Une soirée luxueuse

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La sonnerie retentit. Mon cœur fait un sursaut :

 - C'est l'heure ! Ça doit sûrement être Eden. Je vais aller ouvrir, j'ai hâte de voir son visage quand il te verra !

Zoé marche en direction de la porte. Je me regarde une dernière fois dans la glace, souffle, puis me rends à mon tour à l'entrée. Zoé est devant Eden. Quand j'arrive derrière-elle, elle se décale, pour le laisser me voir. Son regard se pose immédiatement sur moi. Il entrouvre légèrement la bouche, et ouvre ses yeux en grand. Un silence s'installe, puis il me détaille de la tête aux pieds. Je baisse mon visage, étant gênée par son regard appuyé sur moi. Je n'ai pas l'habitude de me mettre en avant...

 - Eden, t'as perdu ta langue ? dit Zoé, en riant.

Il ne répond pas, et continue de me regarder.

 - Eden ! Réveille-toi ! s'exclame Zoé.

Je relève mon visage, et lui fais un sourire. Il me le rend, et passe une main sur son front :

 - Kimi... tu es splendide... et encore... le mot est faible...

Mes joues rougissent :

 - Merci, Eden. Tu n'es pas mal non plus avec ton costume !

Zoé me prend le bras :

 - Je fais carrément tache entre vous deux là...

Je tourne mon visage vers elle, et lui souris :

 - Merci pour ton aide, sans toi j'aurais vraiment été perdue !

 - C'est normal... aller, je vais chercher mes affaires, et vous laisse !

Elle marche en direction de ma chambre, et revient avec sa veste et son sac sur le bras, puis elle sort. Je prends quelques affaires dans mon sac pour les mettre dans ma pochette, sors à mon tour, et ferme la porte à clefs.

 - Zoé, je te dépose ? dit Eden, toujours en train de me fixer.

 - Pas la peine, je vais prendre le bus, je dois rejoindre quelqu'un !

Nous descendons tous les trois. Arrivés en bas de mon immeuble, Zoé prend la parole :

 - Bon, j'espère que vous allez passer une bonne soirée ! Kimi, tu me raconteras tout !

Je lui souris :

 - Oui, sans faute !

 - Et n'oublie pas... tu dois absolument trouver un beau journaliste !

Eden regarde Zoé, avec un air assez agacé :

 - Zoé, tu vas louper ton bus ! lui dit Eden, d'un ton sec.

Zoé lui tire la langue, et part en direction de l'arrêt de bus. Il se tourne alors vers moi :

 - Allons-y !

Je ne suis pas très habituée aux talons, et marche difficilement. Eden se met à rire en voyant ma démarche :

 - Nous allons marcher lentement, fais attention à ne pas te faire mal !

 - Merci, Eden...

Nous réduisons notre allure, et arrivons tranquillement à la voiture. Nous prenons place, et partons en direction de la villa de son oncle.

Le trajet est assez long, et la nuit commence peu à peu à tomber :

 - Ça va, Kimi ? Tu n'es pas trop stressée ?

 - Un peu... c'est un monde que je ne connais pas... des gens fortunés...

 - Je t'avoue que moi non plus... je n'ai pas vraiment grandi dans le luxe. Quand j'étais petit, oui, mais ça fait un moment déjà, et j'ai un peu perdu l'habitude... c'est pour ça que je suis content que tu sois là... je ne serai pas le seul à être perdu !

Nous nous sourions, puis il regarde de nouveau la route.

Après de longues minutes, nous arrivons dans une grande allée, et passons un large portail. Devant nous, des voitures toutes plus luxueuses les unes que les autres sont garées.

 - Ma voiture va pimenter un peu le décor !

Nous nous mettons à rire, et Eden se gare à côté d'une grosse berline blanche. Nous descendons de la voiture, et il vient vers moi.

 - Bon... allons-y...

Il prend mon bras et je me tiens à lui, puis, nous marchons en direction de la porte d'entrée. La maison est immense. Moi qui étais déjà très impressionnée par celle de Manoé, celle-ci l'est d'autant plus. Mon cœur commence à tambouriner fortement dans ma poitrine.

Nous nous arrêtons devant la porte pour sonner. Eden ajuste sa cravate, souffle, et sonne. Il me regarde, l'air nerveux.

 - Ça va aller, Eden.

Il me sourit, et pose une main sur mon bras. La porte s'ouvre, et un homme se tient devant nous. Il nous dévisage un moment, puis il dit :

 - Bonsoir, vous êtes ?

 - Bonsoir, je suis le neveux de monsieur James... je suis Eden.

La personne en face de nous, nous fait signe d'entrer. Nous avançons alors dans un magnifique hall d'entrée. Je regarde autour de moi, le souffle coupé.

 - Vous pouvez me confier vos vestes, je vais aller vous annoncer à monsieur James.

Nous ôtons alors nos vestes, qu'il pose sur ses bras avec le plus grand soin. Il quitte ensuite le hall.

 - La grande classe... dit Eden, en me souriant.

