45. Sur la route

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Quelques semaines auparavant, j’aurais regardé de travers quiconque m’aurait proposé un plan à trois, surtout avec une fille. Qu’aurais-je répondu si en plus on m’avait dit que ça se ferait les yeux bandés, en laisse et les bras immobilisés ? Me réveiller entre Geisha et Arcan me donnait l’impression d’être une reine. La lumière du jour peignait un chef d’œuvre sur les corps flous et noircis de maquillage. Mon cœur frissonnait à l’évocation de cette nuit torride. Arcan avait eu la juste dose de bestialité. Je savais déjà que je ne pourrais plus faire l’amour autrement que légèrement malmenée. À trois, il y avait tellement de choses à essayer.

Je me tournai sur le dos, glissai ma main à mon pubis collant de sueur et inspirai profondément en sentant l’écho du désir répondre à mes doigts. Je ne pouvais pas me qualifier d’esclave sexuelle, pour reprendre les mots de ma mère. J’étais libre, libre de poursuivre le jeu. Et j’étais amoureuse, ça c’était certain.

Je me levai, et marchai lentement jusqu’à la salle de bains pour récupérer mes lunettes. Puis je revins, juste par curiosité de découvrir en haute-définition la conclusion de cette nuit torride. Arcan était sur le dos, le sexe posé vers le nombril, Geisha était sur le ventre, lui tournant légèrement le dos, une jambe relevée contre elle. Ces corps imberbes démasqués étaient magnifiques en plein jour, halés par les traces couleur charbon, apaisés dans leur sommeil. Je revins m’asseoir entre eux et d’une caresse sur le sexe d’Arcan, y trouvai une rigidité nouvelle. Un sourire se dessina sur son menton, alors je posai un baiser sur sa bouche. De l’autre main, je glissai entre les cuisses offertes de Geisha, et remontai avec légèreté sur son sillon fessier. Le creux du dos passé, je redescendis. Sa cuisse se resserra autour de ma main et elle marmonna :

— Finis ce que tu commences.

Arcan se dressa, posa sa bouche sur mon épaule et murmura :

— Il est tard.

Je retirai mon poignet et Geisha se tourna sur le dos. Elle posa une main sur mon flanc alors que mon amant se levait. Elle me sourit :

— Nous sommes dimanche.

— Muse et moi sommes attendus, lui dit Arcan.

— Muse… répéta Geisha d’un ton rêveur. Laëtitia.

— Je vous laisse la salle de bains.

Je me levai et tirai ma camarade du bout des doigts pour qu’elle me suivît. À peine fûmes-nous descendus du lit qu’il retira les draps souillés. Lorsque nous franchîmes le seuil de la salle de bains, Geisha me poussa vers la cabine de douche. Son visage s’avança avec un relent nauséabond de sommeil et je reculai le nez.

— Je pue de la gueule ? Désolée.

Je dirigeai la paume vers ses jambes et tournai le mitigeur. Elle hurla comme une folle et surgit hors de la cabine. Je ris de bon cœur. L’eau se réchauffa et je la regardai avec un sourire moqueur en tournant la paume vers moi.

— Je suppose que je commence ?

Geisha me tourna le dos et se plaça face au miroir du lavabo pour se démaquiller, tandis que je frottais les fausses cicatrices et la semence séchée qui dessinait des écailles sur mes cuisses.

Arcan entra, alors que je terminais de ma savonner et il enfourna les draps dans la machine à laver. Son programme une fois lancé, ses yeux suivirent la silhouette gracile de Geisha. Peut-être seule une idée professionnelle lui venait-il, mais une pincée de jalousie traversa mon esprit. S’il avait envie de coucher avec elle, pourquoi m’en offusquer ? Devais être-je été la seule à avoir deux amants ?

Je me rinçai, Arcan me tendit la serviette et il demanda :

— Geisha. Pourras-tu te laver chez toi ?

— Oui.

— Merci.

Il entra dans la cabine de douche et je choisis les vêtements roulés dans le sac. Geisha me désigna du regard le pénis d’Arcan. Du regard, je lui demandai ce qui la dérangeait. Elle écarquilla les yeux d’insistance, mais je ne compris pas le message qu’elle voulait faire passer.

