1 - Perdu.

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— Pas de temps à perdre, il faut que je le retrouve au plus vite ! Me disais-je à moi-même, alors que, tentant de réduire les possibles, j'envoyais des messages à mes contacts.

Frénétique. J'avais peu d'amis sur le réseau mais ils m'étaient tous intimes, à leurs façons ; nous partagions des souvenirs de vacances ensemble, des anecdotes quotidiennes, des vidéos marrantes. Nous nous connaissions quand même un petit peu ; à travers des réactions partagées sur nos murs réciproques. À coups de pouces bleus et de petits coeurs, nous avions appris à nous apprécier. Alors pourquoi ces gens-là ne me répondaient-ils pas, à présent ? Je ne pouvais pas excuser un retard de leur part, les silences. Je les désignais coupables d'emblée, responsables d'office, de l'angoisse qui faisait de la couture avec mes tripes.

En parallèle, les vus s'enchaînèrent aux bas des conversations. Ignoré. Je pouvais voir certaines tentatives se faire puis se défaire devant moi, dansantes par trois petits points en mouvement. Où disparaissait alors l'envie ? Le courage de ces débuts de quelque chose, de presque soulagement, d'assistance ratée ? Avortée. La certitude d'avoir raison me maintenait en équilibre ; a priori rien n'infirmait l'intuition. Celle de l'avoir oublié chez quelqu'un, chez l'un d'entre eux. C'était même le plus probable. Ils avaient ma paix aux bouts des doigts " libérez-moi du doute, appuyez donc sur entrée". En vain.

Pour le perdu en mer la noyade reste une fin, somme toute, comme une autre. Logique. J'explorais les recoins du net dans ce sens ; survolant les articles qui me faisaient du gringue. De toute évidence il était plus difficile de se débarrasser d'un lourd quand il était soutenu par l'arithmétique. Harcèlement sponsorisé. Je m'égarai d'hyperlien en hyperlien faisant d'une pierre deux coups. Tromper le désir et l'ennui. Ça fonctionnait plutôt pas mal. Une notification vint néanmoins trancher en deux l'indifférence dans laquelle je m'étais hypnotisé moi-même. Une réponse ? Pas le temps de me poser la question, j'étais déjà dans la conversation.

" Il est dans mon lit. LOL

Sérieux... Je crois que tu t'es fait pirater."

Piraté ? Je remontais, instinctivement, le fil de la conversation afin, peut-être, de trouver des traces suspectes d'intrusion quelconque. Rien. Il n'y avait pas d'anomalie. Je décidais de profiter de la chance. Une de mes amis m'avait répondu ; je n'allai pas la lâcher comme ça. Je composais ma question suivante. Envoyée.

" Ahah ! T'es con..."

C'était plutôt décevant comme échange ; Sophie ne semblait pas comprendre l'importance de mes demandes et les prenait par l'humour. Je payais, peut-être, un peu cher nos conversations précédentes dans lesquelles je n'étais pas le dernier à faire le clown. Puni par là où j'ai péché en quelque sorte. Il fallait que je lui explique que cette fois ce n'était pas une blague. En pleine composition un message d'erreur vint me couper dans mon élan solennel :

" Une activité suspecte a été repérée. Blocage temporaire de votre compte. "

— C'est quoi ce bordel ?

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