18. Honte existentielle

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La nuit ne fut pas la plus apaisée, même si je commençais à me sentir en accord avec moi-même. J’avais regardé les photos et les vidéos une dizaine de fois, pris du recul, découvert ce qui me plaisait ou me déplaisait réellement. Je ne savais plus qui j’étais, si je découvrais mon moi inconscient ou si je me transformais. J’étais amoureuse d’un homme de deux fois mon âge, et ça aurait été banal si je ne découvrais pas que rejouer une partie avec Ipkiss me faisait envie. Le perfectionnisme d’Arcan et celui de ma mère déteignaient sur moi, du coup je n’étais pas satisfaite du rendu de la vidéo. Je voulais recommencer en enlevant les tremblements, en offrant un vrai spectacle aux façonneurs rivaux. J’avais envie de devenir la reine de ces soirées, une poupée sensuelle, à la fois soumise à Arcan, mais dominant les autres poupées. Je tenais mon personnage.

J’avais longtemps hésité ce matin, à la manière de m’habiller. Je voulais être jolie pour Arcan. Et en même temps, je voulais être moi-même. C’est la seconde option qui s’imposa, incapable de me choisir un vêtement qui me mît d’accord avec moi-même. La seule chose que je dus m’imposer, fut celle de remplacer mon habituelle serviette hygiénique par un tampon. Je n’en avais porté qu’une fois pour un mariage et ce n’était pas mon meilleur souvenir. Couper la ficelle avant de me l’enfoncer me faisait flipper. J’avais mis une pince à épiler avec les tampons de rechange dans un vieux sac banane que j’avais placé en bandoulière. Il était moche, mais ça avait résisté à mon enfance tellement je l’avais peu porté.

C’est donc en basket, jeans et simple t-shirt que je gravis les escaliers menant au quatrième étage. Lorsqu’il m’ouvrit, Arcan eut un sourire naturel me confortant dans mon choix vestimentaire. Je dis simplement :

— Bonjour.

— Bonjour, Muse.

— Je ne me suis ni coiffée, ni maquillée, j’espère que vous ne m’attendiez pas…

— Je t’aime beaucoup au naturel. Tu respires une toute autre personnalité.

Je souris, touchée par la justesse de sa voix. Il désigna la table avec des croissants miniatures.

— J’espère que tu n’as pas pris de petit déjeuner.

— Non, je meurs de faim.

— La boulangerie est fermée, donc j’ai dû les faire moi-même.

— Je ne critiquerai pas, alors.

Nous nous installâmes, il commença à faire couler le café.

— Pouvez-vous m’en faire un triple ?

— Je peux t’en faire un double et te l’allonger, ça évitera la tachycardie.

— D’accord.

— T’as le droit d’insister pour en avoir un triple.

— Non mais ça me va.

Il sourit, me déposa la grande tasse de café, se prépara son café, puis me rejoignit en me faisant signe de piocher dans ses viennoiseries. Elles étaient aussi petites que délicieuses. Je ne pus attendre d’avoir fini ma bouchée pour lui dire :

— Trop bon !

— Je ne suis pas un expert en sucreries, mais ça, ça n’est pas trop dur à faire.

— Faut pas que vous deveniez un expert en sucrerie.

— Ah ?

— Sinon je vais devenir obèse à force de venir chez vous. Je ne pense pas que ça soit ce que vous voulez.

— Non, en effet.

J’avalai un micro pain au chocolat et lui dis :

— Au moins vous êtes sincère.

— Le premier critère pour être ma poupée c’est de garder le ventre plat.

— C’est noté.

Je m’arrêtai de grignoter, ce qui le fit sourire. Il but une gorgée en me dévisageant avec un air facétieux, puis retrouva d’un seul coup le sérieux.

— Alors ? Quelle est ta rétrospective de la soirée ?

— Ben c’était cool.

— Cool ?

— J’ai envie de recommencer. Même s’il faut faire un jeu de poupée, du moment qu’on ne me demande pas de la lécher. J’ai fait une liste ! Enfin, j’ai commencé.

— Bien.

J’ouvris mon téléphone pour ne rien oublier et me lançai :

— Alors. J’accepte les caresses si c’est vous ou une autre poupée. Pas de pénétration, ni d’objet, ni de doigt, ni de langue, ni de rien du tout. Je veux bien embrasser. Des smacks pour commencer.

— Vraiment ?

— J’y ai beaucoup réfléchi, je l’ai passé que ce matin du côté des oui.

— J’ai bien noté pour commencer.

Je rougis puis poursuivis :

— C’est vraiment que si ça peut marquer des points.

— Nous sommes d’accord.

