19. Artiste peintre

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Le repas terminé, je l’aidai à préparer à l’atelier, son nouveau projet de peinture corporelle. Je dépliai une bâche plastique sur le parquet, au centre duquel je devais mettre une bassine, tandis qu’il déplaçait ses grandes psychés de part et d’autre.

— Voilà, nous sommes prêts. Tu vas pouvoir tout enlever.

— Je vais changer mon truc de fille, pour pas mettre de rouge dans la peinture.

Il ne rit pas à ma blague. Je m’éclipsai à la salle d’eau, et me mis en tenue d’Êve pour la suite de ses expériences artistiques. Mon majeur réussit à récupérer la petite éponge gorgée de sang grâce à l’encoche prévue, et je pus en placer une neuve. Je nettoyai mon entrecuisse, puis rejoignis pieds nus l’atelier. Arcan avait revêtu son tablier, et je pris place face à un des deux psychés, les deux pieds dans la bassine. Arcan se plaça derrière moi, puis récupéra mes cheveux. Il me confia tout en les attachant :

— J’aime tes cheveux libres et sauvages. Ça te correspond plus qu’à la coiffure que tu avais lors de notre première rencontre.

— C’est ma mère qui m’avait préparée.

— Je n’ai jamais eu aucun doute là-dessus.

Il coiffa le bonnet de bain, laissa traîner une main sur la hanche, puis passa devant moi. Il ôta délicatement mes lunettes, et passa du silicone sur mes sourcils, puis mes paupières.

— Normalement, elle s’enlève au savon. Mais il y a des zones plus ou moins délicates.

Je gardai les yeux clos pour mieux savourer le doigté de chaque geste. Il peignit les mèches de cheveux apparaissant sous mes tempes, puis ses pouces passèrent sur mes tétons, me faisant sursauter. Il les graissa lentement, puis il me prévint :

— La difficulté d’un façonneur, c’est que ses gestes ne soient pas mal perçus.

— Ce n’est pas désagréable.

— Je te préviens que je vais arriver jusqu’en bas.

Il en glissa dans mon nombril puis passa un doigt sur la fente de mon pubis. Je pinçai les lèvres, émoustillée mais un peu frustrée du geste trop bref et professionnel.

— Nous sommes prêts. Tu gardes la tête bien droite. Un peu plus basse pour pouvoir respirer par le nez. Je vais verser très doucement pour m’arrêter sitôt que le résultat me plaît.

— D’accord.

Il monta sur le tabouret à côté de moi, leva le jerricane plastique dans lequel il avait mis la peinture noire. La première seconde, je ne sentis rien, puis elle ruissela froide sur mon front, puis mes épaules, ma poitrine. Arcan regardait les deux psychés avec attention. Un filet glacé dessina sa course jusque dans la raie de mes fesses, me faisant frissonner. Il s’arrêta soudainement. La peinture continuait à suivre le chemin que les premières gouttes avaient tracé. Il s’épata lui-même :

— Excellent !

Il activa un sèche-cheveux, puis me dit :

— Sors de la bassine.

J’hasardai un pied sur la bâche. Il s’activa autour de moi, me caressant la peau avec le souffle brûlant.

Après un petit quart d’heure, il s’arrêta et me dit :

— N’ouvre pas les yeux, je vais chercher ta tenue.

Il disparut une minute puis revint avec les accessoires. Il ôta le bonnet, coiffa la tignasse de chaînes et de câbles, puis posa la cagoule sur mon front. Il ganta délicatement mes mains, puis s’accroupit pour enfiler mes chaussures. Je pris appui sur ses épaules. Il se releva, accrocha mon collier et déclara :

— C’est exactement ce que j’espérais. Pourvu que le jour J, j’obtienne le même résultat.

La laisse me tira, m’obligeant à le suivre sans qu’il me le dise. Nous gagnâmes le salon. Je pensais que tous les artistes étaient des insatisfaits permanents, mais, lui, au premier coup, il avait réussi son œuvre. Il me laissa immobile pendant de longues minutes au milieu de la pièce. J’attendis patiemment.

Lorsque le temps me parut très long, je demandai :

— Il y a un problème ?

