes larmes coulent sur mon visage. Moi qui commençais à voir une porte de sortie dans ma triste vie, me voilà au point de départ. Mon ex m'a retrouvée. Comment vais-je pouvoir gérer cette situation ? Cet homme est une personne imprévisible. Il peut agir à tout moment. Je suis complètement sonnée par ce message.

Les minutes défilent, et je reste là, immobile. Soudain, la porte s'ouvre :

 - Kimi ?

La voix de Zoé retentit. Mes yeux se posent sur elle :

 - Kimi... oh non...

Elle s'approche doucement de moi et se baisse. Elle pose alors ses bras sur les miens :

 - Excuse moi... j'ai été dure avec toi... mes mots ont dépassé ma pensée...

Elle me fait un sourire, puis me prend dans ses bras. A son contact, je lâche prise, et mes larmes coulent à flot :

 - Zoé... je suis désolée... je ne voulais pas te faire de peine... il n'y a vraiment rien avec Eden. Je le considère vraiment comme un ami... je t'assure...

 - Je te crois...

Elle me serre fort, me disant des petits « chut » très doux dans mon oreille pour me calmer. Elle essuie mes larmes :

 - Kimi... ton maquillage part vraiment en sucette...

Nous rions un court instant :

 - Cette enveloppe... Que contient-elle ? Est-ce-que c'est à cause de ça que tu pleures ?

Je me relève :

 - Non... je suis juste un peu sur les nerfs...

Elle se lève à son tour :

 - Tu sais, si quelque-chose ne va pas il faut en parler. Il ne faut pas que tu restes dans une situation difficile toute seule. Même si Eden à un faible pour toi, je t'aime bien. Tu es une personne gentille. Je pense que tu essayes d'être agréable avec tout le monde, mais tu sais, parfois ça n'est pas la bonne solution. Il faut que tu t'ouvres aux autres. Ça permettrait d'éviter des mal-entendus...

 - Je sais bien... je te remercie pour tes conseils. Je sais que j'ai un gros travail sur moi-même à faire...

Elle prend du papier toilette, et m'essuie le visage doucement :

 - Même avec le visage noir, tu es toujours magnifique... tu m'énerves !

Elle affiche un sourire malicieux :

 - Kimi, tu sais que tu es dans les toilettes depuis trois-quart d'heures ? Je suis venue parce-que je pensais que tu avais fait un malaise...

Mes yeux s'ouvrent en grand :

 - Quoi ?! Tu plaisantes ?!

 - Non, regarde ta montre si tu ne me crois pas !

Je regarde ma montre. Effectivement, Zoé dit vrai... je dois me dépêcher de sortir de là pour aller au bureau :

 - Je dois y aller, je suis vraiment à la bourre...

 - Aller, file !

Elle me donne une tape amicale derrière l’épaule, puis je cours en direction de l'ascenseur. Je passe à pas de loup devant le bureau de Manoé, et arrive enfin à destination. J'ouvre doucement la porte et y entre. Je prends soin de la fermer silencieusement et pose mes affaires. Je m'assois sur mon siège et allume l'ordinateur pour enfin me mettre au travail. Même si je suis toujours en état de choc, je dois me forcer à retrouver mon calme.

***

Les heures passent et la pause déjeuner arrive enfin. J'enregistre mon travail et me lève pour rejoindre la salle de pause. Je ferme la porte de mon bureau, prends l'ascenseur et descends. Arrivée devant la salle pleine de monde, je marche vers le distributeur. Je compte mes pièces et me rends compte que je n'ai pas assez de monnaie pour m'acheter un sandwich. Je recompte plusieurs fois, agacée.

 - Il te manque de l'argent ?

Je reconnais la voix d'Eden. Énervée par son attitude de ce matin, je décide de l'ignorer, et continue à compter :

 - Kimi...

Je fais la sourde oreille. Il m'attrape alors par le bras, et je me retourne enfin :

 - Je suis désolé pour tout à l'heure... je n'avais pas l'intention de te mettre mal à l’aise...

 - C'est pourtant réussi...

Il baisse les yeux au sol :

 - Kimi... accepte au moins que je te donne un peu d'argent pour que tu puisses manger. Je comprends ta colère... mais ne reste pas le ventre vide, s'il te plaît...

 - Ça ira. Je n'ai pas vraiment faim de toute façon. Je vais retourner travailler.

Je tourne les talons en direction de la sortie :

 - Kimi !

Cette fois, je ne suis pas d'humeur à parler. J'ai beaucoup trop de préoccupations en tête pour parler avec Eden. Je ne l'écoute pas et remonte en direction de mon bureau.

Mon téléphone se met à sonner. C'est un message d'Eden. Je l'ouvre et lis ceci : « Je suis vraiment désolé, j'espère que tu pourras me pardonner... » Je ne réponds pas, et me remets au travail.

Les heures passent. Je regarde ma montre, et m'aperçois que ma journée est terminée depuis plus d'une heure. Je n'ai vraiment pas envie de rentrer ce soir. L'idée que mon ex pourrait se trouver dans les parages m'effraie au plus haut point. Le fait de ne pas savoir où il se trouve, ni même ce qu'il connaît réellement sur moi ne me rend pas sereine. Si je pouvais, je dormirais ici...

La porte de mon bureau s'ouvre. J’aperçois alors monsieur Garcia, avec des documents à la main :

 - Vous n'êtes pas encore partie ? Dit-il, avec étonnement

 - Non... je pense rester un peu plus longtemps ce soir...

 - Comme vous voudrez... je ne vais pas tarder à partir. Je voulais vous déposer du travail pour demain. Tenez !

Il pose sur mon bureau les documents :

 - Bon... et bien bonne soirée, mademoiselle Leroy. Je vais prévenir le président que vous êtes encore dans les locaux, qu'il ne vous enferme pas ici !