— Pas de fouet, pas de cire, pas l’électricité, pas de truc qui pincent, qui brûle, pas de douleur. Je ne suis pas maso. J’ai mis dans oui pour la boule dans la bouche et les menottes ou toute autre entrave du moment qu’elle ne fait pas mal.

Il posa sa tasse vide et croisa une jambe en s’adossant confortablement. Il me sourit :

— Je vois que ça t’a travaillé.

— Je veux dégommer ma mère.

Son rictus amusé s’agrandit. Il opina lentement de la tête, puis ramassa sa tasse pour aller se faire couler un autre café. Il attendit que le bruit du moulin s’arrêtât pour m’interroger :

— Sais-tu danser la valse ?

— Non.

Il fit couler son café, s’adossa au plan de travail pour le boire et confia :

— En toute honnêteté, je suis resté bloqué sur ce qu’il s’est passé avec Ipkiss.

— Il ne faut pas.

— Je suis sorti de mon rôle en laissant le jeu tenter mes bas instincts. Pour samedi prochain, je m’étais dit qu’il faudrait amener de la poésie. Comment marquer à nouveau les esprits, sinon en brisant leurs habitudes. Même ta mère qui est douée pour des mises en scène torrides, a mis la poésie de côté.

— Mais c’est ce que les hommes attendent.

— Je t’ai déjà dit que tu connaissais mal l’homme hétéro ? Il a besoin de rêver, de fantasmer. Il lui faut de l’inaccessible. La poupée qui aura toujours le plus la côte, c’est celle sur laquelle il fantasme, pas celle dont il peut tout avoir. Les hommes fantasment sur l’inaccessible, sur ce qui a de la personnalité. Être juste une bimbo ne suffit pas, il faut jouer sur la carte de la femme-enfant ou celle de la femme fatale.

— D’accord.

— J’ai pensé à une petite présentation poétique. Une valse de deux corps enchaînés sous une fausse neige qui nous saupoudrerait.

— Ça les fera bander ?

— Ça les fera rêver. Si entre certains pas de danse, ton corps se languit sous une caresse, ça pourra les inspirer.

— D’accord.

J’étais surprise de la tournure, mais pas si étonnée venant d’Arcan. Il plaçait l’art avant l’érotisme. Cela ne me faisait qu’apprécier encore plus l’homme qui se tenait face à moi. Il proposa :

— On va essayer quelques pas.

Il partit chercher mes escarpins. J’ôtai mon jeans et mes chaussettes pour pouvoir les attacher jusqu’aux genoux. De retour, il déplaça la table basse pendant que je les enfilai. Il prit mes mains en m’aidant à me relever et m’expliqua sans me lâcher :

— La valse, c’est très simple. Pied gauche, pied droit. On va commencer en ligne droite. J’avance, tu recules.

Nous nous plaçâmes au centre de la pièce, puis nous commençâmes lentement. Arcan fut très patient et en moins de cinq minutes je savais l’ordre des pas. Il me sourit :

— J’aurais été surpris d’avoir une championne de corde à sauter sans coordination de mouvement.

— Je n’ai jamais décroché de titre.

Il s’approcha, posa sa main sous mon épaule et me dit :

— Mets ta main sur mon bras. Voilà. On y va.

Nous repartîmes, avançant et reculant. Il était à une si petite distance de moi que ça aurait été facile de l’embrasser. Mais ses yeux concentrés m’intimidaient. J’observais ses ridules, le grain de sa peau, la couleur de ses iris. Je pouvais sentir son eau de Cologne ou son gel douche, je n’en savais rien, mais j’étais bien.

— Ne me regarde pas. Ta fenêtre est là. On commence à tourner.

La suite devint catastrophique. Mes jambes n’étaient pas habituées à ces mouvements et les crispations commencèrent à les rendre douloureuses. Mon corps devenait plus raide à chaque répétition.

— T’as juste à me suivre, les pas sont les mêmes. Ne résiste pas, n’anticipe pas.

Après dix minutes, je lui fis signe que j’avais la nausée.

— Ça tourne trop.

Il me lâcha, fit un pas en arrière et m’observa avant de déclarer :

— Tu veux trop garder le contrôle.

— Je crois que c’est les chaussures qui me mettent mal à l’aise. Ou bien peut-être que si je mets le masque, je serais obligé de te suivre.

Il leva l’index et opina sans un mot. Il disparut et revint avec l’accessoire. Il le coiffa par-dessus mes cheveux détachés. Je lui dis :

— Voilà, tu as la vrai Muse.

— Comme tu devras danser à l’aveugle, autant commencer.

Il me guida au centre de la pièce puis nous reprîmes la position. J’humai à nouveau son parfum, il chantonna des chiffres. Et un, et deux, et trois… Je tournais, le suivais, avec une seule idée l’embrasser. J’en oubliai la nausée, et perdis le calcul de mes pas. Rapidement, il soupira :

— L’autre jambe.