— Je m’obligeais à réfléchir sans parler, car je me demandais au bout de combien de temps tu parlerais. Il n’y a aucun problème, au contraire. Je réfléchissais à notre entrée, et je veux que personne ne te voie avant le petit spectacle. Je suis sur un site de petits manteaux, mais il faut que je choisisse un modèle que je puisse travailler pour te découvrir au fur et à mesure de la danse. Imaginons que nous commencions par quelques pas de valse.

Je sentis sa main sous mon épaule, alors j’offris l’autre à ses doigts délicats.

— À mon rythme. Un, deux, trois. Quatre, cinq, six. On recommence, plus fluide. Si tu y arrives, tu as le droit à un baiser avant que nous nous quittions.

Il m’avait motivée. Nous reprîmes nos six pas. Il me fit pencher en arrière et sa main caressa ma poitrine en descendant sur ma hanche. Il commenta.

— Là, le public découvre le profil. Il faudra que tu mettes ta tête un peu plus en arrière. Voilà, et moi, je ferai ça.

Il embrassa mon cou, déclenchant un frisson qui me chatouilla jusque dans la fesse. Et nous reprîmes six pas de valse. Il me fit tourner en me gardant par le bras.

— Là, ta veste continue à s’ouvrir. Et tu finis nue.

Il me ramena dos à lui. Ses mains sur mes hanches glissèrent sur mon ventre, une main remonta sur mes seins, l’autres sur mon pubis. Sa bouche vint chercher mon cou et je penchai la tête pour lui offrir le maximum de surface.

— Extinction des lumières, et je repars avec toi.

— C’est très court.

— Qu’est-ce qui est trop court ? La présentation, ou ça ?

Ses doigts toujours sur mon pubis et ma poitrine me caressèrent doucement. Tout en me laissant savourer sa gestuelle délicate, il murmura :

— Si le spectacle dure trop longtemps, Maman va deviner que nous sommes amants.

Ignorant si ça m’importait ou pas, je ne sus quoi répondre. Je ne savais pas ce qu’elle pensait réellement d’Arcan. Je ne savais pas si en me poussant délibérément vers lui, elle avait songé à ce que nous puissions devenir amants, même si jouer à la poupée ne pouvait qu’induire des ambiguïtés. Elle-même, en poussant ses spectacles jusqu’à insérer les doigts dans le fondement de ses mannequins, avait franchi largement la limite. Prune et Mirabelle étaient-elles ses amantes cachées ? Je l’ignorais. Moi je ne voulais pas qu’un plan cul, je voulais quelque chose de puissant. Je penchai la tête sur son épaule et réclamai un baiser en tendant la langue vers lui.

— Ça c’est érotique, déclara-t-il. On finira plutôt sur ça.

Sa bouche enveloppa ma langue. Je me sentis fondre. Lorsque notre baiser cessa, il ordonna :

— On recommence. Je veux cette même sensualité. Je veux que ton appétit se lise sur ton corps tout le long de la danse.

J’oubliai le temps. Entre caresses et baisers, j’étais complètement renversée. Il finit par me demander :

— Pas trop la tête qui tourne ? — Je secouai le menton. — On va s’arrêter là, sinon je vais enfreindre la règle « pas de pénétration ».

— Ici, on peut, lui dis-je.

Il marqua un silence. J’ignorai où il se trouvait dans la pièce. Il me saisit le visage et m’embrassa violemment. Je me retrouvai déséquilibrée. Il me rattrapa par la laisse, me tira à lui et me souleva sous les cuisses. J’enroulai ses hanches et me retrouvai plaquée dos au mur. Le dominant, je plongeai ma langue dans sa bouche, sentant mon personnage prendre le pas. Je voulais être belle, érotique, torride. Mes doigts agrippés à son t-shirt le déshabillèrent. Il me posa, se pencha pour sortir du vêtement que je tirais, puis lorsqu’il revint à moi, je parcourus les muscles glabres de son torse. Sa main sur ma joue, me caressa. Il me dit :

— C’est à toi de décider de ce qui doit suivre.

Je descendis mes caresses sur ses abdominaux et trouvai la ceinture. J’arrachai la boucle, et alors ses mains saisirent mes poignets. Il me murmura :

— T’es sûre de ce que tu veux ?

— Oui, soupirai-je.