 - Merci, bonne soirée monsieur Garcia.

Il se tourne, et ferme la porte de mon bureau derrière lui. Je prends les écrits qu'il vient de me déposer, et commence alors la correction. Il faut absolument que je m'occupe pour ne pas penser à l'angoisse qui m'attend lors du chemin de retour.

Le temps continue à défiler, sans que je ne m'arrête sur mon travail. Mes yeux commencent à fatiguer mais je ne prends pas de pause.

Soudain, j'entends des petits coups retentir sur ma porte. Elle s'ouvre, et Manoé se tient là, à quelques pas de moi:

 - Vous allez devoir rentrer. Je pars et il n'y a plus personne ici. Rangez rapidement vos affaires. Dit-il, d'un ton sec, me regardant à peine.

Je n'ai pas le temps de lui répondre, qu'il a déjà fait demi-tour. Je me lève brusquement, cours vers lui et lui attrape le bras. Il s'arrête, mais ne se tourne pas. Mon cœur bat à toute allure, mais je dois éclaircir avec lui ce qu'il s'est passé ce matin avec Eden :

 - Attendez... je dois... je pense qu'il faut que je vous explique la situation de ce matin avec Eden...

Il me coupe la parole :

 - Vous faites ce que vous voulez... je n'ai pas d'explications à recevoir.

Il retire ma main et continue ses pas :

 - Manoé ! Je... lui dis-je, en haussant la voix.

Il s'arrête de nouveau. Après quelques seconde, il se tourne, et vient à moi, d'un pas lent.

Tout à coup, il me pousse contre le mur, pose sa main à côté de mon visage et me fixe intensément. Je deviens rouge et mon cœur explose :

 - Je vous écoute... dit-il, d'un ton glacial.

Mes lèvres tremblent, et j'ai du mal à trouver mes mots :

 - Je... je suis juste amie avec Eden... rien de plus... il m'a juste emmenée au travail...

 - Et ? Je suis censé être jaloux ?

 - Non... je... je ne voulais pas qu'il y ait de malentendu...

Il baisse son visage, souffle, puis me regarde de nouveau :

 - Je ne serai jamais jaloux de mon frère et je me fous de vos explications.

 - Je...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase, qu'il m'embrasse. Il entrouvre légèrement ses lèvres, et je peux sentir sa langue caresser la mienne, délicatement. Puis il approfondit encore un peu plus son baiser, et m'embrasse avec fougue. Il pose ses mains sur mon visage brûlant, et m’oppresse un peu plus contre le mur. Mes jambes se mettent à trembler. Mes yeux se ferment lentement, et je me laisse transporter par son parfum enivrant. Je pose ma main gauche sur sa veste, puis la tient fermement, comme pour me rattraper. A cet instant, le monde autour de moi n'existe plus. Nous sommes complètement seuls dans l'univers. Il referme doucement ses lèvres, et le baiser devient plus doux. Après quelques instants, il éloigne son visage du mien, et me regarde avec intensité. Les mains sur mes joues il me dit à voix basse :

 - Prenez vos affaires je vous ai dit... il se fait tard.

Il enlève ses mains de mon visage, ma main lâche sa veste doucement, et il recule d'un pas :

 - Je vais vous attendre en bas.

Puis, il s’éloigne pour prendre l'ascenseur. Je reste plantée là. Sous le coup de l'émotion, je ne peux plus bouger. Manoé... vient de m'embrasser encore une fois. Cette fois, son baiser était beaucoup plus intense... le cœur palpitant à toute allure, je peine à reprendre une respiration calme. Je tente de reprendre contact avec mon corps, pour pouvoir ranger mes affaires, et libérer Manoé de l'entreprise. Les jambes tremblantes, je marche difficilement jusqu'à mon bureau.

Je rassemble mes affaires, mets ma veste, ferme la porte à clef et descends vers le hall d'entrée. Je l'y retrouve, attendant devant la porte. Quand j'arrive à lui, il l'ouvre et nous sortons :

 - Kimi, vous rentrez comment chez vous ?

 - Je vais prendre le bus...

Il me regarde un moment, puis me dit :

 - Il serait préférable que je vous ramène. Il se fait tard, et vous savoir seule à cette heure ne me rassure pas vraiment. Je n'ai pas envie que le scénario de l'autre fois se répète.

 - Je ne veux pas vous déranger...

Il me sourit :

 - Vous ne me dérangez-pas Kimi... si tel était le cas je ne vous aurez pas proposé un rendez-vous... ni même embrassée...

Je baisse les yeux au sol, complètement perturbée par cet homme. Une voiture arrive vers nous puis s'arrête. Je lève les yeux, et vois le chauffeur, qui m'ouvre la portière:

 - Allez-y, montez, me dit Manoé.

Je le regarde un instant, puis entre. Il s'assoit alors à côté de moi, puis nous faisons le trajet jusqu'à chez moi. Un long silence s'installe jusqu'à ce que nous arrivons à destination.

J'ouvre la porte pour regagner mon appartement, mais Manoé m'arrête en me prenant le bras. Je le regarde :

 - Kimi... vous savez... ne vous attachez pas à moi. J'ai une réelle attirance pour vous mais je risque de vous faire du mal par la suite... j'aimerais vous dire pourquoi mais si je vous le dit, alors je sais que tout s'arrêtera... et une partie de moi n'en a pas envie... j'ai envie d'être proche de vous malgré tout...

 - Alors... dans ce cas... je ne m'attacherai pas à vous...

Il me serre fortement la main, me regarde avec un air triste et me lâche :

 - Bonne nuit Kimi.

 - Bonne nuit Manoé.

Il me sourit légèrement, puis je descends de la voiture, le cœur lourd.

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