Chapitre 1 : un départ forcé 

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En l’an 1545, une enfant, née au cœur d’une famille bien particulière, venait tout juste de faire son apparition sur ce monde. Alors qu’elle avait appris à parler à ses sept mois, elle passa sa première année de vie, entourée de sa seule mère, sorcière et guérisseuse. Il y avait aussi son père, qui était le druide de son village.

Habitant en pleine forêt, à l’écart de la petite bourgade bretonne, un événement tragique se produisit, qui obligea sa mère à amener avec elle sa fille loin de ses terres natales.

Sur le bateau pour l’Irlande, Gaïana, l’enfant de seulement un an, était très calme et ne faisait du bruit que pour demander à manger. Sur le voilier, qui avait l’habitude de faire des aller et retour pour transporter des réfugiés, les secousses étaient violentes.

Ce vieux bateau, qui était dirigé par un marin apatride, ne faisait certainement pas ce voyage gratuitement, d’après ce qu’on avait dit à la jeune maman.

Le vieux marin, réputé pervers, demandait apparemment aux femmes qui ne pouvaient payer avec de l’argent de payer en nature, afin de pouvoir entretenir son bateau ou dans le second cas, son pilote. disaient les rumeurs.

Ces affirmations n'étaient que de simples bruits de couloir, mais Izïa, la jeune maman, encore traumatisée de l’événement qui s'était pruduit dans son village, voulait en avoir le cœur net.

En allant voir le marin, elle vit ce vieil homme, ridé de fatigue et de l’alcool qu’il buvait visiblement à longueur de journée. En s’approchant de lui, elle sentit une odeur étrange, ressemblant à l’odeur de ses herbes qu’elle faisait brûler pour ses rituels, mais en plus fort et désagréable. Alors qu’elle arrivait sur le pont du bateau, elle engagea la conversation.

— Excusez-moi monsieur, j’avais quelques renseignements à vous demander au sujet du règlement du voyage jusqu’en Irlande. N'ayant à peine de quoi payer mes impôts lorsque j’habitais mon petit village, je n’aurais malheureusement point assez d’argent pour rémunérer votre travail, dit-elle d’une voix basse, inquiète de sa réaction

— De l’argent, je ne vous demanderai pas à vous ma p’tite dame, je connais bien votre situation et jamais je ne pourrais vous demander plus que ce que vous pouvez me donner ma p’tite dame, lui répondit le vieillard avec un léger accent du sud de la Bretagne.

Il ajouta :

— Vous savez, beaucoup de catholiques essaient tant bien que mal de me décrédibiliser en racontant des rumeurs à mon propos, tout cela parce que je n’ai jamais voulu me convertir en leur Jésus-Christ. Comme vous pouvez le voir ma p'tite dame, des pentagrammes sont disposés de partout, je suis bien un sorcier moi aussi.

Alors que la jeune femme qui portait son enfant dans ses bras se sentait soulagée et en sécurité, elle le remercia et repartit à l’intérieur du vieux bateau.

La jeune femme, de grande taille avait les cheveux noirs et les yeux d’un bleu très clair. Vêtue d’une robe bleue aux légères nuances de vert, elle avait tout de la sorcière de son époque. Sa fille qui n’était pour l’instant qu’une petit enfant, lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, à l’exception de ses yeux, qui étaient bleus, mais presque violet, comme ceux de son père.

Après avoir passé deux jours sur le bateau, agité de la mer et l’alcoolisme du vieux marin, venait le moment où les autres réfugiés devaient régler leur voyage.

Organisés en file indienne, ils passaient chacun leur tour à donner l’argent au vieux monsieur.

Alors arrivé au tour d’Izïa, le vieillard qui se souvint, malgré les quantités d’alcool qu’il consommait, laissa passer la mère et sa fille sans une seule pièce.

Les autres voyageurs, qui étaient scandalisés de devoir payer après ce qu’ils percevaient comme une injustice, se mirent à crier et à s’agiter.

Effrayée par l’agitation, la jeune femme, son enfant dans les bras, remercia le vieillard et partit en courant au cœur de la ville dans laquelle elle venait d’arriver.

En marchant presque vingt minutes dans le centre-ville, elle tomba sur une vieille maison en pierre qui paraissait abandonnée. La maison était entièrement vide, aucun signe de vie ni même de travaux en cours. Arrivée avec seulement quelques vêtements lui appartenant ainsi que ceux de sa fille, elle posa toutes ses affaires. Se sentant tout de suite chez elle, Gaïana, la petite fille, rigolait toute seule, comme si quelqu’un lui communiquait des choses, sans même que l’on puisse les entendre.

Est-ce que quelque chose te fait rire Gaïana ? demanda sa mère amusée.

— Oui, le cerf, il est rigolo, il me fait rire avec ses blagues idiotes, répondit la petite-fille.

Un cerf qui parlait à ma fille, peut-être était-ce son imagination qui lui travaillait l’esprit ? se dit la jeune maman.

Alors que la mère n’avait eu que le temps et la place d’amener un seul de ses grimoires, une des choses les plus marquantes de son existence allait se produire, sans même que cela ne soit prévu par ce dernier.

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