— Désolée.

— C’est un premier cours, mais nous n’aurons pas beaucoup de temps pour répéter. On continue ?

— Oui.

— C’est reparti. Un, et deux, et trois. Un, et deux et…

Le masque sur le visage, je n’avais plus l’appréhension de lire la surprise ou la stupeur dans son regard. Je me retrouvais dans la même situation qu’à la soirée, avec la crainte du jugement diminuée. J’étais avec moi-même, mes pensées. Et si jamais il se mettait en colère, il ne verrait pas de larme dans mes yeux. Léa avait raison, j’avais un message à faire passer. Je devais l’embrasser. Lorsqu’il s’arrêta à nouveau, il tenta de me rassurer :

— Ça va venir.

Je jetai mon visage vers le sien. Ma bouche heurta son nez. Je me figeai, me sentant gourde. Il ne dit pas un mot. Il me laissa vingt secondes sans faire un mouvement ni un bruit. C’était comme s’il s’était volatilisé. Je ne savais pas s’il était en colère ou déçu. Vingt longues secondes. Je commençai à paniquer, à tremble légèrement et je craquai :

— Désolée.

Sa bouche se posa délicatement sur la mienne. Je ne souris même pas. Mon cœur gonflait à m’en briser les côtes. Nos lèvres s’apprivoisèrent, tranquillement, sans interruption, sans violence. Sa langue se faufila, me faisant sursauter. Je l’accueillis avec un peu d’appréhension. Embrasser un homme comme Arcan était sans commune mesure avec le souvenir de mes baisers d’adolescente. La volupté délicate qu’il y mettait me retournait le cerveau et le ventre. Le silence m’angoissait et je n’osais pas interrompre le baiser de peur que nous dussions parler. Lorsque ses doigts glissèrent sous mon masque, mes mains les retinrent. J’avais peur d’affronter ses yeux. Je lui murmurai :

— Je veux le garder.

Ses doigts dévièrent leur course dans mes cheveux et le baiser s’intensifia. Je collai mon corps contre le sien. Ses mains s’emparèrent alors de mes fesses, son souffle s’emballa, nos langues perdirent leur synchronicité. Mes épaules rencontrèrent le mur et ses doigts baissèrent ma culotte. Ses phalanges chaudes pétrirent mes fesses, puis l’une d’elle vint se perdre dans mon dos, soulevant mon tee-shirt. Sa bouche se décolla et il dit avec un amusement dans la voix :

— Je crois que j’ai dépassé le smack.

Je réfugiai mon nez dans le creux son cou pour ne pas qu’il desserrât son étreinte. Ses mains poursuivirent sur mon échine et mes fesses. Je déposai des petits baisers sur sa peau. Il regarda sa main puis dit :

— Je crois que tu devrais passer par la salle de bains.

Je portai une main inquiète entre mes cuisses, y trouvai la chaleur du mucus et du sang. Je relevai ma cagoule confuse en m’enfuyant. La culotte à mes chevilles me fit trébucher et je m’affalai à plat ventre sur le parquet. Il n’eut que le temps de s’exclamer. Il se pencha sur moi alors que je fondais en larme.

— Tu t’es fait mal ?

J’avais mal au poignet, mais c’était mon égo qui était le plus atteint. Je reniflai un sanglot, incapable de lui répondre. Il ôta la culotte qui me nouait mes pieds, m’aida à me relever.

— Merci, ça va.

Je me guidai dans la lumière floue jusqu’à la salle d’eau et m’enfermai de honte. J’avais gâché mon premier baiser avec lui. Je m’assis sur les WC, démoralisée. Chaque fois qu’il y repenserait, tout comme moi, il ne se souviendrait qu’à ce qui y avait mis fin.

J’insérai deux doigts, rencontrai le bout de ficelle que j’avais laissé et tirai. Il était si imbibé qu’il glissa tout seul. Arcan trouvant le temps long, il m’appela :

— Besoin de quelque chose ?

— De mon sac, s’il vous plait.

Il ouvrit la porte et me tendit mes lunettes, puis ma sacoche. Je m’excusai :

— Je suis désolée.

— Pourquoi ?

— Je gâche tout.

— Je ne vais tout de même pas te reprocher d’être une femme.

Il ouvrit son armoire à pharmacie et me tendit une boîte alors que je sortais un tampon de mon sac.

— Je t’ai préparé un gant et une serviette propre. J’en ai d’autres, ne te formalise pas si tu les tâches. Prends ton temps, je t’attends de l’autre côté.

Il s’éloigna et j’observai la boîte. Il s’agissait de petite éponges roses en forme de cœur. La notice indiquait qu’il s’agissait d’une alternative écologique au tampon. Un orifice permettait d’y loger l’index pour la mise en place comme le retrait. Curieuse que ce célibataire quarantenaire ait une boîte neuve dans son armoire, je décidai tout de même de tester.

