Un lendemain difficile

6 minutes de lecture

Je me lève, difficilement. J'ai un très gros mal de tête, et la gorge sèche. Je vais en direction de la cuisine pour boire un verre d'eau, puis fonce à la douche pour me réveiller un peu. Je fais en sorte qu'elle soit bien fraîche, pour me donner un petit coup de fouet.

J'aimerais que la scène d'hier ne soit qu'un cauchemar... je ne sais pas du tout quelle sera la réaction de Manoé quand nous nous verrons. J'espère vraiment qu'il me donnera une explication à tout ça... Après avoir pris ma douche, je m'habille, me brosse les dents et me coiffe. Je rajoute un peu d'anti-cerne, mon visage étant encore marqué par l'alcool.

Une fois préparée, je vais prendre mon téléphone. J'aimerais tellement qu'il m'envoie un message... je repense également à Luca. Cela fait un moment que je n'ai plus de nouvelles. Peut-être qu'il a enfin décidé de me laisser tranquille ? Même si j'aimerais que ce soit le cas, j'en doute fort...

Je prends ma veste, mets mes chaussures, et pars en direction du bus. Dehors, il fait de plus en plus froid, un peu comme mon cœur d'ailleurs...

Après quelques minutes, le bus arrive et je prends place. Je m'assieds, et ferme les yeux. Ma tête me fait toujours souffrir, et je regrette vraiment d'avoir bu autant.

Le temps passe et j'arrive au travail. Je vais vers l'accueil, et vois Zoé, à moitié endormie sur sa chaise. Je souris légèrement, et vais à sa rencontre. Elle a les yeux fermés, et n'est pas aussi bien maquillée que d'habitude.

 - Zoé !

Elle sursaute, se lève immédiatement, et me regarde avec des yeux injectés de sang :

 - Oh ! Tu... tu m'as fait peur !

Elle semble vraiment fatiguée.

 - Zoé... à quel moment on a arrêté de compter nos verres ?

Elle soupire, puis se laisse tomber sur sa chaise, en bâillant :

 - Je ne sais pas... mais j'ai vraiment hâte de retrouver mon lit... Ça va toi ?

 - Je ne suis pas en superbe forme non plus... ma tête me fait un mal de chien...

Elle croise les bras, et me fixe :

 - Je pense que je vais arrêter avec Eden... il est clair qu'il ne s’intéresse pas du tout à moi, et j'en ai marre de souffrir pour rien...

 - Je suis désolée, Zoé...

 - Tu n'y es pour rien... et toi... comment ça va se passer avec... monsieur X ?

Je ris à ces mots :

 - Monsieur X ?!

Elle me fait un large sourire :

 - Ce nom de code m'est venu à l'instant...

 - Pas mal... écoute je ne sais pas du tout comment ça va se passer... j' appréhende énormément...

Elle pose sa main sur mon bras, puis tourne la tête vers l'entrée :

 - Tient... voilà Eden...

Je ne me retourne pas, et souffle. Il ne met pas longtemps à venir à nous. Zoé baisse la tête vers son agenda.

 - Salut les filles...vous êtes bien rentrées hier soir ?

Il parle avec une petite voix, n'osant pas se rapprocher trop de moi. Je me tourne vers lui, et lui souris :

 - Oui, merci. Et toi ? Tu es bien rentré ?

 - Je me suis inquiété pour vous... je suis désolé que vous ayez dû assister à cette scène...

Zoé lève la tête vers lui, et se lève :

 - N'en parlons plus. Ce qui est fait est fait, de toute façon... ressasser ne va rien changer... comment va ta main ?

Il prend sa main droite, la regarde un instant, puis reprend :

 - Ça va... mais j'ai un peu de mal à la bouger.

Un petit silence s'installe, puis je lui dis :

 - Tu devrais peut-être aller la faire examiner... Tu as tapé fort, tu t'es peut-être fait une grosse entorse...

Il me regarde, et me sourit :

 - C'est plutôt lui qui devrait...

Je baisse la tête vers le sol, et tousse dans ma manche. Je décide de changer rapidement de sujet :

 - Je vais faire du café...

Zoé me sourit :

 - Bonne idée ! J'irais m'en prendre une tasse tout à l'heure...

 - Je vais te l'apporter Zoé, lui dis-je.

 - Merci, c'est très gentil !

Je regarde Eden, qui baisse les yeux au sol.

 - Bon... moi... je vais aller travailler, à plus tard les filles !

Il tourne les talons en direction de l'ascenseur. Zoé me regarde d'un air soulagé :

 - Je te jure... il m'énerve...

 - Laisse tomber, Zoé. Comme tu l'as dit, ce qui est fait, est fait...

Elle soupire, puis je m'éloigne pour aller en direction de la salle de pause. Mes pas sont lourds, et l'idée de croiser Manoé me stresse de plus en plus.