— Un peu de patience.

Il s’éloigna et revint pieds nus, puisque sans un bruit. Ses mains saisirent délicatement les miennes et les reposèrent sur sa taille. Je parcourus ses hanches nues, sans y trouver la barrière d’un pantalon ou d’un sous-vêtement. Lorsque j’arrivai à ses cuisses, je trouvai son pénis bandé enveloppé d’un préservatif. Ses doigts remontèrent lentement le long de mes cuisses, dans un sadisme suave et mesuré. Le frisson fut tel qu’il me paralysa quelques secondes. Un demi pas rapprochant nos corps, une de ses mains trouva une de mes fesses, l’autre mon mont de Vénus. J’ouvris mes genoux pour l’inviter et son majeur suivit le chemin jusque à la vulve. Il ouvrit mes nymphes en deux, trouva du bout du doigt l’humidité qu’il cherchait. Sa bouche longea mon collier de la pointe de la langue, me rendant complètement folle. Ses deux mains soulevèrent mes cuisses, et aussitôt que je décollai du sol, la pointe de son sexe se présenta. Mes mains me retinrent à sa nuque robuste, tandis que mes omoplates trouvaient un appui sur le mur. Il me pénétra, me volant un gémissement de volupté. Il y avait six ans qu’un pénis ne m’avait pas visitée, et j’eus l’impression que c’était la première fois. Arcan commença le va et vient lent mais ferme, sans se soucier de l’éponge qu’il percutait. Nos langues se trouvèrent pour un baiser maladroit, interrompu par nos halètements. La position m’était agréable, mais son corps commença à trembler.

Lorsque la fatigue le prit, nos corps se désunirent. Il m’allongea délicatement sur le dos et entoura mes poignets dans la laisse avant de les placer au-dessus de ma tête, les emprisonnant dans ma propre chevelure. À ce stade, ça ne fit que décupler mon désir. J’adorais l’idée. Son sexe revint en moi, et il continua avec plus d’ardeur. Je brûlais entièrement ! Chaque fois que son ventre percutait mon pubis, une vague délicieuse m’envahissait. J’étais détrempée, mes muscles cherchaient à se tordre malgré-moi, tendant vers l’orgasme. Je ne demandais qu’à exploser. Mes abdominaux se contractaient, ma respiration s’emballait. Je ne pouvais plus retenir mes gémissements, mais je m’en fichais, j’étais Muse. Muse et Arcan.

Son corps se raidit, son souffle s’interrompit, son bassin s’immobilisa. Il se retira. J’expirai une supplication :

— Pas maintenant.

Son sexe revint soudainement en moi, me volant un cri de surprise. Il poursuivit plus fort, plus vite. Je ne sentais plus son poids, il me donnait l’impression d’être léger, vif, magique… Je me cambrai en criant, mon souffle se bloqua, puis les vagues de l’orgasme me broyèrent les muscles, comme si j’implosais toute entière.

Je repris doucement mon souffle. Son sexe toujours bandé se retira lentement. Sa main douce caressa délicatement mon ventre et il murmura :

— Tu es magnifique !

Mes poignets liés ne purent l’empêcher de relever mon masque. Son visage flou se pencha au-dessus du mien. Il déposa un baiser sur mes lèvres, détacha mes mains, puis s’éclipsa. Je tournai la tête pour suivre sa silhouette nue s’éloigner vers le plan de travail.

— Café ?

— Non merci, soufflai-je.

Je restai couchée. J’avais la sensation que je pouvais rester allongée des heures sur le parquet. Son café coulé, il s’assit, les coudes posés sur les genoux et me regarda. Il m’avertit :

— Il est dix-sept heures trente.

Je soupirai et me redressai. Je trouvai sous ma cuisse un phallus enveloppé dans un préservatif. Je fronçai les sourcils et il me dit :

— C’est une moulure que j’ai réalisée lors de mes débuts dans le plâtre. Je lui ai donné le statut d’adjoint. Très pratique quand on fait l’amour à l’une des plus belles filles du monde.

Je rougis non à cause du compliment, mais confuse de ne pas avoir réalisé qu’il m’avait fait jouir avec un pénis factice. Je lui dis :

— Je pensais que t’avais… que vous aviez été endurant.