J’en insérai un délicatement, puis épongeai avec du papier avant de faire une petite toilette. Le flux étant temporairement interrompu, je quittai la pièce, les hanches toujours nues. Il se tourna vers moi et alors je m’excusai à nouveau :

— Les premiers jours, c’est toujours très abondant.

— Ne te justifie pas.

— Je suis désolée quand même.

— Désolée de ?

— Ben… de ne pas avoir géré.

— On va faire une pause avant que tu ne dises d’autres bêtises. Un autre café ?

— Oui.

Il ramassa ma tasse puis alla vers le percolateur. Je questionnai :

— C’était à une fille ?

— De quoi ?

— Les tampons bizarres dans votre salle de bains.

— Je les ai achetés en prévision.

Je restai coite. Lorsqu’il se tourna avec ma tasse remplie, il précisa :

— Ma sœur a découvert ça en Angleterre, par un pur hasard. Quand j’ai eu l’ambition de devenir façonneur, je me suis dit que ça pourrait servir à ma future poupée.

— Vous prévoyez tout.

— Tout sauf ce baiser, reconnut-il.

— Désolée, je n’ai pas résisté.

— C’est toujours un risque quand un homme et une femme jouent ensemble. Mais je ne pensais pas que ça arriverait si vite. Pas avec toi. Je pensais que ça serait l’inverse.

— Pourquoi ?

— Parce que t’es une fille qui réfléchit. Et quand on réfléchit, on se met des barrières. Je t’aime bien, Muse. J’espère que tu sais où tu vas.

— Je vais où vous m’emmenez.

Il sourit simplement, entendant bien mon allusion à la laisse. Il attendit que je retrouvasse un peu de sang froid, tandis que je n’osais pas m’asseoir. Je me sentie obligée de terminer rapidement mes dernières gorgées.

— J’ai fini.

— Bien. Pose tes lunettes et viens par ici.

Je le rejoignis au centre de la pièce. Il souleva mon t-shirt, il dégrafa le soutien-gorge, puis il partit sur un dernier ordre :

— Ne bouge-pas.

Lorsqu’il revint, je vis la silhouette floue mais caractéristique de son costume noir. Il me tendit les cheveux, attacha la queue de cheval de chaîne de vélo et enfila la cagoule sur mon crâne. Je le laissai me maquiller les lèvres, puis ganter mes mains des anneaux et des coudières. Lorsque le métal du collier se posa sur mon cou, je levai le menton en lui souriant. La laisse me tira d’un pas vers lui.

— C’est mieux ?

— Je n’ai pas de vernis à ongle.

— T’en as besoin pour danser ?

Je secouai la tête. Un de ses doigts remonta le long de mon pubis, me volant un frisson sucré.

— Voilà le deal. Si tu danses correctement la valse, je m’occupe de toi.

Le piment du challenge m’électrisa. Ce premier défi n’ayant rien d’humiliant, j’étais plutôt partante.

— D’accord.

Il se déplaça, la valse des fleurs de Tchaïkovski envahit le salon. Sa première main se posa sous mon omoplate nue, et la seconde souleva délicatement mes doigts, enroulant au passage ma laisse pour ne pas qu’elle traînât au sol. Arcan murmura le décompte, puis le rythme lancé, mes pas suivirent les siens.

Une heure de valse en boucle plus tard, il cessa ses enjambées, puis stoppa la lecture. J’avais l’impression d’avoir un clou enfoncé en haut de chaque cuisse. Il se sépara de moi sans un mot, puis lança le replay sur son téléphone.

— Tu vas me détester, mais je trouve que, visuellement, ça n’érotise rien.

— Il fallait essayer, supposai-je.

— Il nous faut quelque chose de plus lent, et plus langoureux. Je te laisse regarder, il faut que je vidange.

Il plaça mes lunettes dans ma main, puis s’éloigna vers les toilettes. J’ôtai à regret mon masque, en notant qu’il ne m’avait pas embrassé de nouveau depuis l’incident. Lorsqu’il revint, je venais tout juste de lancer la vidéo. En effet, me voir tourner cul nu n’avait rien d’emballant. Il me dit :

— Il est bientôt midi. Je n’ai pas de viande, ça ira ?

— C’est toujours très bon.

— Merci.

— Et puis, il faut que je recommence à faire attention.

— Tu devrais faire attention à ne pas attraper froid. Enfile quelque chose. De toute façon, il faudra enlever tout ça tout à l’heure. J’ai eu une idée de peinture corporelle ce matin.

J’opinai du menton, et rejoignis la salle de bains pour me changer.

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