Quelques minutes plus tard, un homme d'une soixantaine d'années arrive à nous, sourire aux lèvres. Il tient une canne dans sa main droite, et se déplace difficilement. Il est habillé d'un costume gris, qui semble très onéreux.

 - Eden ! Je suis ravi de te voir... tu as tellement changé !

Il s'arrête devant nous, puis tend la main à Eden. Il la saisit, puis, ils se serrent la main.

 - En effet... il semble que depuis qu'on m'ait renvoyé de votre famille, le temps ne s'est pas arrêté...

Je donne un léger coup de coude à Eden, pour qu'il ne commence pas à lui faire des reproches. Il me regarde, me sourit, et fixe de nouveau son oncle. Après avoir salué Eden, son oncle pose son regard sur moi :

 - A qui ai-je l'honneur ?

 - Bonsoir, monsieur. Je suis une amie d'Eden, je l'accompagne pour cette soirée, j'espère que ça ne vous embête pas...

Il prend ma main, et me sourit :

 - C'est toujours un plaisir d'accueillir de jolies femmes !

Il tapote doucement ma main, puis la lâche. Cet homme ne me met pas vraiment à l'aise...

 - Venez avec moi. Nous sommes sur la terrasse. Vous y trouverez de quoi grignoter et boire... je pense qu'ils seront tous content de te voir, Eden !

Nous le suivons, et passons dans un salon très luxueux. Les meubles ont l'air de dater d'une autre époque, mais sont très bien conservés. Nous arrivons devant une grande baie vitrée ouverte, et pouvons apercevoir une cinquantaine de personnes, en train de discuter, verre de vin à la main. Des serveurs font des allés retours avec des plateaux. Une musique très douce se fait entendre.

Nous arrivons sur une grande terrasse éclairée par tout un tas de petites lanternes. L'atmosphère est très agréable. Les femmes sont toutes habillées de robes luxueuses, et parées de bijoux hors de prix. Je me sens vraiment risible à côté...

Eden me prend par le bras. Je tourne la tête vers lui et lui fais un sourire. Il s'approche doucement de mon oreille, et me dit tout bas:

 - Rassure-toi, tu es largement plus jolie que toutes ces vieilles bourges...

Je tourne mon visage vers lui, et nous nous mettons à rire.

Nous sommes coupés par un serveur, qui nous tend un plateau avec des verres de vins. Eden prend deux verres et m'en donne un:

 - Ça va nous détendre un peu, me dit-il, avec un sourire.

 - Bonne idée, je pense que ça pourrait nous aider !

Nous triquons, et buvons une gorgée. Eden finit son verre d'une traite.

Je le regarde avec étonnement :

 - Je me sens mieux maintenant !

Soudain, une femme arrive vers nous, en souriant à Eden. Elle s'arrête devant nous, me dévisage un moment, puis tourne la tête en sa direction :

 - Bonsoir, Eden... tu te souviens de moi ?

Eden me regarde un instant, puis se gratte la tête :

 - Pas vraiment... excusez-moi...

Elle glousse, puis reprend :

 - Je suis ta cousine, Jenny ! Tu es toujours aussi idiot !

Il fronce les sourcils, ferme les yeux quelques secondes, et les ouvre subitement :

 - Ah ! Oui ! Jenny... je suis désolé, je ne t'ai pas reconnue...

 - Toi, en revanche, tu as gardé ton petit air enfantin ! Ton visage n'a pas beaucoup changé...

Je m'écarte d'eux, les laissant dans leur discussion. Je n'ai pas vraiment envie d'écouter une conversation familiale... je décide donc de me rendre vers le buffet, commençant à sentir mon ventre gargouiller.

Je me faufile entre les petits groupes de personnes, et arrive devant les étalages d'amuse-gueules. Je prends un toast, et mords dedans. Je me retourne, et aperçois Eden, toujours en train de discuter. Je regarde autour de moi, et vois une très jolie fontaine un peu plus loin. J'avance dans sa direction, pour l'admirer de plus près, et me remets à slalomer entre les invités.

Je pose par inadvertance mon pied sur un caillou. Perdant l'équilibre, je manque de chuter, quand je suis soudainement retenue par le bras. Je me retourne immédiatement vers la personne, pour m'excuser. Rouge de honte, mes yeux se posent sur le sol :

 - Excusez-moi... je suis un peu maladroite...

N'ayant pas de réponse, je lève les yeux sur cette personne.

Mon cœur s'arrête.

Je reconnais instantanément le visage de Manoé. Il me regarde, avec un air surpris:

 - Vous devriez regarder où vous mettez les pieds !

Je sursaute, en entendant une voix féminine m'interpeller. Je tourne la tête, et vois une femme, qui semble avoir la trentaine, blonde et superbement habillée, qui me fixe d'un air agacé. Elle passe son bras autour de celui de Manoé.

J'ai un mouvement de recul :

 - Pa... pardon... je...

Elle me coupe la parole :

 - Je ne savais pas que ton oncle invitait des greluches pareilles... allons-y !

Manoé me fixe, pince ses lèvres, et se laisse entraîner par cette femme.

J'ai l'impression que des milliers de petites lames se plantent lentement dans ma poitrine. Il faut que je parte d'ici au plus vite...

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