Hope

Ne pas paraître suspecte… Ne pas paraître suspecte…

Ce fou furieux m’a balancé par-dessus son épaule après qu’un patient, encore plus fou, ai fait exploser la cervelle de la seule personne en qui j’avais confiance.

Et maintenant je suis ici, dans… une voiture ? Où est-ce qu’il m’emmène, au juste ? Qu’est-ce que je suis censée faire ?

Mes sens sont complètement chamboulés. L’odeur du cuir chaud me brûle les narines et le bruit du moteur m’empêche de me concentrer. Peut-être que la porte n’est pas verrouillée…

– Ne te fatigue pas.

Mon cœur rate soudain un battement. Je n’ai même pas esquissé le moindre mouvement.

En parlant de mouvement, ma première fois dans une voiture ne me réussit pas. Je jure que si je déverse mon petit déjeuner sur le siège, ce n’est pas de ma faute.

– Ont-ils réussi à te soigner ?

Me soigner ? Je lève les yeux et essaie d’accrocher son regard, mais il m’esquive. Impassible. À part peut-être ce petit nerf, qui tressaille sous son œil gauche.

– P-Pardon ?

Ma voix a tremblé et il l’a sûrement entendue. J’essuie discrètement mes mains moites sur mon pantalon en attendant sagement sa réponse.

Cette fois, son regard se pose sur mes doigts et remarque le sang séché autour de mes ongles. Je m’empresse de les cacher.

–Ne t’en fais pas. Les hôpitaux, c’est terminé.

Soudain, je ne peux plus retenir la frénésie de mon cœur. Comment ça, fini ? Je me penche en avant et saisis le siège voisin au sien.

– Où m’emmenez-vous ?

Pour une fois, je m’en fiche de l’aigü de ma voix. Et si j’étais en train de me faire kidnapper ? Serais-je encore un patient râté ?

– Je ne t’enlève pas, appart si tu me rends la tâche difficile.

Super, il lit vraiment dans les pensées ? Je suis bien capable de lui mettre des bâtons dans les roues si ça peut l’empêcher de m’emmener loin d’ici.

Je m’attaque alors d’abord à la poignée puis à la fenêtre mais rien ne semble bouger.

Je vois qu’il commence à s’agiter à l’avant, tant mieux.

– Arrête ça.

– Pas avant que vous m’ayez dit où vous m’emmenez.

Il tourne brusquement le volant sur la droite et freine.

La voiture s’arrête sur le bas-côté dans un crissement. Il se tourne vers moi, pose son coude sur le haut de son siège.

L’air devient plus épais. Mon souffle se bloque dans ma gorge.

– Tu n’es pas contente de partir de cet endroit ?

Ses yeux bleus essaient de me sonder, comprendre ce que je cache.

Je commence à chercher une énième excuse puis me rend compte que je n’ai pas besoin de mentir cette fois.

– Pourquoi le serai-je ?

Il a soudainement un mouvement de recul que je ne comprends pas. J’empêche mes sourcils de se froncer, les habitudes que m’a enseigné Maria sont toujours bien ancrées dans ma tête.

Il cherche ses mots, son regard vagabondant dans le vide. Et, sans raison, mon ventre se contracte.

De l’angoisse ?

Il finit par parler. Une phrase, une seule. Et mon sang se glace.

– Parce-que nous sommes des Delta.