Chapitre 12 : la bouche du diable 

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Le sous-sol du Bureau était silencieux. Une odeur d’encre et de tension dans l’air.

Alexandre entra le dernier, le regard grave. Claire et Franck se levèrent aussitôt.

On en est sûrs, dit Claire. Delajoie va frapper ce soir. Il est hors de contrôle.Il a contacté la Prêtresse, ajouta Franck. Elle lui a interdit d’aller à Neuilly… mais il n’écoute plus.

Marianne prit la parole, plus sombre encore :

Les parents de Sylvie n’ont rien pu nous dire. Ils n’ont même pas vu le corps.Delajoie leur a montré un rapport d’autopsie. Et la police a "retrouvé" une vidéo de Sylvie, prétendant vouloir mourir…

Le Padre serra les dents.

C’est un montage, une diversion. Le démon manipule les images comme les âmes.

Alexandre se leva.

Avec l’intelligence artificielle, tout est possible. Et c’est pour ça qu’il faut frapper maintenant.

Il posa une carte sur la table.

Allée des Pruniers, 7A, Neuilly. Cinq filles roumaines vierges sont enfermées et destinées au sacrifice.

Silence.

Puis le capitaine Giuseppe Torino s’approcha du plan. Son doigt se posa près d’une zone noire, encadrée par un ancien tracé.

Il y a quelque chose à côté. C’est un ancien lieu de culte, une sorte de crypte interdite. On l’appelait autrefois… la Bouche du Diable.

Personne ne parla pendant quelques secondes. Même les néons semblèrent retenir leur souffle.

Ils partirent pour Neuilly.

Arrivé sur place, le téléphone collé à l’oreille, Alexandre marche vite. La voix d’Érik grésille, mêlée au bruit des sirènes en arrière-plan.

Je suis sur place, Neuilly et prêt à entrer.Il faut protéger ces filles à tout prix, dit Alexandre. Ce soir… c’est leur ligne rouge.

Un silence. Puis une question.

Tu connais ce qu’on appelle… la Bouche du Diable ?

Érik se fige, au bout du fil.

La Bouche ?Ouais. Une vieille légende. Même les anciens flics n’y croient plus. C’est censé être un lieu souterrain, construit sur un nexus. Il s’ouvre… uniquement avec du sang de vierge.

Le cœur d’Alexandre bondit dans sa poitrine.

Alors ce n’est pas une coïncidence : les cinq filles. le rituel. le lieu.

Érik… écoute-moi. Si cette bouche s’ouvre, ce n’est pas un tueur qu’on affronte. C’est une rupture entre les mondes.

T’as l’air de savoir des choses que je suis pas prêt à entendre…Je sais ce que je vois, et ce que je pressens, dit Alexandre. Et ce soir… on ferme cette bouche. Ou elle nous avale.

Devant le 7A, allée des Pruniers. La Mondaine fouille chaque pièce, pas de cris, pas d’objets personnels. Juste des murs qui semblent attendre.

Erik décroche son téléphone.

Ton tuyau est pourri, mon vieux.Maison vide. Pas de filles. Pas de trafic. Nada.

Dans son oreille, la voix d’Alexandre reste calme.

Attends. On arrive. Et crois-moi… tu vas être surpris.

Erik lève les yeux. Une fenêtre au dernier étage est entrouverte. Et un courant d’air glacé traverse le couloir… mais personne ne l’a ouverte.

Alexandre s’avança, escorté de Claire, Marianne, Franck et du Padre.

Dans le jardin, les gyrophares bleus donnaient à la nuit une teinte d’alerte. Erik attendait, brassard de la Mondaine au bras, le regard sceptique.

Alors là… dit-il en voyant l’équipe. — Tu fais équipe avec une voyante et un prêtre. Tu délires, mon vieux.

Alexandre ne répondit pas tout de suite. Sa main dans la poche sentit la croix vibrer doucement, comme un cœur mystique.

Il se tourna vers le Padre.

Vous ressentez quelque chose ?

Le vieil homme ferme les yeux, inspire profondément. Puis son visage se tend, les mâchoires serrées.

Oui. Ici… il y a un passage.Invisible aux yeux. Mais actif. Je ressens le souffle du démon. Il rôde derrière les murs. Et il attend… du sang pour ouvrir la bouche.

Erik recule d’un demi pas, malgré lui. Claire pose une main transparente sur le mur. Elle sent les vibrations. Franck hoche la tête : la frontière est là. Marianne frissonne : le tissu entre les mondes commence à se distordre.

La maison est vide à l’œil nu. Mais elle respire dans les ombres.

Le silence était dense. Tous fixaient le mur nord, là où l’air semblait plus froid… plus ancien.

Le Padre s’avança, tenant sa crucifix entre ses doigts. Il murmura d’abord — puis la voix s’éleva, claire, comme portée par un souffle qui ne venait pas de lui.

“Gabriel, archange du Seigneur, messager de lumière…” “…éclaire les ténèbres que l’homme ne peut franchir.” “Montre-nous le passage, là où l’ombre ment, là où le sang appelle.” “Par la vérité, par la foi, par le souffle du Très-Haut — que le voile se déchire.”

Un battement sourd résonna sous leurs pieds. La croix dans la poche d’Alexandre vibra avec insistance.

Claire recula d’un pas. Franck leva les yeux, et même lui — fantôme — sentit la frontière trembler.

Puis, lentement… une portion du mur se mit à se fissurer. Non pas physiquement — mais comme une illusion qui cède.

Un carré s’ouvrit froid, noir. Et derrière, un escalier en colimaçon qui plonge dans le sol.

Un souffle rauque, comme un soupir venu d’un autre âge, s’échappa de l’ouverture.

Le Padre baissa les bras. Il n’était pas essoufflé… mais marqué.

La Bouche du Diable vous attend, dit-il. — Et ce que vous allez voir… ne vous quittera jamais.

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