— Je n’ai plus quinze ans, et tu es très étroite.

Était-ce un compliment ? Un constat ? Assise sur le parquet, je défis mes genouillères sans savoir quoi penser du stratagème. Comme s’il lisait mes pensées, il me dit :

— Le résultat valait le coup.

— La prochaine fois, je ferai plus attention.

— Faut pas le prendre pour une trahison.

— Non. C’était très… intelligent. J’ai beaucoup aimé.

— Je ne t’aurais pas crue si tu avais dit l’inverse. — Il posa sa tasse à café et s’approcha. — Je n’aime pas laisser quelqu’un sur sa faim.

Je saisis la main qu’il me tendait, et me relevai.

— Il faudrait enlever ta peinture avant que ta mère s’impatiente et ne débarque ici. Je vais nettoyer le parquet.

Il me guida jusqu’à la salle de bains, posa mes lunettes, plia les vêtements que j’avais éparpillés ci et là, puis m’abandonna quelques minutes, à peine le temps d’ôter les accessoires restants et de me glisser sous la douche. Il ouvrit la cabine alors que mon majeur était à la recherche de l’éponge. Je sursautai, et il demanda :

— J’ai des longs doigts si ça peut aider.

Je ressortis à ce moment l’éponge, ce qui ne sembla pas le choquer. Il me tendit la poubelle, puis se serra avec moi avant de fermer la vitre. Il m’expliqua :

— Je vais t’aider, ça ira plus vite.

Je posai ma bouche sur la sienne en l’étreignant. J’avais très envie d’un baiser. C’est lui qui me stoppa après quelques secondes.

— Maman va arriver.

Il versa du savon sur son gant, puis commença à frotter ma peau. Je me laissai malmener, trouvant un certain plaisir dans sa façon de faire. C’est l’interphone qui nous interrompit. Il bondit comme un diable, disparut comme un ninja.

Je quittai la douche après quelques minutes à m’y prélasser. Lunettes sur le nez pour vérifier qu’aucune trace de peinture noire n’avait résisté, je plaçai une nouvelle éponge au fond de mon intimité, puis m’habillai. Lorsque je sortis, ma mère était assise, un café chaud au creux de la main.

— Salut Maman. — Elle fit des gros yeux. — Quoi ? Il sait que t’es ma mère, tu t’en es vantée à la soirée.

— L’heure ! Laë… Muse !

— J’en suis navré, intervint Arcan. Comme je vous l’indiquais, c’est ma faute. C’est une peinture qui colle beaucoup plus que prévu. Mais le résultat est déjà tout trouvé.

— Ai-je besoin de vous la conduire demain ?

— Oui, la chorégraphie de présentation n’est pas au point. Café, Muse ?

J’opinai du menton. Ma mère fut ravie d’avoir le scoop.

— Il y aura une présentation ?

— Il faut bien se renouveler, indiquai-je en m’asseyant.

— Rien de bien sophistiqué, indiqua Arcan avant de moudre le café.

— Mais compliqué à réaliser ?

— Je suis un peu gauche, éludai-je.

Ma mère opina du menton. Arcan déposa un café devant moi, et avoua :

— Nous n’aurons rien d’aussi troublant et intimiste que vous, je n’oserais pas m’y aventurer avec Muse. Mais du coup, pour réussir à en ressortir une certaine poésie, chaque geste a son importance.

Ma mère eut le sourire d’une mauvaise blague, puis lâcha :

— Un petit doigt dans le cul, ça ne lui ferait pas grand mal.

J’exorbitai des yeux furieux et Arcan me défendit :

— Muse et moi avons une liste de limites bien définie. Et d’une manière générale, je pense réussir à vous battre une seconde fois, sans avoir recourt à de telles démonstrations.

Ma mère tenta de ne pas avoir l’air piquée au vif. Elle répliqua :

— Si le nombre de participants se maintient, le Grand Glouton pense monter la récompense du gagnant à sept mille cinq cent euros. Il y aurait donc une sixième place.

— Vous visez la sixième place ? s’étonna Arcan avec malice.

Elle marqua trois secondes d’hésitation puis balaya ses mots en les justifiant :

— Non. Je voulais simplement dire que vous avez plus de chances d’annuler vos frais d’inscription. Concernant la compétition, j’ai un projet très précis en tête, soyez certain que la compétition sera rude.