J'arrive dans la salle de pause, et fait couler du café.

 - Bonjour, mademoiselle Leroy !

Je me retourne, et vois monsieur Garcia qui avance dans ma direction :

 - Bonjour, monsieur !

 - Comment allez-vous ce matin ?

 - Oh... ça va, merci, et vous ?

 - Très bien, merci. Je vous ai laissé quelques notes à relire, vous aurez un peu de travail aujourd'hui... j'espère que vous êtes en forme !

Super... vu mon état, ça va être très compliqué pour moi de me concentrer. Je prends deux tasses, et les remplis de café.

 - Oui, je suis en forme, aucun soucis !

Je lui fais un sourire.

 - Parfait !

Je m'éloigne pour laisser monsieur Garcia se servir, et descends à l’accueil. Je marche dans la direction de Zoé, et lui apporte son café. Elle me sourit gentiment :

 - Tu es génial, Kimi ! Merci !

Nous entendons la porte d'entrée s'ouvrir. Je me retourne, et vois Manoé qui avance avec son secrétaire, dans notre direction. Mon cœur s'emballe et mes joues s'empourprent instantanément. J'ai vraiment très peur de sa réaction.

Son visage est froid, et il ne laisse paraître aucune émotion. Il a un bleu sous l'oeil, et une blessure sur la lèvre. Il a dû avoir mal... j'aurais du prendre soin de lui...

 - Bonjour, monsieur James... , dit Zoé.

Je ne peux pas détacher mon regard de lui. Il s'arrête devant nous, et regarde Zoé :

 - Bonjour. Aujourd'hui, veillez à ce qu'on ne me dérange pas. J'ai un rendez-vous important qui va arriver dans quelques heures. Vous ferez monter la personne dans mon bureau. Merci.

 - Bien, monsieur.

Il se retourne, et continue son chemin.

Manoé ne m'a pas adressé un seul regard... mes mains se mettent à trembler, et je renverse un peu de café. Des larmes commencent à me monter aux yeux.

Zoé pose une main sur mon bras :

 - Est-ce que ça va ?

Mes yeux sont rivés sur ma tasse. Comme je m'y attendais, il m'a complètement ignorée.

Je regarde Zoé :

 - Oui... je vais... je vais aller dans mon bureau. J'ai pas mal de travail.

Elle pince ses lèvres, et me regarde tristement.

Je vais en direction de l'ascenseur, et attend son arrivée, derrière-lui. Il a les yeux sur son téléphone, et son secrétaire lui annonce le programme de la journée. Il ne semble pas être intéressé plus que ça par ce qu'il lui dit.

Quand les portes s'ouvrent enfin, ils y entrent. Manoé jette un rapide coup d'oeil dans ma direction, puis regarde de nouveau son téléphone.

 - Vous montez ? , me dit son secrétaire.

 - O... oui... pardon...

J'avance, et le secrétaire appuie sur le bouton pour monter au sixième étage. Je suis à côté de Manoé. Je peux sentir son parfum... j'aimerais tellement le prendre dans mes bras...

Il s'avance devant les portes, les yeux toujours rivés sur son téléphone. J'ai l'impression d'être totalement invisible... mon cœur me fait mal. Je baisse la tête vers le sol, sentant une larme couler sur ma joue. Je l'essuie rapidement.

Quand la sonnette retentit, il sort directement, sans se retourner, puis marche en direction de son bureau. Je sors à mon tour, et le vois y entrer. Son secrétaire ferme la porte derrière eux. Je reste plantée là, dans le couloir.

Alors, c'est comme ça que tout se termine ?

Ayant de plus en plus de mal à retenir mes larmes, je vais rapidement dans mon bureau, ferme la porte, et ne me retiens plus.

De chaudes larmes coulent le long de mes joues. Je reste un bon moment, debout, à pleurer.

Je m'assieds sur mon fauteuil, et essuie mes larmes. Le souffle me manque, et je souffle plusieurs fois pour retrouver un peu d'air.

Une pile de documents est posé sur mon bureau. Cette journée sera compliquée. J'ai vraiment hâte de rentrer chez-moi... je ne sais pas si j'arriverais à supporter cette distance avec lui.

J'aurais peut-être dû ne jamais accepter de me rapprocher de lui... rester dans ma bulle... comme si l'amour pouvait être autre chose pour moi, qu'une souffrance...

La journée passe, sans que nous nous recroisions. Manoé a passé la journée dans son bureau. Quand je vais en direction de l'ascenseur pour partir, sa porte est toujours fermée. Il ne l'ouvre plus... comme il le faisait. Je pense que je ne suis plus la bienvenue... il me manque...

C'est avec le cœur en miette que je rentre ce soir.

Annotations

Vous aimez lire Siarran ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0