Je m’habillai, mis mon maillot de bains dans un sac, et me coiffai. Geisha enfila ses vêtements par-dessus sa peau peinte et Arcan quitta la cabine de douche. Personne ne dit un mot et je me demandais comment chacun avait vécu la fin de soirée. Arcan avant sans nul doute apprécié. Geisha et moi quittâmes la salle d’eau.

— Tu voulais me dire quoi ?

— On en parlera ce soir. Je vous laisse entre amoureux.

Elle m’embrassa sur la bouche avec un sourire apaisé et ouvrit la porte de l’appartement. Peut-être était-elle jalouse de ne pas avoir l’exclusivité de mon cœur. Inquiète, je la rattrapai sur le palier et fermai la porte pour ne pas qu’Arcan nous entendît.

— Attends ! T’as aimé la soirée ? Je veux dire nous trois ?

— Pourquoi je n’aurais pas aimé ?

— Je n’en sais rien. Parce que t’es obligée de me partager.

— C’est l’inverse. Je suis contente qu’il te partage avec moi et que ça ne reste pas juste pour le jeu de rôle le temps de la soirée. Et avec les costumes, ça a quelque chose de… C’est comme être dans un film, c’est trippant.

Je souris simplement, soulagée qu’elle ne fut pas vexée. Elle ajouta :

— Je sais que je pue de la gueule. On se voit ce soir.

Elle me fit un clin d’œil et descendit les escaliers. J’ouvris la porte et Arcan, habillé, leva un sourcil dans ma direction.

— Prête ?

— Oui.

Il me tendit mon sac et nous quittâmes l’appartement. Nous longeâmes le trottoir sans parler, l’air préoccupé d’Arcan m’y obligeant. Geisha passa avec sa smart et nous klaxonna gaiement alors que nous parvenions à la Lotus.

Je posai mon sac entre mes pieds, et mon amant prit la route à son tour. Il s’arrêta à la sortie de la ville sur une place où il y avait une pharmacie. Il me tendit un billet de vingt euros.

— Pour la pilule du lendemain. Sauf si t’as un implant.

Je pinçai les lèvres, contrite.

— Non.

— Je ne t’ai jamais vu prendre la pilule.

— Je suis désolée, dis-je en prenant le billet.

— Pourquoi ? s’agaça-t-il.

— Ben, je t’ai enlevé le préservatif.

— Je n’en ai pas remis un. Donc faute partagée. Tu es dans ta période de fécondité, faut bloquer l’ovulation en espérant qu’elle n’ait pas eu lieu hier ou aujourd’hui.

Un peu irritée par son assurance, alors que moi-même je ne savais pas à quel moment mon corps opérait, je le vouvoyai :

— Comment vous savez dans quelle période je suis ?

— Je sais compter.

J’ouvris la portière et quittai la voiture. Je ne savais pas si c’était lui qui m’énervait ou si j’étais vexée de moins me connaître que lui. J’avais appris les cycles menstruels au collège et je ne m’étais plus intéressée à ce qui me semblait être un sujet pour les femmes cherchant à avoir un enfant.

La porte vitrée de l’officine s’ouvrit alors que les deux blondes en blouse blanche regardaient en direction de la voiture.

— Bonjour Mademoiselle.

— Bonjour. Je voudrais la pilule du lendemain.

— Ah, murmura la seconde technicienne avec un sourire se voulant complice. Ça explique que Papa ait l’air fâché.

Sentant bien que la phrase avait été tournée de manière à satisfaire sa curiosité, je répondis froidement :

— C’est mon mec.

— Désolée.

L’autre femme posa la boîte et proposa :

— Test de grossesse ?

— D’accord.

Je la payai, puis quittai sur un au revoir poli. La porte n’eût pas le temps de se fermer que la plus indiscrète dit à sa collègue :

— La michto !

Je remontai en voiture.

— Ça a été ?

— Elle m’ont traitée de michtonneuse et ont dit que vous étiez assez vieux pour être mon père.

— Quand ça vient par jalousie, faut prendre ça comme des compliments.

— Ouais.

— Je nous ai pris rendez-vous pour une analyse de sang.

— D’accord.

Il démarra et se vilipenda :

— J’ai vraiment été trop con.