— C’est ce qu’espère le Grand Glouton. Il attend de la nouveauté, il espère ressortir beaucoup de choses de nos rivalités.

— Je pense bien. J’y réfléchis jour et nuit.

— Ne vous sentez pas obligée d’en oublier le sommeil. Je n’ai pas changé le costume de Muse, je vais juste peindre son corps. Je compte surtout sur notre spectacle pour gagner.

— Si vous n’y trempez ni les doigts ni la langue, je pense avoir mes chances.

Je n’étais pas à l’aise d’entendre ma mère parler de moi en ces termes graveleux. J’échangeai un regard avec Arcan qui lui répondit simplement :

— Si ça ne tient qu’à ça, nous serons bons joueurs.

Je terminai mon café et me levai, obligeant ma mère à m’imiter. Arcan nous conduisit à la porte et ajouta en serrant la main de ma génitrice :

— Pour ma part, je recherche l’érotisme sans l’obscénité.

Il me salua d’un regard, me serra la main, puis ferma la porte sur un sourire satisfait. Dans le regard de ma mère, je vis une certaine lueur d’injustice, celle que ce fût un homme qui s’apprêtât à gagner sur un domaine où elle avait plié. La féérie, elle l’avait abandonnée, donnant aux hommes un spectacle plus sulfureux à chaque fois. Elle descendit les marches sans un mot, maugréant intérieurement, persuadée qu’Arcan allait échouer à vouloir faire plus de poésie que de pornographie.

Nous remontâmes la rue, sans échanger une seule phrase. Lorsque nous arrivâmes à la voiture, elle lâcha :

— T’as vu où tu m’as fait me garer ?

Je ne répondis pas. Nous prîmes place, et une fois les ceintures attachées, elle me dit :

— Désolée. C’est sa faute, pas la tienne.

— Demain, je lui rappellerai l’heure.

— Ce prétentieux !

Elle frappa le volant. Elle démarra le moteur, puis s’inséra dans la circulation. La voiture bipa, et elle termina de desserrer le frein à main d’un coup nerveux.

— Ça va ? m’inquiétai-je.

— Il espère gagner avec de l’érotisme pour midinette de douze ans ?

— Ben, il a sa vision.

— Non mais je ris ! Je ris à l’avance ! Qu’il veuille faire des spectacles, je l’entends ! Mais faut pas qu’il espère gagner le public s’il n’y a pas un peu de sexe cru, de sexe véritable.

— Je pense que sa vision est la bonne. De toute façon, je lui ai interdit tout ce qui est hard.

— Qu’est-ce qui est hard pour toi, ma chérie ?

— Ben, le sexe. Enfin montrer plus que mon corps et puis les pénétrations.

— Et tu crois que c’est ce que le public attend ?

— Mais je m’en fous de ce qu’il attend. Je suis embauchée comme poupée c’est ce que tu m’as vendu, non ? Je me fous à poil, je fais ma star une soirée, et je rentre chez-moi. Donc si Arcan veut te battre dans un domaine plus trash, il n’aura qu’à se trouver une autre poupée.

— C’est bien ma chérie. Il faut savoir imposer ses limites. Tu n’es pas l’esclave de cet homme.

Son discours à l’inverse de ses mœurs me choqua, alors je lui rappelai :

— C’est toi qui m’as mise entre ses mains.

— Oui, pour un job d’été de poupée, comme tu dis, et simplement un rôle de poupée. Je serai fière que tu gagnes une seconde fois. Mais je suis rassurée que le spectacle soit soft.

Je l’observai avec du recul, abasourdie par son discours. Elle avait peur de la rivalité, elle craignait Arcan. Elle était la reine des soirées, elle participait à tous les samedis, et elle tremblait devant un simple artiste. J’espérais qu’Arcan gagnât samedi sur samedi. Je voulais qu’elle se remît en question et qu’elle payât pour m’avoir balancée là-dedans. Certes, d’un côté je devais la remercier de m’avoir fait connaître le meilleur coït de toute ma vie. Mais j’avais envie de me venger.

J’envoyai un texto à ma cousine :

Moi : Je l’ai embrassé.

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