— Cinquante-cinquante.

— Non. C’est moi qui aurais dû garder le contrôle.

— Vous ne pouvez pas tout contrôler. Vous aviez bu.

— Oui. Avec un préservatif, c’est le juste dosage de champagne pour garder le manche très dur mais être capable de biner durant deux heures sans arroser le potager.

Je ris à la formulation.

— Vous calculez tout.

— J’aime les choses maîtrisées.

— J’aime quand les choses nous surprennent et nous changent.

Je posai ma main sur sa braguette. Il esquissa un simple sourire, pensant que j’allais m’arrêter à cette conclusion. Mais prendre le contrôle sur ses prévisions millimétrées m’excitait. Je le pétris délicatement pour connaître sa réaction. Son sexe se gonfla sous ma paume et je fredonnai :

— Plutôt vigoureux pour un sugar daddy.

Il inclina la tête avec un rictus amusé, sans lâcher la route des yeux. Son souffle s’approfondit, alors j’ouvris sa braguette et il m’arrêta :

— C’est très agréable, mais je préférais qu’on remette ça.

— On peut s’arrêter sur le bord si vous avez peur d’avoir un accident.

— Je n’ai pas prévu de change.

— C’est un défi à relever.

Je sortis son sexe par la braguette et passai la ceinture derrière mon épaule. Je le masturbai très lentement pour observer avec amusement la concentration qu’il avait à regarder la route.

— Laëtitia, je ne vais pas tenir.

— Pas une goutte sur le costume, c’est promis.

J’enveloppai tout son gland dans ma bouche. Il soupira :

— Oh putain !

Je le suçai tout en le massant. Sa respiration s’approfondissait, et la voiture poursuivait sa route. Il passa une main dans mes cheveux avant de la reposer brutalement sur le volant. Se pénis eut un soubresaut, sa semence se déversa dans ma bouche. La texture épaisse me répugna un peu mais j’avalai. Je m’assurai que son sexe fut propre avant de le ranger malgré sa raideur. Je refermai le pantalon et me redressai en cancanant :

— Alors ?

— Alors ? Par rapport à la maîtrise des choses ?

— Oui.

— Je ne suis pas certain d’avoir tout compris, je m’inscrirai à la prochaine conférence.

Je ris avant de trouver la répartie :

— C’est ça le truc. C’est que vous ne pouvez pas vous inscrire. Ça vient quand ça vient.

Il opina lentement du menton, mais ne sut comment me répondre. Il posa une main de gratitude sur ma jambe. Nous n’écoutâmes que le moteur de la voiture durant deux minutes. Puis, il reprit la conversation :

— Je voulais te demander ton ressenti sur les accessoires.

— C’est assez difficile à décrire.

— Essaie.

— En fait, au début, quand je n’étais pas très excitée, le plug me gênait et la bille me dérangeait, limite pas agréable. La bille ne me faisait pas mal, mais c’est très mécanique comme sensation.

— C’est-à-dire.

— Ben je sentais qu’elle faisait son travail, mais j’étais occupée à pas me tordre les chevilles et donc ça ne montait pas jusqu’au cerveau. Par contre, quand j’ai commencé à faire le show avec Geisha, c’est comme si j’avais ouvert les portes de mon cerveau, et j’étais excitée d’un coup. Et ensuite, comme ça ne s’arrête jamais, ben ça me faisait comme un engourdissement.

— Hmm. Tu préfèrerais refaire une soirée sans.

J’opinai du menton. Il réfléchit quelques secondes.

— En tout cas, je ne m’attendais pas à une telle fusion entre toi et Geisha.

— Nous nous sommes entraînées, pour te faire la surprise.

— Même à l’appartement.

Je rougis avant de confier :

— La meilleure expérience de toute ma vie.

Il caressa ma jambe.

— Si ta colocataire est partante, on recommencera dimanche prochain.

— Pas avant ?

Il sourit et déclara :

— Tout dépend comment avance le travail. Ta mère veut me confier du travail, c’est pour nous retarder dans le nôtre. Et j’ai très envie de leur couper le souffle avec une idée bien particulière. Si tu es partante, nous allons avoir du labeur. Nous en discuterons après le déjeuner.

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